Narc
de Joe Carnahan
On associe souvent le nom de la ville américaine
de Detroit à l’industrie automobile de masse et également
au berceau de la techno et la house et on n’a pas dès
lors beaucoup d’idées sur cette ville elle-même.
Dans ce film policier et indépendant, l’action se
situe donc à Detroit, plus exactement dans ses
bas-fonds, ses banlieues insalubres où le chaos se
dispute à l’insécurité et la violence la plus
primaire. Ce Detroit est d’ailleurs farouchement
proche de celui qui servait de toile de fond à 8
Mile, le brûlot et premier essai transformé du
rapper Eminem.
Après une bévue qui a causé la mort
d’un nouveau-né, l’officier Nick Tellis (Jason
Patric) se retire de la police et survit
difficilement avec sa femme et son bébé. Mais
lorsqu’ un ancien collègue est abattu, il reprend
presque malgré lui le collier, faisant équipe avec
Harry Oak (Ray Liotta, magistral en flic
ventripotent, quasiment revenu de tout) et mène une enquête
à rebondissements, qui l’entraîne lui et Oak au cœur
même des pires trafics, des magouilles les plus sombres
et des compromissions les plus affligeantes.
Le futur réalisateur de Mission Impossible 3, nouveau
protégé de Tom Cruise (qui produit d’ailleurs
Narc), signe ici un film très noir, violent,
sans concession. La scène d’ouverture, qui relate la
bévue de Tellis, en est une belle illustration :
montage serré et vif, caméra à l’épaule, décor
labyrinthique de petites ruelles sombres. Les couleurs
de Narc vont du gris au bleu acier, seulement et
rarement entrecoupées de tons plus chauds (orange,
rouge) lorsque la caméra se pose autour de Tellis et sa
petite famille, offrant alors de salutaires bulles
d’oxygène dans ce film haletant, qui sait diffuser
une angoisse quasi permanente et surtout croissante grâce
à un suspense bien mené et une mise en scène réellement
efficace.
Décidément, le cinéma américain sait encore nous
surprendre en nous proposant ce genre de film nullement
préfabriqué ou bêtement stéréotypé. Bonne surprise
de cet été, somme toute, décevant en matière cinématographique,
Narc qui sera sans doute passé très rapidement
sur les grands écrans ne souffrira pas d’être redécouvert
en dvd par exemple.
Patrick
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