Les
sentiments
de
Noémie Lvovsky
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Version revisitée de « La femme d’à côté »
(film de François Truffaut), ce film de Noémie
Lvovsky parle d’une passion adultère qui démarre
dans l’allégresse mais se termine mal... Jacques
et Carole sont mariés depuis une vingtaine
d’années, avec deux enfants, quand vient
s’installer dans la maison voisine un jeune couple
nouvellement marié. François, médecin comme Jacques,
doit lui succéder et reprendre sa clientèle. Pendant
ce temps là, les deux femmes deviennent amies. Et les
deux couples se fréquentent de plus en plus souvent…
Comme cela se passe fréquemment, la tentation étant à
portée de mains, l’épouse de l’un devient la maîtresse
du mari de l’autre, et le jeu des sentiments se
complexifie…
Derrière un humour tonique, fantaisiste et parfois
burlesque, Noémie Lvovsky fait de ce film une
comédie survoltée et décalée, où les émotions ont
la grâce... La passion amoureuse, innocente et ici
magnifiée (notamment de par le jeu d’Isabelle Carré
et de Jean-Pierre Bacri, beaucoup plus solaire
que d’habitude), finit « forcément » par
faire souffrir et par s’avérer éphémère… et on
aurait quand même aimé une fin plus souriante et moins
prévisible.
Au niveau du traitement, le visuel et le sonore ont
chacun ici la part belle ! Entre la diversité des
couleurs, chaudes et toniques, qui habillent les décors
et les vêtements, la pétulance d’un chœur antique,
bien déjanté lui aussi, dont les chants viennent
ponctuer l’histoire, quelques scènes d’humour
absurde qui nous semblent complètement naturelles (le
chinois, le chinois !!…), et un quatuor
d’acteurs au diapason, le spectateur en prend plein
les mirettes, et se laisse séduire par ce film
intelligent et bourré de charme… Mention spéciale à
Nathalie Baye, dans le rôle d’une fantaisiste
loufoque sympathique comme on aimerait en rencontrer
plus souvent… rôle qui pourrait bien lui valoir un César,
si tant est que la comédie soit un genre apprécié par
les jurys…
Noémie Lvovsky
a peut-être lu « l’arc-en-ciel des couleurs »
de Dominique Noguez ; toujours est-il que
cette comédie fofolle, rose, rouge, orange, violette et
(quand même) noire, ne se refuse pas ! D’autant
que derrière les rires (fréquents ! pour ma part,
la salle était souvent pliée en deux…), les
dialogues plutôt enlevés, et le rythme trépidant du
film, perce un discours subtil (et plutôt éloigné des
clichés habituels) sur le couple.
Bref, une comédie ambitieuse et intelligente, particulièrement
réussie et qui nous enchante, nous séduit et nous
laisse un peu mélancoliques... Un opéra-tragédie
derrière une façade de légèreté enjouée…
Cathie
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