La chute de
Oliver Hirschbiegel
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Enfin vu (en traînant les
pieds…) le film à polémique sur les derniers jours
d’Hitler… Et finalement agréablement
surprise, si tant est que cette expression puisse
convenir sur un sujet pareil…
Déjà, la polémique qui voudrait que le cinéaste Oliver
Hirschbiegel n’ait pas de points de vue, et montre
les choses d’une manière trop neutre, trop ambiguë,
ce qui pourrait pousser soit-disant certains spectateurs
à éprouver de la sympathie pour les allemands, est
pour moi hors propos ! Parce que justement, le mal
me paraît d’autant plus glaçant qu’il est à
visage humain… Et certaines paroles d’Hitler
ou de ses acolytes font suffisamment froid dans le dos
pour qu’on sache de quel côté se trouve le réalisateur.
Le générique de fin rappelle d’ailleurs que cette
guerre a fait 50 millions de morts, dont 6 millions de
juifs.
Pour revenir sur le film, c’est avant tout un portrait
réussi d’Hitler,
homme avant tout mégalo et paranoïaque dont la
pathologie, sûrement accentué dans les derniers jours,
montre bien qu’il n’éprouvait aucune compassion à
l’égard des faibles, et aucune compassion pour son
propre peuple (ou même pour ses proches – cf l’exécution
de son beau-frère)… La composition de Bruno Ganz est à cet égard excellente, et rend très juste le
portrait clinique pathologique de ce Führer qui mènera
les allemands à la défaite sans aucun état d’âme…
Après, autre reproche qui a été fait au film, le fait
que dans son entourage, il y ait toute une palette
d’hommes, dont certains moins antipathiques que
d’autres, rien d’étonnant à cela. Effectivement,
il y avait aussi bien d’autres fanatiques… (le
couple Goebbels
fait froid dans le dos !), comme des gens plus
politiques ou opportunistes (Himmler
par ex), des fidèles, des décadents, ou d’autres
apparemment bien plus lisses (apparemment !) ;
de même qu’on voit que certains sont plus ou moins
courageux, plus ou moins réalistes et pragmatiques que
d’autres… sans compter qu’on imagine bien que
certains puissent éprouver de la compassion pour leur
propre peuple (comme ce médecin), ou pour leurs proches
(ou leur chien – cf la scène où Hitler
le considère comme bien plus intelligent qu’un
homme…) tout en ayant eu un comportement inhumain
envers l’ennemi (et notamment les juifs).
D’autre part, le cinéaste, de par sa manière de
filmer, proche du documentaire, évoque bien le climat
oppressant, limite claustro, de ce bunker autarcique qui
marque la fin du IIIème Reich, et d’un règne basé
sur une folie mégalo, avec un homme envers lequel très
peu, finalement, ont osé s’affronter, dire la vérité…
comme on constate sans étonnement qu’au niveau de la
direction, on donne des ordres, on mange dans de
l’argenterie, on boit du champagne, et on ne se salit
surtout pas les mains… ainsi le déni n’est pas que
dans le discours… et le contraste avec ce qui se passe
à l’extérieur de Berlin, où les gens meurent sous
les bombes, sont tués, pendus, laissés à l’abandon
(cf la scène à l’hôpital) est saisissant !
Au final, c’est un bon film, sobre, qui ne fait pas
dans le sensationnalisme (certains lui ont d’ailleurs
reproché de ne pas montrer de près les suicides d’Hitler
et d’Eva Braun), et qui ne me paraît pas du
tout, contrairement à ce qui a été dit, chercher à
donner des excuses aux allemands… quant au personnage
de la secrétaire Traudl Junge (excellente Alexandra
Maria Lara), il fait aussi réfléchir par son
inconscience (cf l’interview finale), son déni, son
souhait de ne pas avoir chercher à en savoir plus… Et
justement, ce qu’on retient du film, c’est non
seulement l’idéologie mégalo et destructrice qui
anime ces hommes et femmes, mais aussi le déni face à
la défaite et le poids d’inconscience qui font
qu’ils ne remettent pas une seconde en cause leurs idéaux !
(cf par exemple la réponse de la femme de Goebbels
à quelqu’un qui lui fait remarquer qu’elle ne peut
décider de l’avenir de ses enfants : « il
ne peut y avoir d’avenir sans national-socialisme ! »).
On peut se dire qu’ils assument, y compris dans le
pire… Et ça, ça glace vraiment le sang…
Cathie
Maillot
film
allemand - 2h 30 - Sortie le 5 janvier 2005
avec
Bruno Ganz, Juliane Kohler, Alexandra Maria Lara...
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