cinéma

Le sourire de ma mère de Marco Bellocchio  

 

 

    Devoir de rattrapage en ce début d’année 2003 avec ce film superbe, mystique et énigmatique, signé Marco Bellocchio superbement filmé en clair-obscur, imprégné d’art et de religiosité, à la fois subtil, complexe et mystérieux dans lequel on plonge les yeux grands ouverts.

    Ernesto, peintre, apprend avec stupeur que le procès en béatification de sa mère est en cours depuis trois ans. D’elle, assassinée par un frère dément, il ne garde que le souvenir d’une femme presque idiote. Autour de lui, tout le monde est au courant des tractations papales mais personne ne lui en a parlé à lui, l’athée, pas même sa femme dont il est séparé et qui pose son regard vide sur Leonardo, leur fils, brutalement préoccupé par Dieu. Seul face à son art, à son fils, à sa famille et à ses démons, Ernesto doit lutter pour faire face au poids de son entourage qui le somme d’accepter cette béatification.

 

    Le sourire de ma Mère c’est le sourire d’Ernesto, le sourire par lequel arrivent les ennuis, un affront par-ci, une ironie mal placée par-là, ce sourire est l’héritage de cette mère qu’il semble fuir mais qui le poursuit sans cesse. Mais ce à quoi doit également faire face Ernesto c’est aussi l’emprise de la croyance, ennemie de la liberté auquel est confronté le fils d’Ernesto.

A la fois sombre et envoûtant le film fascine et interroge sur des mœurs qui peuvent nous sembler bien loin de nous mais qui paraissent subsister dans un certain milieu, une certaine aristocratie italienne contemporaine.

 

    Sergio Castellito, l’acteur principal, homme au cœur de la tourmente, du système implacable auquel il semble lié malgré lui, se révèle être parfait dans son rôle de résistant. Le visage expressif, le regard vague, il peut évoquer un personnage de peinture classique.

Et dans ces ambiances pesantes, dans ces décors grandioses dignes des siècles passés, Marco Bellocchio nous donne son point de vue sur l’Italie contemporaine face au retour du religieux et du mystique, dans une société où l’art pourrait être le salut et le moyen de lutter contre l’obscurantisme ambiant. Un film discret mais envoûtant à bien des égards.

 

Benoît