La
chatte à deux têtes de
Jaques Nolot
1/2
Le précédent film de Jacques NOLOT : L’ARRIERE
PAYS m’avait beaucoup séduit ; j’avais
effectivement aimé cette histoire d’un fils parti au
chevet de sa mère mourante, renouant avec son passé et
ses fantômes.
Originaire
du Sud Ouest, Jacques NOLOT a aussi participé
aux films d’ André TECHINE en tant
qu’acteur, mais surtout scénariste. Ces quelques
indications permettent de mieux cerner le personnage
fait de sensibilité, de détachement et
d’introspection. Dans l’écriture, comme dans la réalisation,
il y a fort à parier que notre homme met beaucoup de
lui-même et de son vécu.
C’est encore le cas pour ce film étrange, déconcertant,
un rien subversif mais qui en dit aussi beaucoup sur le
genre humain.
Unité
de lieu : un cinéma porno dans la quartier Pigalle
à Paris (que NOLOT fréquente d’ailleurs régulièrement
pour écrire).
Deux
niveaux : en bas, la salle, les projections et son
chassé-croisé de clients, d’habitués, de travestis
et de paumés en tout genre ; en haut le comptoir
avec sa caissière revenue de tout, mais vivante et
gaie, son projectionniste un jeune homme fraîchement débarqué
de son sud-ouest natal et peu familier de la vie
parisienne et enfin Jacques NOLOT qui va et vient
entre les deux niveaux.
Ainsi présentée, c’est une trame très mince et peu
excitante, même si l’action se déroule dans un lieu
fait pour susciter nos instincts. Il serait bien dommage
de réduire ce film à ces simples aller-retour et ces
échanges physiques sordides, bancals et désespérants.
Il
me semble qu’on peut faire de cet opus une lecture à
plusieurs niveaux, notamment la séparation entre le bas
et le haut, enfer et paradis, où la plupart des
protagonistes ressurgissent comme pour se purifier ou
reprendre contact avec une réalité pas forcément très
drôle.
Personne
ici n’est vraiment dupe des agissements de chacun, des
travestissements pendant lesquels on revêt une autre
identité pour mieux se fourvoyer dans ses ébats peu
satisfaisants.
Il
y a là comme des rites, des habitudes dont personne ne
vient se plaindre et nous assistons parfois à une étrange
communion entre tous ces gens.
En haut, la lumière, les confessions d’une vie passée,
d’une vie rêvée ou fantasmée où là aussi personne
n’est réellement dupe de son avenir, de sa situation.
Dans
ces descentes répétées, dans ces longs travellings le
long des sièges, on peut parfois penser à IN THE
MOOD FOT LOVE, qui peut-être évoquait aussi des
rencontres impossibles ou secrètes.
Film sans prétentions, sans doute moins fort ou moins
personnel que L’ARRIERE PAYS, il n’en dégage
pas moins beaucoup de tendresse pour tous ses
personnages.
Jamais
sordide ou graveleux, le film offre aussi comme des
perspectives abyssales sur les rapports humains et
amoureux.
Il
est sans doute regrettable qu’écrasé par toutes les
énormes sorties de cette fin d’automne, LA CHATTE
A DEUX TETES ait très vite lassé les distributeurs
et donc perdu quelques spectateurs.
Patrick
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