Good
bye Lenin!
de
Wolfgang Becker
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Dans le formidable Intervention divine, un ballon
rouge à l’effigie de Yasser Arafat s’échappait
au-dessus des toits de Ramallah, créant un moment
burlesque et émouvant. Il y a dans Good bye Lenin!
une scène similaire pendant laquelle la statue déboulonnée
de Lénine se ballade attachée sous un hélicoptère
devant les yeux ahuris et incrédules de Christiane (Katrin
Sass), rescapée miraculeuse d’un coma de huit
mois, qui l’a tenu éloignée des événements qui ont
bouleversé son pays, alors qu’elle fait juste ses
premiers pas hors de sa chambre.
Car
nous sommes à Berlin-Est quelques mois après novembre
1989. C’est-à-dire après la chute du Mur et la réunification
des deux Allemagne. Sous les conseils du médecin qui
recommande de n’imposer aucun choc à Christiane, par
ailleurs fervente socialiste et réfractaire au
capitalisme occidental, son fils aimant, Alex (Daniel
Bruhl) et sa fille Ariane (Maria Simon) décident
de recréer une ambiance comme avant le bouleversement.
Ce qui amène à beaucoup de quiproquos et de situations
cocasses. Résolument tourné vers la comédie et la
fable socio-politique, le film, lorsque Christiane va
rechuter, prend une dimension plus intime et plus
personnelle avec le retour d’un père si longtemps
absent.
Voici donc le film événement de l’autre côté du
Rhin qui a reçu l’approbation élogieuse de six
millions d’Allemands. Réaction fort compréhensible,
car Good bye Lenin! est un film très aimable et
pas mal consensuel : il sait jouer sur la double
corde sensible de la nostalgie – qui devient
d’ailleurs un nouveau fonds de commerce pour les médias
germaniques - et d’une histoire familiale qui connaît
son lot de secrets et de tensions.
Il
apparaît d’ailleurs que la reconstitution scrupuleuse
et détaillée de l’époque (soins particuliers accordés
aux costumes et aux décorations intérieures) ainsi que
les stratagèmes élaborés par Alex et Ariane sont la
meilleure part de ce film, qui n’évite pas quelques
longueurs ni un pathos un peu appuyé vers la fin.
L’anniversaire de Christiane et les montages vidéo
effectués par le collègue bricoleur d’Alex sont à
cet effet des moments très réussis du film.
Petits
désagréments sans grande importance eu égard au
plaisir évident du visionnage de Good bye Lenin!,
qui ne se limite pas à une simple comédie mais se veut
aussi tout simplement une belle histoire d’amour
filial d’un fils envers sa mère, prêt à tout pour
lui éviter un choc fatal.
Dirigé par un ancien cadreur passé à la réalisation
de téléfilms remarqués outre-Rhin ; mis en
musique par l’intuitif Yann Tiersen, Good by
Lenin! pourrait bien être la bonne surprise
commerciale de cette rentrée. Sans révolutionner le
genre, mais en lui donnant beaucoup de tendresse et de légèreté,
tout en le saupoudrant à travers la narration d’Alex
de quelques pensées bien senties, il se laisse regarder
sans déplaisir et procure même un réel bonheur de
spectateur. Ne boudons donc pas notre plaisir.
Patrick
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