Innocence:Ghost in the Shell 2
de Mamoru Osh
1/2
|
|
|
|
Ghost in the
Shell
premier du nom figure au panthéon du cinéma
d’animation japonais, aux côtés d’Akira,
Princesse Mononoke,
Perfect Blue et autres Jin-Roh,
la Brigade des Loups. La sortie de sa suite était
donc attendue avec fébrilité, pour ne pas dire
impatience excessive. C’est à nouveau Mamoru
Oshii (qui a également signé Avalon,
une autre référence) qui adapte le manga de Masamune
Shirow.
Après la disparition du Major Motoko
Kusanagi, le cyborg Batou,
son partenaire à la Section 9, se fait de plus en plus
solitaire et asocial, jusqu’à ce qu’il soit obligé
de faire équipe avec un humain “amélioré”. Ces
deux membres du groupe anti-terroriste doivent
collaborer afin de comprendre pourquoi un certain modèle
de gynoïdes, cyborgs féminins conçus pour tenir
compagnie aux humains, tuent
leurs propriétaires avant de s’auto-détruire
(ou de se suicider ?).
On
s’en doutait, mais Innocence
n’est pas l’exacte suite que beaucoup espéraient et
certaines attentes ne seront pas satisfaites : les scènes
d’action qui étaient une des forces du premier épisode
sont ici réduites à la portion congrue. Ce cocktail réflexion
/ action est à la source du succès de nombreuses
productions japonaises et a évidemment très largement
influencé les frères Wachowski pour leur trilogie matrixienne, sur le fond comme sur la
forme. Les cyborgs d’Oshii,
en revanche, s’interrogent toujours sur l’existence
ou non de leur âme, citent Milton,
Confucius, Platon, Descartes
ou la Bible à tire-larigot, interrompus par quelques
fusillades. Cette manie de la référence a des résultats
aléatoires : elle tombe souvent juste, fait parfois
sourire par sa fréquence, mais a le mérite de ne pas
être vaine.
Tout Innocence
participe à la réflexion sur les thèmes chers au réalisateur
: la liberté, l’humanité, la nature de l’âme et
notre rapport à la technologie. Ces notions fusionnent
pour former une réalité dans laquelle le pessimisme
occupe une large place. L’être humain y cherche désespérément
à se créer un alter ego artificiel pour mieux se
comprendre, quitte à commettre des horreurs pour y
parvenir. Mais les personnages évoluent dans un futur rétro
: tous, humains comme cyborgs, ont des ports de
connexion dans le cou mais leurs voitures sont les répliques
des américaines des années 1950, les maisons
traditionnelles existent toujours au pied des buildings
interminables et les parades gardent un côté
“artisanal” et un faste étonnant (c’est une des
grandes réussites visuelles du film). Ces vestiges du
passé peuvent être considérés comme une note
d’espoir, puisqu’ils correspondent aux seuls moments
où les personnages (principaux ou non) éprouvent des
émotions positives.
Innocence
- Ghost in the Shell 2
est un film riche sur tous les plans : narratif,
philosophique sans
hermétique, technique et visuel (avec la fusion
de nombreux courants artistiques). Les plus accros des
accros seront un peu frustrés par la fausse présence
du Major Kusanagi,
héroïne charismatique du premier opus, et l’absence
de personnages originaux. Mais cela aurait sans doute
nuit au propos d’Oshii.
Sébastien
Raffaelli
Film
japonais - 1 h 40 - Sortie le 1er décembre 2004
Avec
les voix de Akio Ôtsuka, Atsuko Tanaka, Kôichi
Yamadera…
|