La
Petite Lili
de
Claude Miller
1/2
Dans une belle
maison au bord de l’eau, quelque part en Bretagne,
Julien (Robinson Stévenin) prépare une
petite salle en vue, le soir même, de projeter son
premier court-métrage. Parmi l’assistance, se
trouveront Lili, son actrice principale et plus ou moins
sa petite amie (Ludivine Sagnier, plus bimbo loanesque
que jamais), sa mère Mado actrice presque sur le retour (Nicole
Garcia), entourée de son amant Brice réalisateur de
films (Bernard Giraudeau, tout en nuances) et de
son frère (Jean Pierre Marielle, royal). Il y
aussi le couple de gardiens de la maison et leur fille (Julie
Depardieu) secrètement amoureuse de Julien.
La projection
du court-métrage de Julien se déroule dans un climat de
tension croissante jusqu’à l’explosion de ce dernier,
mettant au grand jour les fêlures de la famille, les désaccords
profonds et le fossé générationnel entre une mère
consciente de son déclin professionnel et un fils jeune
chien fou refusant toute compromission. Lorsque la jolie
et ambitieuse Lili partira avec Brice, les dernières
barrières voleront en éclat.
En réunissant
quelques années après nos personnages à Paris autour du
tournage du premier film de Julien, Miller nous permet de
dresser un bilan des évolutions, des renoncements ou
arrangements de chacun avec sa vie.
Avec comme toile de fond le
milieu du cinéma, forcément bien connu de l’ancien
assistant de Jacques Demy et du directeur de
production de François Truffaut, et les déchirements
d’une famille, La petite Lili avait de quoi séduire.
Las, le résultat n’est pas à la hauteur des espérances,
tant Miller reste trop dans les clichés et à la
surface de ses personnages cantonnés dans un rôle
convenu, voire stéréotypé. Cette succession de moments
attendus enlève beaucoup d’attrait au film. Pourtant,
la mise en scène est maîtrisée et Miller privilégie
les confrontations des acteurs deux à deux, tissant ainsi
un réseau de relations étroites, mais par trop
superficielles, entre tous ses personnages.
Dès lors, c’est le talent et
le savoir-faire des acteurs qui finissent par emporter
l’adhésion, et Jean-Pierre Marielle nous
gratifie des deux plus belles scènes du film : son réveil
après une sieste champêtre
au milieu des vaches et sa rencontre avec Michel
Piccoli, chargé de l’interpréter dans le film de
Julien.
Nous sommes bien loin du Miller de Garde à vue
ou de Mortelle randonnée et c’est bien
regrettable qu’un réalisateur expérimenté et
talentueux nous livre ici un film certes correct et pas
ennuyeux, mais sans réelle surprise, sans
approfondissement des états d’âme de ses personnages,
de leur désarroi égoïste. Pourtant, il y avait une
belle matière qui aurait permis une œuvre personnelle,
et non pas un film plat, trop rarement entrecoupé de
dialogues incisifs et percutants.
Patrick
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