Le
rôle de sa vie
de François
Favrat
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Sur
une histoire de fascination et de manipulation-dépendance
qui n’est pas sans rappeler par moments La répétition
de Catherine Corsini, François Favrat
signe là un premier long métrage bien écrit, bien
interprété, mais un peu fade par moments. L’histoire
aurait pu se passer dans bien des milieux où les jeux
de pouvoir sont de mises, mais ici, dans le milieu du
cinéma, il y a aussi une analyse assez fine des pièges
et méfaits de la notoriété.
Pigiste dans un magazine, Claire est engagée par
Elisabeth Becker, actrice de cinéma réputée, pour
devenir son assistante personnelle. Elle qui est plutôt
du style introverti, peu sûre d’elle, la « bonne
poire » dont les uns et les autres profitent
facilement, elle se retrouve à côtoyer quotidiennement
une actrice qu’elle a toujours admirée dans ses films
et qui lui semblait inaccessible, « star »
qui va s’avérer quelque peu égocentrique, voire
capricieuse, habituée en tout cas à que personne ne
lui résiste. Mais une « star » qui est également
une femme solitaire, anxieuse du temps qui passe, et qui
aimerait parfois vivre comme tout le monde…
Sur un sujet "casse gueule", François
Favrat a su éviter les pièges de la caricature (même
si le personnage de Claire est un poil trop exagéré) ;
le scénario de son film est structuré (suffisamment
rare pour qu’on le souligne !), et il parle
avec finesse et humanité de la part de lumière et
d’ombre de tout un chacun. Et tour à tour, les
personnages nous émeuvent, y compris dans leur pire
fonctionnement qui, au fond, est révélateur de leur
fragilité. Quant aux dialogues, bien ficelés, ils
servent à merveille les comédiens qui ont su se couler
dedans. Agnès Jaoui et Karin Viard se
renvoient ainsi la balle avec aisance, sans que l’une
ne fasse trop d’ombre à l’autre justement, mais le
personnage masculin n’est pas en reste (bravo à Jonathan
Zaccaï, qui a beaucoup de charisme et de présence,
pour un rôle pas facile).
Ceci étant, et bien que la comédie soit plutôt du
genre douce-amère, on sourit plus qu’on ne rit, et
percent par moments quelques instants de lassitude.
Peut-être le film aurait-il gagné à être un peu
raccourci… Reste que, pour un premier long métrage,
ce jeune cinéaste présente des qualités indéniables
dans la mise en scène, le sens du casting, la direction
d’acteurs (visiblement, il fait partie de ceux qui les
aiment !), l’écriture aussi… (qui n’est pas
sans rappeler d’ailleurs l’écriture des JacBac). Il
possède aussi un regard percutant et lucide, sensible
(sans que cela soit de la sensiblerie) et pudique (et
pourtant les dialogues possèdent aussi leur cruauté
qui fait mouche !), tantôt drôle et léger, tantôt
plus grave... Bref un regard suffisamment personnel et
inspiré pour qu’on ait envie de suivre sa carrière…
Un joli premier film à voir donc !
Cathie
Français –
1
h 42 – Sortie le 16 Juin 2004
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