cinéma

Monsieur Schmidt d’ Alexander Payne  1/2

 

    A l’heure où le dossier des retraites provoque un large débat et beaucoup de polémiques en France, la vision de Monsieur Schmidt ne pourra certes pas passer pour une incitation au départ en retraite.

    En effet, le film démarre avec la cessation d’activités de Warren Schmidt (Jack Nicholson) qui travaillait comme courtier dans une grande société d’assurances implantée à Omaha (Nebraska). Il perd peu à peu tous ses repères, et sa déstabilisation empire le jour où sa femme meurt accidentellement. Son seul contact devient alors les relations épistolaires qu’il démarre et entretient avec un jeune orphelin tanzanien Ngudu par le biais d’une association humanitaire. Partant pour se rendre au mariage de sa fille unique à Denver, il entreprend un voyage buissonnier, sorte de retour aux sources (sa ville natale, son université), prétexte à des rencontres souvent étranges et cocasses. L’aspect drolatique du film cumule avec la  confrontation avec son futur gendre et sa famille, belle brochette de beaufs à tendance new age. Il serait néanmoins faux de limiter Monsieur Schmidt à ce seul côté léger et décalé, car le film, à travers le personnage de Jack Nicholson, est surtout une belle réflexion sur le temps qui passe, la vie qui s’en va et le sens donné à sa propre vie.

     Jeune réalisateur et scénariste américain, Alexander Payne est surtout connu ici pour l’écriture du scénario de Jurassic Park 3 ; ses propres œuvres Citizen Ruth (1996) et L’arriviste (1999) n’ayant pas eu de diffusion très large en Europe.

    Bonifié par l’âge, l’expérience, ayant dégraissé son jeu de son cabotinage maladif et de ses mimiques parfois insupportables, Jack Nicholson, sans doute un des plus grands acteurs actuels, est absolument formidable dans ce film, où il joue sur pas mal de registres différents, à la fois drôles et graves ; mais le côté décalé, pas concerné, un peu en retrait est irrésistible. Nicholson, c’est aussi une gueule ( ah, le fameux sourcillement !!), une présence, grâce auxquelles des films aussi variés que Chinatown, Shining, Vol au-dessus d’un nid de coucous, ou plus récemment Crossing Guard, Mars attacks ou The pledge font désormais partie du patrimoine cinématographique.

    Dans les rôles secondaires, signalons Kathy Bates (la mère du futur gendre de Nicholson) actrice américaine issue du théâtre, longtemps cantonnée dans de petites prestations, dont celle de Molly Brown dans Titanic qui lui procure ne véritable popularité.

     A son retour de Denver, après un beau voyage (très belle photographie des plaines américaines) et après un mariage épique, Warren Schmidt, plus amer et désabusé que jamais, émet des doutes sur son utilité, et donc le sens à donner à sa vie même finissante.

    Mais, comme rien n’est jamais simple et que le hasard peut faire changer bien des choses, le film se clôture par une belle lueur d’espoir, poignante et authentique parce qu’elle nous confirme la vraie personnalité du héros, déjà ébauchée à travers quelques scènes antérieures.

Patrick