In
America
de Jim
Sheridan
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Le synopsis : Une famille irlandaise endeuillée
après le décès d’un des enfants débarque en Amérique,
bien décidés à refaire son existence à tous points
de vue, et retrouver notamment, le goût de la vie...
Ils s’installent avec peu d’argent dans un
appartement défraîchi d’un immeuble peu rutilant de
Manhattan, où cohabitent divers marginaux, dont un
artiste peintre assez tourmenté, qui va interférer
dans leur vie de façon inattendue...
Jim
Sheridan (cinéaste entre autres de « Au nom du père »
et de « My left foot ») signe, à 55
ans, son film le plus personnel (l’histoire est en
partie autobiographique et le scénario, très bien
construit, a été écrit avec l’aide de ses deux
filles), et cela se ressent. Ainsi, malgré quelques
maladresses, le film est avant tout sincère et porteur
d’une vérité qu’il sera difficile de ne pas
trouver touchante, à défaut de la trouver toujours
convaincante.
Cette histoire porte sur la
difficulté, tant pour les parents que pour les enfants,
à faire le deuil d’un proche, à aller de l’avant
vers la vie, avec optimisme et joie de vivre, alors
qu’on n’y croit plus vraiment, que l’émotionnel
est bloqué, que la culpabilité ronge tout, l’air de
rien... comment faire face et continuer à vivre,
comment y croire surtout, alors qu’on n’y croit pas
soi-même... Et cette histoire, universelle et
intemporelle, évite le trop plein du mélo, et regorge
de moments de grâce. Malgré quelques scènes
maladroites - un peu trop « sur-jouées » ou
surlignée (la scène finale sur la « transmission
de vie ») - on se laisse emporté par la fraîcheur,
la sincérité et la fantaisie de cette petite famille,
en partie grâce à l’interprétation exceptionnelle
des acteurs, Samantha
Morton (la mère, bouleversante d’intensité et de
retenue) et les deux fillettes (sœurs dans la vie) en tête !
Quant à l’acteur noir qui joue Mateo, Djimon Hounsou, il crève l’écran avec son magnétisme, apporte
mystère et opacité à son personnage, et mériterait
d’être nominé aux Oscars.
Il y a beaucoup de trouvailles
dans la mise en scène, et l’idée notamment de
raconter l’histoire du point de vue de la fille aînée,
qui se balade en permanence avec une caméra, accentue
le côté intimiste de l’histoire. Sous la houlette de
Sheridan qui
a, visiblement, des dons de conteur évidents, les
personnages prennent corps instantanément, ils nous
sont proches de fait, et cela participe grandement au
charme de l’histoire ! Ainsi, l’humanité de Mateo,
personnage pourtant mystérieux et opaque, permettrait
presque d’accepter ce qui est de l’ordre du magique
et de l’impalpable.
Ce film, onirique par certains
moments, respire d’authenticité - il sait distiller
le merveilleux, à l’image du personnage d’E.T.
auquel il est fait plusieurs fois référence, même si
on peut lui reprocher d’avoir mis de côté un peu
trop facilement l’aspect réaliste de certaines scènes.
Mais peut-être que, justement, le côté « magique »
est une idée choisie de mise en scène, et permet au
film d’éviter de sombrer dans le mélo.
On sourit d’ailleurs beaucoup
dans ce film, on rit même à certains moments, et
pourtant la vie n’est pas rose, n’a pas l’air
simple, avec son lot de culpabilités et de difficultés,
mais la sincérité qui se dégage tant de l’histoire
que des personnages emporte l’adhésion du spectateur,
qui ressort finalement de ce film très ému. C’est un
film qui sonne juste avant tout, une chronique familiale
sincère et authentique, un joli conte qu’il vaut
mieux voir avec un regard d’enfant, une parenthèse
enchantée avec une « happy end »
obligatoire. Cela fait du bien parfois...
Cathie
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