Attention,
ne vous fiez pas aux apparences : si le titre et
le synopsis peuvent faire craindre un mélodrame
à tendance dégoulinante, ou pis encore, un
feuilleton de l'été estampillé France télévision,
Je vais bien, ne t'en fait pas est
beaucoup, mais alors vraiment beaucoup plus que ça.
Le
scénario est basé sur le roman homonyme d'Olivier
Adam. L'auteur a travaillé avec Philippe
Lioret à l'adaptation en un scénario. Lili,
interprétée par Mélanie Laurent, revient
dans sa maison de la banlieue parisienne après un
voyage à Barcelone. Pendant ce voyage, son frère
jumeau, Loïc a disparu à la suite d'une violente
dispute avec leur père aigri, joué de manière
très convaincante par Kaddour Merad, le Kad
de Kad et Olivier. Son frère ne
donne pas de nouvelles, et Lili se laisse mourir
petit à petit, refusant de s'alimenter. Jusqu'au
jour où elle reçoit une lettre de son frère,
qui lui explique s'être lancé dans une vie de
bohème, loin de ce père honni... Lili reprend
alors peu à peu le fil de sa vie, tente de vivre
malgré l'absence de son frère jumeau, dont les
seules nouvelles proviennent des lettres qu'il
envoie régulièrement au fil de son périple. La
force des liens entre Lili et son frère musicien
est évidente: on devine une relation fusionnelle,
une solidarité puissante pour échapper à la
tristesse de la vie "banlieusardoparisienne"
dans laquelle se sont installés leurs parents. Mélanie
Laurent est magnifiquement mise en valeur par
une mise en scène complètement au service des
acteurs en général, sans être soporifique pour
autant ; simple et efficace sont les deux
adjectifs qui lui siéent le mieux.
Le
film ne tombe jamais dans la facilité, n'est
jamais caricatural. C'est un film intense, tendre,
sensible, qui touche juste et prend aux tripes. Il
reste remarquablement équilibré de bout en bout,
ce qui n'était pas gagné d'avance au vu des
nombreuses péripéties que traverse Lili. C'est,
en plus d'une histoire personnelle touchante, un
portrait social, le portrait de la famille française
moyenne. Il joue ainsi le rôle d'un miroir cruel
car fidèle, qui nous renvoie en pleine face
l'image d'une non-vie banlieusarde et provinciale,
de ces samedis soirs maudis où des millions de
foyers sont hypnotisés par le vide de leur télévision.
La
musique est très présente dans le film. Pas de
manière abusive, envahissante, servant à masquer
le vide des images et la vacuité des acteurs
comme cela peut être parfois le cas. La chanson
composée par le frère de Lili, très joliment
interprété par Aaron, musicien parisien méconnu,
fait atteindre au film des sommets d'émotions.
Le
livre d'Olivier Adam est un peu plus centré
sur le roman d'initiation, la jeune fille qui découvre
la vie, avec le boulot, l'amitié, les aventures
amoureuses, et en filigrane, ou plutôt en fil
conducteur, ce manque du frère... qui est devenu
plus central dans le film.
Adrien
Potocnjak-Vaillant
Film
français - 1 h 40 – Sortie 6 septembre 2006
Avec Mélanie Laurent, Kad Merrad, Julien
Boisselier…
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