Cadeau du ciel
de Dover Kosashvili
[3.0]
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Portrait d’une bande d’arsouilles mal dégrossis,
machos sur les bords, avec famille envahissante et
libido exacerbée, tel pourrait être le sous-titre du
second film du réalisateur de Mariage tardif.
Le
cadeau du ciel, c’est celui convoité par une
équipe de bagagistes géorgiens qui déchargent les
soutes des avions à l’aéroport de Tel-Aviv. En
effet, chaque semaine, deux sacs remplis de diamants
bruts accompagnent le vol de la South African Airlines
sur lesquels Baho et ses collègues comptent bien mettre
main basse. La bande à Baho a la particularité d’être
composée de ses frères et de ses voisins, tous en
proie à diverses difficultés avec femmes, maîtresses
et enfants. Cette insertion de la vie privée dans le
montage du recel ne simplifie pas la tâche des
apprentis voleurs, d’autant plus qu’il leur faudra
trouver au sein du gang deux « pigeons »
acceptant de passer quelques années derrière les
barreaux pendant que les autres prendront du bon temps.
La
préparation du larcin n’est en fait qu’un prétexte
pour Dover Kosashvili à observer et disséquer
les agissements d’un microcosme constitué par la
communauté des juifs géorgiens circonscrits à un
quartier de Tel-Aviv, tenu éloigné des habituels actes
de terrorisme qui endeuillent Israël. Ici la violence
et les coups sont cantonnés à la famille et à
l’entourage de Baho, menés à la baguette par
l’intransigeant paternel Giorgy. Celui-ci a fort à
faire avec son indisciplinée marmaille : Tziala sa
fille aînée battue par son mari, Marita la plus jeune
qui lui présente son petit copain un Irakien mollasson,
Baho le voleur en chef perturbé par la stérilité de
sa femme, sans compter Vaja le beau gosse séducteur des
filles et…de leurs mères.
Une
joyeuse smala dont on a déjà bien du mal à comprendre
qui est qui. Cadeau du ciel est un film foutraque
avec une kyrielle de personnages dont les rôles ne sont
la plupart du temps qu’esquissés, sans développement.
Tout ceci part un peu dans tous les sens au grand dam du
spectateur estomaqué et perplexe. C’est le plus grand
défaut du film.
A
l’inverse, sa liberté de ton, son insolence caractérisée
frisant avec la plus roborative des impolitesses
enchantent réellement. Le film affiche une décontraction
tout bonnement jouissive doublée d’une crudité
sexuelle inhabituelle. Bien sûr la primauté masculine
est encore indéniable dans cette micro-société à
l’image de Giorgy, relayé par ses fils au look macho
ringard et décalé. On se croirait revenus au bon temps
des années 70 : chemises à large col ouvertes sur
torse velu et pantalons cintrés. Dès lors à côté de
ces machos de pacotille, les femmes donnent de la voix
et du corps dans une revendication assumée de leur
droit au plaisir. Donc ça baise à tour de bras dans
une impudeur et une liberté jubilatoires. La
cardiologue qui a sauvé le père d’un des équipiers
de Baho est une dévoreuse d’hommes et Tziala fait
comprendre à son père de manière très crue que l’éloignement
de son mari commence à lui porter sur le système
hormonal. Et même les gamins s’épanouissent dans
cette ambiance bordélique et mélangée, à l’instar
du jeune Zaza dans une succulente scène de découverte
du fruit défendu.
Loin
des clichés, débarrassé du contexte politique (point
d’attentats ici), Cadeau du ciel se concentre
sur quelques personnages passés à la moulinette
douce-amère d’un réalisateur inspiré, qui parsème
son film de quelques moments très réussis. La scène
du mariage qui met en présence l’ensemble des
protagonistes et aide au passage à une meilleure appréhension
des identités est ainsi la plus forte du film.
Patrick
Braganti
Film
Israélien – 1 h 52 – Sortie le 31 Août 2005
Avec
Rami Hoyvberger, Yuval Segal, Moni Moshonov
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