cinéma

Les chansons d’amour de Christophe Honoré

[5.0]

 

 

La comédie musicale est un genre qui se fait rare en France au  cinéma. Surtout depuis la disparition de Jacques Demy le maître français en la matière. Ici on est loin de ce qu'on a pu voir récemment (On connait la chanson, 8 femmes...). Christophe Honoré combine son propre univers à celui du maître, un de ses cinéastes fétiches. Ce jeune réalisateur au style très personnel nous offre depuis Dix sept fois Cécile Cassard, son premier long métrage, des oeuvres à la fois fortes, dérangeantes et assez controversées (Ma mère, Dans Paris) mais jamais dénuées d'intérêt. Si Les chansons d'amour est plus léger dans la forme, il n'en reste pas moins très sombre sur le fond. Mais voilà ces chansons là parlent de tout le monde et à tout le monde. Elles parlent d'amour, à deux, à trois, en famille, entre filles, entre garçons. C'est pour cela qu'elles vont toucher un maximum de monde. Le film est à la fois léger et grave, triste et gai, pessimiste et optimiste. Il commence par une (des) histoire(s) d'amour qui fini(ssent) et finit par une histoire d'amour qui commence. L'éternel recommencement. Cela commence lentement et à la première chanson on doute un peu. Mais subrepticement, par petites touches, la grâce et l'émotion arrivent et les chansons prennent leur place naturellement, sans que l'on s'en aperçoive. Le film décolle vraiment quand le drame survient. A partir de là l'attachement aux personnages et surtout à Ismaël, est total. On  suit alors son lent travail de deuil à travers la rupture d’avec ses anciennes relations et tout ce qui le rattachait à Julie. Pour mieux recommencer alors avec une nouvelle vie et un nouvel amour différent. L'image est très belle et Paris est magnifiquement filmé de Strasbourg-St Denis à la Bastille où se déroule le plus gros de l'intrigue. La musique d’Alex Beaupain (et les paroles) colle parfaitement au sujet et les chansons très bien interprétées par les acteurs qui ont tous chanté eux-mêmes leurs morceaux. En parlant des acteurs, l'interprétation est sans faute, toute en finesse et en tact. Mention  spéciale à Louis Garrel dans le rôle titre. Pour son troisième film avec Christophe Honoré il nous offre une prestation toute en émotion contenue, il est époustouflant. Depuis quelques années sans bruit et sans être très connu du grand public il s'impose comme l'une des valeurs montantes du cinéma français, à l'instar de Romain Duris avec qui il partageait l'affiche du dernier Honoré Dans Paris.

 

Les actrices assurent aussi, Ludivine Sagnier, Chiara Mastroianni, Clotilde Hesme ou Brigitte Roüan sont toutes très convaincantes. A noter aussi la belle prestation, en jeune étudiant amoureux, de Grégoire Leprince-Ringuet découvert il y a quelques années en fils
de Emmanuelle Béart dans Les égarés de Téchiné. Petit clin d'oeil de Gaël Morel au début du film, il fait une petite apparition pour le co-auteur de Après lui son nouveau film lui aussi présent à Cannes.

 

Les Chansons d'amour est la bonne surprise de ce mois de mai et de ce festival de Cannes. Une chronique douce-amère dans l'air du  temps, nostalgique et finalement optimiste, mêlant avec grâce et discrétion, drame et comédie musicale. Un vrai régal, à voir absolument.

Mon coup de cœur du moment.

 

Fred Floch 

 

Comédie musicale française – 1h40 – Sortie le 23 mai 2007

Avec Louis Garrel, Ludivine Sagnier, Clotilde Hesme, Grégoire Leprince-Ringuet, Chiara Mastroianni...