L’Italien,
c’est le surnom donné à Vania, un gamin de six
ans, pensionnaire d’un orphelinat russe qu’un
couple italien veut adopter et emmener dans leur
lointain pays, riche et ensoleillé. Ce que
n’est certainement pas la région où Vania a vécu
jusqu’à présent : une région de désolation,
enfouie sous la neige et la boue, peuplée
d’habitants miséreux qui tentent de survivre.
Comme le font tous ces enfants, certains très
jeunes – Vania et ses copains – d’autres déjà
grands adolescents, ersatz de grands frères,
protecteurs et éducateurs, organisant à l’intérieur
de la chaufferie qu’ils ont investie des trafics
clandestins et parallèles auxquels tous, jeunes
et moins jeunes, contribuent.
D’une
telle tristesse et d’un avenir si incertain, on
pourrait aisément croire que Vania veuille
s’extraire rapidement et sans regrets. Mais le
petit garçon est saisi d’un doute : et si
jamais sa mère naturelle venait un jour le récupérer.
Il décide alors de partir à sa recherche, semant
derrière lui la panique et le désordre,
provoquant une poursuite effrénée du directeur
de l’orphelinat, accompagné de « Madame »,
une femme d’affaires tout en rondeurs et en
bijoux, à la tête du fructueux marché des
adoptions.
Inspiré
malheureusement d’un fait réel, L’Italien
est à la fois un constat sans fioritures, à
travers le prisme d’un lieu et d’une
trajectoire particulière, d’un pays en décomposition
et un conte poétique. Selon l’inclination de
chacun et l’âme d’enfant qu’il a conservée,
on appréciera davantage l’une ou l’autre des
deux parties de L’Italien.
L’orphelinat, dirigé par un homme bon et
visiblement dépassé par les événements, est
une espèce de cour des miracles où chacun se débrouille
comme il peut : petits boulots à la
station-service d’à côté, trafics en tout
genre, une gamine fait déjà des passes avec les
routiers de passage. Pour autant, les gamins ne
souffrent pas de sévices, leur principal et légitime
malheur provenant de leur statut d’enfant
abandonné. Plus que son projet d’adoption,
c’est sans doute le suicide de la mère d’un
de ses copains qui amène le petit Vania à sa décision.
Une décision à laquelle il ne dérogera pas :
après avoir appris à lire pour prendre
connaissance de son dossier, il embarque dans un
train et part à la recherche de ses origines.
Dans
cette aventure pleine de chausse-trappes, Vania ne
renonce jamais et déploie tous les stratagèmes
dont il est capable pour parvenir à ses fins. En
cela, on peut le voir comme un cousin russe et
moderne d’un autre orphelin en goguette : Oliver
Twist. Les deux parcours partagent le goût du
romanesque et si le gamin anglais ne semblait pas
avoir toujours prise sur son destin, Vania fait au
contraire preuve d’une détermination digne et
courageuse qui ne peut au final déboucher que sur
le meilleur.
C’est
en substance la morale de ce beau film, irradié
par le charme d’une frimousse de six ans, aux
grands yeux interrogatifs et pleins d’espoir. On
suit avec un vrai bonheur le chemin emprunté par
Vania dans un film toujours sobre et généreux.
Patrick
Braganti
Drame
russe – 1 h 39 – Sortie le 14 Février
2007-02-17
Avec
Kolia Spiridonov, Denis Moiseenko, Sasha Sirotkin
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