La
fleur du mal de
Claude Chabrol
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Comme pour ces réalisateurs qui sortent un film par an
(au fond pas tant que ça... on citera surtout à Woody
Allen) on parle des films de Claude Chabrol
en des termes qui se rapportent généralement plus au
vin. On parle de cuvée, de millésime, de cru, etc...
ce qui lui va plutôt bien finalement vu que l’on sait
le bonhomme très attaché aux bonnes choses de la
table.
Cette
année c’est donc avec La Fleur du mal
que Chabrol déboule dans nos salles. Et si Merci
pour le chocolat était lui un excellent millésime,
on n’en dira pas autant du dernier. Sans être
vraiment mauvais, il ne transcende pas vraiment le
spectateur et le tient à distance d’une histoire au
fond assez peu passionnante.
François Vasseur (Benoît Magimel) vient de
passer quatre ans aux Etats-Unis. Il revient dans sa
famille de notables provinciaux, dont le père (Bernard
Le Coq) est un pharmacien fortuné. Sa mère (Nathalie
Baye) bat la campagne municipale et brigue le poste
de maire. Tante Line (superbe Suzanne Flon)
veille sur son petit monde, des souvenirs terribles
plein la tête. Quant à Michèle (Mélanie Doutey)
elle est toujours amoureuse de François et suit des études
universitaires en psychologie. Même si tout semble
aller comme sur des roulettes, la famille
Charpin-Vasseur est pétrie de rancœurs internes et
cache bien des mystères jusqu’au jour où un tract
vient remuer le passé et accuse certains membres
d’agissements douteux durant l’occupation.
Sur cette trame au combien Chabrolienne :
l’étude des comportements de la bourgeoisie
provinciale si chère à notre réalisateur, celui de La
cérémonie (dont le scénario était déjà signé
par Caroline Eliacheff) rate son coup et
nous laisse en dehors de ce petit monde un peu
superficiel et aux personnages sans trop de relief. Les
dialogues, trop bien écrits, passent mal dans la bouche
d’acteurs que l’on croirait échappés des célèbres
enregistrements radiophoniques Les maîtres du Mystère.
Car il faut bien l’avouer ce film peut se regarder les
yeux fermés sans aucun problème, on ne manquera rien
de l’intrigue. Le scénario un peu léger ne sert pas
les acteurs qui ont bien du mal à tirer leur épingle
du jeu souvent dans des scènes sans intérêt et un peu
caricaturales. Il n’y a que Suzanne Flon qui,
remarquablement filmée, semble tirer son épingle du
jeu et parait plus resplendissante de jour en jour.
Quant à l’intrigue, difficile pour nous d’y trouver
un quelconque intérêt tant elle semble peu affecter
les personnages eux-mêmes.
Et
même s’il y a ces amours cache-cache entre le faux frère
et la sœur, ce côté mari volage chez Bernard
Le Coq, ce coté Marie-Chantal chez Nathalie
Baye, tout
cela semble bien trop appuyé et sans grande finesse et
finit par nous lasser gentiment. Reste ces intérieurs
bourgeois, ces maisons superbes, cette ambiance
provinciale que Chabrol réussit malgré tout à bien
restituer.
On rangera donc La Fleur du mal aux
côtés de films tels que Le cri du Hibou ou
Masques, qui à défaut d’être des grands films
se regardent bien volontiers à la télévision. Et même
s’ils ne constituent pas des oeuvres importantes, ils
restent malgré tout d’agréables divertissements, ce
qui n’est, au fond, déjà pas si mal.
Benoît
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