Japanese
story
de Sue
Brooks
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Décidemment, encore une histoire de rencontre
improbable… entre deux personnages que tout sépare
(la culture, le tempérament…) et qui vont devoir
s’apprivoiser. Sandy, associée dans un cabinet
de géologie, femme libérée au tempérament
volcanique, sert de guide touristique à Hiromitsu,
japonais qu’elle doit gérer, car susceptible de
signer un contrat juteux… et dont le tempérament
beaucoup plus froid, voire maniéré, l’horripile…
Le début de ce film fait un peu peur : pas mal de clichés,
une impression de « déjà vu », un rythme
qui se cherche et un démarrage un peu ardu, d'autant
que tout cela se passe dans le désert (celui du Pilbara,
en Australie), et qu'il s'agit, là encore, d'une
histoire quelque peu initiatique… alors évidemment,
après avoir vu « Gerry », on aurait
tendance à faire la fine bouche… et pourtant… Passé
un premier temps d'adaptation pas évidente pour le
spectateur, la sauce finit par prendre, étonnamment,
surtout lorsque le film bascule du côté du drame, et
l'on s'attache aux deux personnages principaux, bien
plus complexes qu'ils n'en donnaient l'air.
C'est un film de femme, sans prétention (ce qui est déjà
en soi rafraîchissant par les temps qui courent !),
porteur de maladresses, mais aussi - surtout - de
quelques moments de vraie grâce ! Il y a ainsi une
vraie sensibilité dans le regard de cette cinéaste (Sue
Brooks qui signe ici son deuxième long métrage),
et des face à face émouvants entre le japonais Hiromitsu
(interprété par le séduisant Gotaro Tsunashima)
et l'australienne Sandy (la tonitruante Toni
Collette), mais aussi lors de la magnifique scène
finale !
Il y a également beaucoup de choses finement suggérées
dans des dialogues pourtant rares (sans compter la
difficulté de la langue entre les deux protagonistes),
et Toni Collette (que j'avais personnellement découverte
et appréciée dans « Muriel »)
montre ici l'étendue de son talent, passant de l'hystérie
(nécessaire) à un jeu beaucoup plus intériorisé et
sobre. Point de grandiloquence ou d'effets lourdingues,
ni de pathos, les sentiments sont soit suggérés, entre
pudeur et douceur, soit abordés dans toute leur
violence et leur aspérité.
Au final, un drôle de film attachant et déconcertant
dans sa simplicité, qui se laisse découvrir et
surprend le spectateur au fur et à mesure de son déroulement.
Même si effectivement, il y a un peu pléthore de road
movies initiatiques sur fond désertique en ce moment au
cinéma… celui-ci est porteur d'une vérité et d'une
sincérité qui, à elles seules, valent le détour !
Cannes ne s'y est d'ailleurs pas trompé, l'ayant sélectionné
l'an passé dans la section « un certain regard ».
Cathie
Australie
– 1h47 – sortie le 17 Mars 2004
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