Charlie et la chocolaterie
de Tim Burton
[2.5]
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Charlie, enfant modèle de son état, n’a qu’un rêve
: entrer dans la chocolaterie au pied de laquelle se
trouvent les restes de la maison oblique de sa famille.
Willy Wonka, propriétaire de l’usine de bonbons,
organise un jour un concours qui permettra à cinq
enfants de visiter ses locaux. Mais c’est un
personnage bien singulier et une usine plutôt spéciale
que les petits gagnants vont découvrir.
Récemment reconverti dans
l’adaptation de grands noms de la littérature
anglo-saxonne, Tim Burton trouve dans ces
ouvrages non pas une source d’inspiration mais un
support pour développer son univers si particulier. Après
James et la pêche géante (dont il était simple
producteur) et Big Fish, c’est donc sur Charlie
et la chocolaterie, de Roald Dahl, déjà
auteur de James et la pêche géante, que le réalisateur
échevelé a jeté son dévolu. Autant avec Big Fish,
Burton donnait à voir son côté clair, autant sa
présence est difficile à saisir dans ce dernier film.
Avec sa volonté de rendre le fantastique crédible, réel,
il finit par ne plus le rendre fantastique du tout. Et
si les héros-enfants ne cessent de s’émerveiller
tout au long de leur visite de l’usine avec Willy
Wonka (Johnny Depp), on a du mal à être aussi
enthousiastes qu’eux. Le film véhicule pourtant un
humour assez sympathique, bien que légèrement naïf.
Comme dans son discutable Planète
des Singes, on a l’impression que Tim Burton
a hésité à maltraiter un sujet dont il n’est pas
l’entier géniteur. Du coup, le pauvre Depp se
retrouve à porter sur ses seules épaules tout le
surnaturel absent du reste du film. Sa prestation
salutaire, la présence d’Helena Bonham Carter à
l’écran et de Danny Elfman à la musique, voilà
d’ailleurs les trois principaux indices qui nous
prouvent que nous avons affaire au réalisateur de Beetlejuice.
Tout cela manque d’arbres tordus, même si la maison
de Charlie est oblique, et les fans de la première
heure ne reconnaîtront de vraiment “burtonienne”
que la scène des écureuils trieurs de noix, dans
laquelle le sadisme de garnement du réalisateur réapparaît
un court instant. On est également un peu surpris des
clichés qui nous sont servis sans nuance : les
Allemands sont évidemment gros et goinfres, les jeux
vidéo rendent bien sûr les enfants violents et
calculateurs, etc… Mais il devient alors plus facile
d’ériger le pauvre Charlie en modèle de vertu.
Sur plusieurs points, Charlie…
est très proche de Sleepy Hollow, une des
grandes réussites du réalisateur. Les deux films
placent Johnny Depp et Christopher Lee
dans un rapport de filiation, explicite dans le premier,
suggéré dans le deuxième. Et dans les deux cas, les
traumatismes du personnage principal (car celui de Charlie…
est bien Willy Wonka) sont expliqués par des
flash-backs remontant à l’enfance, dans un style pour
le coup beaucoup plus propre au réalisateur.
Dans
la série des livres pour enfants adaptés au cinéma, Charlie…
réussit bien mieux l’examen final que n’ont pu
le faire Le Grinch ou Le Chat chapeauté.
Mais ce n’est pas forcément un compliment. Il n’en
reste pas moins qu’un Burton en petite forme
donne malgré tout un film bien troussé et honnête. Il
lui manque juste ce supplément d’âme torturée qui
plaît tant.
Sébastien
Raffaelli
Film américain - 1h56 - Sortie le 13 juillet 2005
Avec : Johnny Depp, Freddis Highmore, Annasophia Robb…
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