Portrait
: Jean-Pierre
Léaud
Il est des acteurs comme ça, très peu en vérité,
pour lesquels on a un jour un vrai coup de foudre. Ce
genre d’acteur dont on sait tout de suite qu’on
aimera tous ses films ou presque. Ce genre d’acteurs
qui ont quelque chose de fascinant, de mystérieux,
d’extraordinaire qui en font des comédiens mythiques
à nos yeux, des comédiens qui donnent au cinéma tout
son sens et qui le font avancer.
Parmi eux,
il y en a un que je place depuis très longtemps en haut
de l’affiche, qui fait partie de mon panthéon
personnel et pour lequel j’éprouve une réelle
passion : il s’agit de Jean-Pierre Léaud.
Je ne sais
plus si c’est avec « les 400 coups » ou la
trilogie des Antoine Doinel ou quelqu’autre film que
j’ai découvert Jean-Pierre Léaud, mais le souvenir
que j’ai de ma première rencontre avec cet acteur a
quelque chose de surréaliste. J’avais l’impression
de voir un acteur qui jouait sans savoir qu’il jouait
tout en sur-jouant. Bref l’impression d’avoir
affaire à un acteur décalé, pas comme les autres.
Depuis, grâce à la télévision, j’ai découvert,
petit à petit, les films dans lesquels il a joué :
pas mal de Truffaut (est-ce pour ça que j’aime autant
le cinéma de Truffaut ?), quelques Godard, un
Eustache, deux Kaurismaki et des tas d’autres films
tout aussi importants les uns que les autres. La découverte
d’un film avec JP Léaud (comme dernièrement « les
deux anglaises et le continent ») est pour moi un
événement que je savoure pleinement. Et finalement je
me dit que j’ai beaucoup de chance de savoir qu’il
me reste à découvrir près de la moitié de la
filmographie de Léaud. Encore plein de bonheur en
perspective en somme !
Jean-Pierre
Léaud a quatorze lorsque François Truffaut le choisit
pour jouer le personnage d'Antoine Doinel dans "Les
Quatre Cents Coups". Il est le fils du comédien
Pierre Léaud et brûle d'envie de faire du cinéma. A
l'école et sur le tournage des " Quatre cents
coups ", Jean-Pierre Léaud se montre turbulent.
Beaucoup viennent se plaindre du comportement de
l'enfant à François Truffaut qui le prend sous son
aile. Mais pourtant, la reconnaissance, Léaud l'obtient
dès la première projection officielle des "Quatre
Cents coups", le 4 mai 1959, au festival de Cannes.
D’entrée, il dégage une force incroyable, une
capacité à émouvoir et à captiver rare chez un
enfant de cet âge. Alors déjà il pose les bases de ce
que sera sa future carrière d’acteur.
Quand
Jean-Pierre Léaud réapparaît en 1961 dans le cinéma
de Truffaut pour reprendre le personnage d'Antoine dans
"L'amour à vingt ans", il a perdu ses joues
rondes et son regard malicieux. Il s'est assagi, est
devenu un jeune homme mince et mélancolique, couvant déjà
en puissance la fougue romantique de ses rôles à
venir.
Godard
lui offre le premier rôle auprès de Chantal Goya,
troublante, dans Masculin-Féminin (1965) .
Les
années soixante-dix consacrent Léaud dans des rôles
de grands personnages romantiques, notamment Alphonse
dans "Les deux Anglaises et le Continent".
Mais son plus beau rôle, Léaud le trouve chez Eustache
en incarnant Alexandre dans "La Maman et la
Putain". Crapotant sur la terrasse du café Flore,
l'écharpe nouée en cravate, Léaud donne vie à la poésie
d'Eustache dans un film qui deviendra une référence
pour une partie des générations suivantes. Quand
Truffaut meut en octobre 1984, Jean-Pierre Léaud se
retrouve alors orphelin. Les années 80 constituent une
sorte de passage à vide pour Léaud et c’est au début
des années 90 qu’il se retrouve grâce à une
nouvelle génération de réalisateurs dont kaurismaki,
Assayas, Danièle Dubroux ou Lucas Belvaux. Dans
« Pour rire ! » il est totalement irrésistible
et montre qu’il est encore est toujours un acteur
fantastique.
