Avida,
c’est tout d’abord un patchwork
d’influences, comme le révèle le casting. On
peut y apercevoir notamment Claude Chabrol,
Albert Dupontel, Bouli Lanners, la
chanteuse Rokia Traoré, Sanseverino,
le journaliste Rémy Kolpa Kopoul, le
dramaturge Fernando Arrabal, le scénariste
Jean-Claude Carrière, et même le président
du Groland lui-même, Christophe Salengro.
L’idée
du film est née à Rotterdam, dans un musée où
les deux hommes ont découvert l’œuvre de Salvador
Dali. Très influencés également par Jérome
Bosh, ils rendent hommage à ces peintres esthétiquement.
Hélas, financièrement et éthiquement, il n’était
pas possible de reconstituer un plan avec quatre
cents personnes mortes, les références sont donc
plus subtiles. La toile de fin, en couleur n’est
pas du plus connu des surréalistes : elle a en réalité
été peinte à la manière de Dali. Elle a été
réalisée par un homme dont la particularité est
de dormir dans un poulailler et de se représenter
picturalement dans la position du Christ, au
dessus de son lit.
Avida
est une femme qui représente la société de
consommation. Au départ, elle devait s’appeler
« Captivus » mais lors de l’écriture, ils ont
préféré lui donner un nom plus « positif ».
Ce film est un manifeste politique. L’histoire
se passe dans un paradis fiscal, sur une île où
ne résident que des milliardaires. Ces derniers
ont des esclaves qui s’ennuient et sont désemparés.
Ils organisent donc un projet de rapt. Certains
d’entre eux tentent de s’échapper dans la
montagne. Avida est en quelque sorte une
parabole sur ce qui nous attend.
Le
film dénonce également la paranoïa sécuritaire,
notamment dans la première scène avec Jean
Claude Carrière. Elle est inspirée d’un
fait divers. Dans une villa, un des domestiques se
trouvait « payé à rien faire ». Un jour il décide
de mettre le feu à une poubelle. Manque de
chance, le système de sécurité se déclenche et
le propriétaire meurt asphyxié dans son bunker.
L’aspect
sécuritaire, c’est aussi l’œil qui nous
regarde sans cesse, les caméras dans le métro,
le dieu omniscient. Un des personnages en est si
effrayé qu’il passe son temps à modifier son
visage avec du scotch. Au moment fatidique, il
aura peur qu’on le reconnaisse et se suicidera
avec du scotch. Une fin « poétique » ou en tout
cas plus que celle qui était prévue à la base.
L’homme devait mourir de la chute d’un dégazage
d’avion. Hélas, le carré d’excréments gelé
n’était pas très pertinent visuellement.
Le
film procède beaucoup par ellipses. Au montage,
des scènes mineures sont devenues importantes. Il
y a très peu de plans, une quarantaine. Ils sont
soignés mais sans être esthétisants. Il ne
faudrait pas considérer Avida comme un
cadavre exquis mais comme un cadavre. Les réalisateurs
ont gommé les rémanences du côté didactique,
trop présent selon eux dans le scénario.
Autre
modification du film, il devait à la base se dérouler
sur l’île de la Réunion et développer le
mythe d’Empédocle, la femme riche se jetant à
la fin dans un volcan. Hélas, le lieu ne collait
pas avec l’histoire : il y aurait eu un
raccourci non voulu entre l’esclavage montré
dans le film et l’esclavage historique vécu sur
l’île.
Alexandra
Giroux
Film
français – 1h17 – Sortie le 13 septembre 2006
avec
Avec Benoît Delépine, Gustave Kervern, Velvet...
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