Le
chignon d'Olga de
Jérôme Bonnell
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Tout comme les personnages de
son premier film, Jérôme Bonnell (rencontré lors
d’une projection à Epinal) semble à peine sorti de
l’œuf avec son parlé hésitant et retenu, ses tics
exprimant une grande timidité et son physique de
jeune premier. Mais comme ses personnages, Bonnell est
un garçon attachant et sympathique qui a besoin de
raconter des choses et a décidé de les exprimer par le
biais du cinéma.
Le chignon
d’Olga raconte l’histoire d’une famille en deuil
d’une mère dans laquelle chacun essaie, avec bien du
mal, de trouver sa voie sentimentale et professionnelle.
Dans une grande et belle demeure de la Beauce, à la fin
de l’été, le père (Serge Riaboukine toujours aussi
bon), grand gamin devant l’éternel, reste fasciné
par le cirque de Chaplin pendant que sa fille Emma, elle
se cherche et que Julien, le fils, court après
l’amour pour une jeune et jolie (d’ailleurs toutes
les filles sont jolies dans ce film) libraire qu’il
n’ose pas aborder et dont il ne sait rien.
Si le titre peut faire penser à Rohmer, on se
rend vite compte qu’on est plus près de chez Poirier
ou parfois de chez Pialat, notamment dans les
relations entre adultes et les scènes de groupes, avec
cette ambiance douce-amère dans laquelle on passe sans
transition de l’état d’euphorie à la déprime la
plus totale. On pense aussi à Pascal Thomas, lui
aussi grand cinéaste capable de filmer au plus juste
les relations entre post-ados.
Mais toutes
ses références ne font pas oublier que Bonnell a un
vrai talent de cinéaste et réussit à faire un film,
à la fois, drôle, burlesque et mélancolique dans
lequel ses personnages, pour lesquels on sent une véritable
affection de sa part, se meuvent et s’expriment avec
une grande
justesse et un grand sens du réel. Filmés souvent en
plan serré, les visages et les corps des acteurs dégagent
des sentiments assez forts tout au long du film. Les
acteurs, tous formidables et pétillants de jeunesse,
donnent l’impression que le réalisateur leur a laissé
dans leur jeu une grande part de liberté avec malgré
tout une certaine forme de retenue qui en fait un film
très pudique.
Au final, on a un film touchant,
grave mais en même temps très drôle par moments (voir
la scène de la fausse claque), plein de petites choses,
de petits détails, de petites scènes criantes de vérité
qui nous ramène inéluctablement à cette période ou
l’on était déjà des adultes avec encore une âme
d’enfant ; un film de mise en route, fait de qualités
et de défauts propres à tout premier film. On attend donc avec confiance et
espoir une suite aux aventures cinématographiques de ce
jeune réalisateur de 24 ans au talent déjà évident.
Benoît
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