En
mars 2000, Léaud reçoit un César pour l'ensemble de
sa carrière: le cinéma français dans son ensemble
finit donc bien par reconnaître ses vrais talents.
Depuis, ses apparitions se font de plus en plus régulières
et on le voit dans de petits films singuliers tels que
« l’affaire Marcorelle » ou « le
pornographe » jouer des personnages, pour la
plupart insolites, mais qui font mouche à chaque fois.
Et
chaque année, je guette, j’attends de revoir ce drôle
d’acteur réapparaître encore et encore sur l’écran
de mon cinéma, car je sais qu’à chaque apparition,
ce sera une bonne surprise que me réservera cet curieux
comédien qui compte décidément beaucoup pour moi.
Benoît
La
filmographie de Jean-Pierre Léaud
Petites
apparitions ou grandes prestations : tout y est !
Et
là-bas, quelle heure est-il ?
(2001) de Tsai Ming-liang
La
Guerre à Paris (2001) de Yolande Zauberman
Le
Pornographe (2001) de Bertrand Bonello
L'Affaire
Marcorelle (2000) de Serge Le Peron
Une
affaire de goût (1999) de Bernard Rapp
Innocent
(1998) de Costa Natsis
Pour
rire! (1996) de Lucas Belvaux
Mon
homme (1995) de Bertrand Blier
Le
Journal du séducteur (1995) de Danièle Dubroux
Irma
Vep (1995) de Olivier Assayas a
Les
Cent et une nuits (1994) de Agnès Varda
La
Naissance de l'amour (1993) de Philippe Garrel
Personne
ne m'aime (1993) de Marion Vernoux
Paris
s'éveille (1991) de Olivier Assayas
J'ai
engage un tueur (1991) de Aki Kaurismaki
La
Vie de boheme (1991) de Aki Kaurismaki a
Bunker
Palace Hotel (1989) de Enki Bilal
La
Couleur du vent (1988) de Pierre Granier-Deferre
Les
Ministere de l'art (1988) de Philippe Garrel
Les
Keufs (1987) de Josiane Balasko
Jane
B. par Agnes V. (1987) de Agnès Varda
36
fillette (1987) de Catherine Breillat
Corps
et Biens (1986) de Benoît Jacquot
L'
Ile au trésor (Treasure Island) (1985) de Raoul Ruiz
Rue
Fontaine (1984) de Philippe Garrel
Detective
(1984) de Jean-Luc Godard
Rebelote
(1983) de Jacques Richard
Parano
(1982) de Bernard Dubois
L'
Amour en fuite (1978) de François Truffaut
Les
Lolos de Lola (1974) de Bernard Dubois
La
Maman et la Putain (1973) de Jean Eustache
La
Nuit americaine (1973) de François Truffaut
Le
Dernier Tango à Paris (1972) de Bernardo Bertolucci
Les
Deux Anglaises et le Continent (1971) de François
Truffaut
Une
aventure de Billy le Kid (1971) de Luc Moullet
Out
1: Spectre (1971) de Jacques Rivette
Domicile
conjugal (1970) de François Truffaut
Porcherie
(Porcile) (1969) de Pier Paolo Pasolini a
Paul
(1969) de Diourka Medvedzki a
Le
Gai Savoir (1968) de Jean-Luc Godard
Baisers
volés (1968) de François Truffaut
Week-End
(1967) de Jean-Luc Godard
Le
Plus vieux métier du monde (1967) de Claude Autant-Lara
La
Chinoise (1967) de Jean-Luc Godard
Le
Depart (1967) de Jerzy Skolimowski
Made
in USA (1966) de Jean-Luc Godard
Le
Pere Noel a les yeux bleus (1966) de Jean Eustache
Masculin-Feminin
(1966) de Jean-Luc Godard
Pierrot
le Fou (1965) de Jean-Luc Godard
Alphaville,
(1965) de Jean-Luc Godard
Mata-Hari,
agent H21 (1964) de Jean-Louis Richard
Antoine
et Colette (1962) de François Truffaut
Les
Quatre cents coups (1959) de François Truffaut
Le
Testament d'Orphée (1959) de Jean Cocteau,
La
Tour, prends garde! (1957) de Georges Lampin
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