Memories
of Murder de Bong
Joon-Ho
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Voici
un polar comme le cinéma nous en offre rarement. A des
kilomètres de celui qu'Hollywwod nous balance à
longueur d’années Memories of murder est un
film follement original, saisissant, mis en scène avec
brio et servi par des acteurs puissants. En plus de nous
faire découvrir un réalisateur talentueux (Bong
Joon-Ho),
Memories of murder réunit tous les ingrédients
pour entrer dans la catégorie "classiques du genre".
Nous sommes en 1986, dans la province de Gyunggi en Corée
du sud. Un serial
killer sévit dans cette campagne plutôt reculée en
violant puis étranglant ses victimes à l’aide de
leurs sous-vêtements et selon un rituel bien précis.
Sur l’affaire, l’équipe de la police locale piétine
et accumule les maladresses, n’hésitant pas à
torturer des innocents, histoire de trouver un coupable
idéal. Mais c’est sans compter sur un jeune policier
venu spécialement de Séoul, aux méthodes moins expéditives
que celles de ses collègues, qui va tenter, grâce à
une analyse plus fine de la situation, de démasquer le
dangereux criminel.
N’y allons pas par quatre chemins, avec Memories of
murder Bong
Joon-Ho réalise
un petit chef-d’œuvre de polar comme il nous arrive peu
souvent d’en voir.
Tout
d’abord dans sa forme : le réalisateur nous
propose une mise en scène soignée, installant ses
personnage dans un Corée étrange et intemporelle,
jouant beaucoup sur les éléments naturels (la pluie,
la forêt). Les décors sont aussi très beaux : on y
voit des bureaux aux couleurs sombres et datées (gris,
kaki...) qui nous ramèneraient presque au temps des
polars de JP Melville.
Le scénario, à la fois très simple et très habile,
laisse planer le doute jusqu’à la dernière minute et
nous offre un suspense de tous les instants. Mais
surtout ce qui est remarquable c’est la progression très
intéressante du film. Au départ on est plutôt dans la
parodie de film policier avec des situations souvent
absurdes, des scènes de violence gratuite hilarantes
(on pense à Kitano) et des flics qu’e l'on a
pas vraiment envie de prendre au sérieux. Et plus le
film avance, plus l’intensité dramatique se fait
sentir. Plus cette histoire s’épaissit et plus les
personnages prennent du corps. Jamais traités comme des
hommes infaillibles à qui ne rien résiste, ces
policiers gardent tout au long du film une taille résolument
humaine qui donne un dimension encore plus grande au
film.
Film impeccable, Memories of murder convainc dans
tous les domaines et installe Bong
Joon-Ho
comme un cinéaste de référence avec un film
passionnant et d’une grand richesse stylistique, salué
à juste titre par le grand prix du dernier festival de
Cognac.
Benoît
Corée
- 2h 10 - sorti le 23 juin 2004
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