La
comédie musicale est un genre qui se fait rare en
France au cinéma.
Surtout depuis la disparition de Jacques
Demy le maître français en la matière. Ici
on est loin de ce qu'on a pu voir récemment (On
connait la chanson, 8 femmes...). Christophe
Honoré combine son propre univers à celui du
maître, un de ses cinéastes fétiches. Ce jeune
réalisateur au style très personnel nous offre
depuis Dix
sept fois Cécile Cassard, son premier long métrage,
des oeuvres à la fois fortes, dérangeantes et
assez controversées (Ma mère, Dans Paris) mais jamais dénuées d'intérêt. Si Les
chansons d'amour est plus léger dans la
forme, il n'en reste pas moins très sombre sur le
fond. Mais voilà ces chansons là parlent de tout
le monde et à tout le monde. Elles parlent
d'amour, à deux, à trois, en famille, entre
filles, entre garçons. C'est pour cela qu'elles
vont toucher un maximum de monde. Le film est à
la fois léger et grave, triste et gai, pessimiste
et optimiste. Il commence par une (des)
histoire(s) d'amour qui fini(ssent) et finit par
une histoire d'amour qui commence. L'éternel
recommencement. Cela commence lentement et à la
première chanson on doute un peu. Mais
subrepticement, par petites touches, la grâce et
l'émotion arrivent et les chansons prennent leur
place naturellement, sans que l'on s'en aperçoive.
Le film décolle vraiment quand le drame survient.
A partir de là l'attachement aux personnages et
surtout à Ismaël, est total. On suit alors son lent travail de deuil à travers la rupture
d’avec ses anciennes relations et tout ce qui le
rattachait à Julie. Pour mieux recommencer alors
avec une nouvelle vie et un nouvel amour différent.
L'image est très belle et Paris est
magnifiquement filmé de Strasbourg-St Denis à la
Bastille où se déroule le plus gros de
l'intrigue. La musique d’Alex
Beaupain (et les paroles) colle parfaitement
au sujet et les chansons très bien interprétées
par les acteurs qui ont tous chanté eux-mêmes
leurs morceaux. En parlant des acteurs, l'interprétation
est sans faute, toute en finesse et en tact.
Mention spéciale
à Louis Garrel dans le rôle titre. Pour son troisième film avec Christophe
Honoré il nous offre une prestation toute en
émotion contenue, il est époustouflant. Depuis
quelques années sans bruit et sans être très
connu du grand public il s'impose comme l'une des
valeurs montantes du cinéma français, à
l'instar de Romain Duris avec qui il partageait l'affiche du dernier Honoré
Dans Paris.
Les
actrices assurent aussi, Ludivine Sagnier, Chiara Mastroianni, Clotilde Hesme ou
Brigitte Roüan sont toutes très
convaincantes. A noter aussi la belle prestation,
en jeune étudiant amoureux, de Grégoire
Leprince-Ringuet découvert il y a quelques
années en fils
de Emmanuelle
Béart dans Les
égarés de Téchiné. Petit clin d'oeil de Gaël
Morel au début du film, il fait une petite
apparition pour le co-auteur de Après
lui son nouveau film lui aussi présent à
Cannes.
Les
Chansons d'amour est la bonne surprise de ce mois
de mai et de ce festival de Cannes. Une chronique
douce-amère dans l'air du
temps, nostalgique et finalement optimiste,
mêlant avec grâce et discrétion, drame et comédie
musicale. Un vrai régal, à voir absolument.
Mon
coup de cœur du moment.
Fred
Floch
Comédie
musicale française – 1h40 – Sortie le 23 mai
2007
Avec
Louis Garrel, Ludivine Sagnier, Clotilde Hesme,
Grégoire
Leprince-Ringuet, Chiara Mastroianni...
|