Novo
de Jean-Pierre
Limosin
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La perte ou l’absence de mémoire a inspiré quelques
bons films de 2002. En début d’année, Zabou
BREITMANN avec Se souvenir des belles choses nous a
déchiré le cœur avec un film sensible et personnel ;
puis il y a eu L’ homme sans passé de Kaurismaki,
film burlesque et humaniste.
L’action se passe ici à Paris ; dans une
entreprise très moderne, très cool dont on ignore
quasiment tout, un jeune homme Graham qui souffre
d’amnésie immédiate (il ne se souvient pas de ce
qu’il a fait quelques minutes auparavant) rencontre
une jeune intérimaire Irène. Cette infirmité de
Graham, au sujet de laquelle nous en apprendrons
davantage au cours du film, est bien sûr source de
quiproquos et de situations plus drôlatiques que réellement
tragiques.
Jean Pierre LIMOSIN
a un parcours très cinéphile : en effet, après
s’être occupé dans les années 70 d’ un atelier
photo et vidéo avec Alain BERGALA, journaliste
aux Cahiers du Cinéma, il réalise avec son compère Faux
Fuyants ; puis à titre personnel il met en scène
deux autres films à la teneur nettement dramatique. Il
va ensuite réaliser des documentaires sur de grands cinéastes
et réalise enfin en 1997 Tokyo eyes, film tourné
au Japon dont il se sent très proche sur le plan
culturel et sociétal.
Et
d’ailleurs, il est vrai que nous retrouvons dans Novo
cet aspect un peu lisse, esthétisant surtout et
technologique du cinéma japonais.
La
principale qualité du film est certainement sa légèreté,
sa frivolité. Ceci est d’abord provoqué par le
sujet, cette rencontre qui redémarre chaque jour, comme
une nouvelle première fois, mais aussi par le jeu très
physique, au sens exposition des corps, et très mutin
des deux acteurs.
Graham (ou Pablo ?), c’est Eduardo NORIEGA,
bel acteur espagnol peu connu en France, hormis pour
l’avoir vu dans le film mexicain de Guillermo del
TORO : L’échine du diable.
Irène,
c’est la splendide Anna MOUGLALIS, actrice très
intello puisqu’elle a suivi des cours en hypokâgne et
d ‘art d’ art dramatique, avant de
s’embraquer dans l’aventure du cinéma avec sa présence
sulfureuse dans Merci pour le chocolat de Claude
CHABROL, puis plus récemment sa participation à La
Vie Nouvelle, dernier brûlot de Philippe
GRANDRIEUX.
Ce film est une vraie bouffée d’oxygène, il offre à
voir une histoire d’amour sans prise de tête
psychologique, avec de beaux acteurs et jamais les scènes
déshabillées, nombreuses au demeurant, apparaissent
comme sordides ou vulgaires. Outre Anna MOUGLALIS,
les autres femmes du film, Nathalie RICHARD et Paz
VEGA notamment, sont toutes aussi belles à
regarder, élégamment vêtues, chantres d’une
certaine jeune féminité que les films français ont
parfois tendance à trop négliger.
Magnifiquement
mis en lumière, jolis intérieurs et belle nature à
l’extérieur, Novo est tout simplement rafraîchissant,
gouleyant comme un bon verre de vin blanc et ne souffre
donc absolument pas que vous alliez le déguster à
pleine bouche.
Patrick
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