cinéma

Défense d'aimer de Rodolphe MARCONI    

 

 

    Rodolphe MARCONI a parfaitement su éviter les écueils du second film. En effet, après Ceci est mon corps, avec Jane BIRKIN, il retrouve ici ses termes de prédilection : les doutes et les relations passionnelles.

    Dans un décor rêvé : la Villa Médicis à Rome, le film raconte l’histoire d’un jeune étudiant Bruce, venu dans la capitale italienne poursuivre ses études de cinéaste. Il va y rencontrer un autre étudiant, Matteo, pour qui il va très vite ressentir une passion dévorante, mais aussi peut-être un peu malsaine – l’ombre d’un frère récemment décédé pèsera régulièrement - faite de déchirements, de doutes dont l’issue sera pour le moins inattendue et à forte teneur symbolique.

    Comme c’est le réalisateur lui-même qui interprète le rôle principal, on comprend très vite qu’il a mis dans ce film beaucoup de vécu, voire d’autobiographie. Rome est une ville très cinégénique : les jardins, les monuments et surtout la statuaire constituent une toile de fond idéale, à la fois esthétique, étrange, effrayante même. Il semble d’ailleurs que ce soit le seul film de fiction jamais réalisé à la Villa Médicis et que depuis une interdiction pour en tourner ait été prononcée.

    La musique est omniprésente : plutôt branchée et dans l’air du temps (Alex Gopher, entre autres) lorsqu’elle illustre les différentes fêtes romaines, très (trop ?) lyrique – Bach, notamment -  pour les moments intimes entre les deux jeunes gens. Quelques personnages secondaires , dont une serveuse de bar, viennent encore renforcer ce film très sensuel, un rien esthétisant, mais surtout sincère et qui donne surtout beaucoup à méditer sur l’amour et la communication entre deux personnes.

    Et en regardant il y a quelques jours sur ARTE : L’Homme Blessé de Patrice Chéreau, film polémique de 1983, je ne pouvais m’empêcher de faire certains rapprochements entre ces deux films : histoire d’amour homosexuelle, passion dévorante et tragique, une certaine unicité de lieux et un penchant avéré dans les deux cas pour une recherche déclarée de l’esthétique.

    Dans le déferlement de sorties, dont beaucoup ont à coup sûr une couverture médiatique largement plus importante, ce film plus mineur, plus personnel et donc plus risqué m’a procuré un vrai bonheur et me laisse penser qu’il mérite largement le coup d’œil.

Patrick B