Respiro de
Emmanuelle
Crialese
1/2
Précédé
d’une réputation grandissante et d’un succès public
inattendu en ce début d’année, relayé par une
critique généralement positive, j’ai fini par aller
voir le film italien, événement du moment.
Cette histoire
d’une famille habitant sur une île perdue au sud de la
Sicile déstabilisée par une mère fantasque et
irresponsable m’a peu captivé, peut-être du fait
d’une attente trop longue et d’espérances trop vives.
Certes, Emanuele Crialese,
jeune diplômé du département cinéma de l’université
de New York, sait tenir une caméra et montre aussi son
amour pour son pays natal, dont Respiro salue son
retour. Mais tout cela a une dimension un peu trop carte
postale ou clip touristique : couleurs magnifiques,
mer turquoise, paysages merveilleux qui laissent une
impression de trop bien, de perfection.
L’actrice principale, la très
jolie Valéria Golino, nous a quand même habitué
à bien mieux par le passé, par des rôles différents et
des choix judicieux et exigeants : sa composition
dans Storia d’amore lui valut d’entrée le prix
d’interprétation féminine au festival de Venise en
1986 et ses prestations dans Les lunettes d’or
(1988), Rain man (1988), The indian runner
(1991) ou encore Ce que je sais d’elle d’un simple
regard (2000) dessinent bel et bien une carrière
internationale, choisie avec détermination et bon goût.
Ce qui me
semble cruellement manquer à ce film, c’est tout
simplement un bon scénario qui donne tant soit peu d’épaisseur
à des personnages ternes et fades, ce qui est plutôt un
comble sur cette île noyée de soleil.
Cette mère manifestement malade,
aux réactions imprévisibles, qui voue une véritable
passion pour ses trois enfants avait tout pour devenir un
beau personnage dramatique. Las, ici nous avons droit à
des scènes répétées de jeux enfantins, de pêche et de
prises sous-marines hautement symboliques, accompagnées
d’une musique très mode.
Sa fuite consécutive à son
refus d’être internée à Milan n’entraîne même pas
de vrai suspense et le happy end finit par aplatir définitivement
ce film esthétisant sur tous les plans (décors et
acteurs), mais totalement insipide et vain.
Par ailleurs, peu de clichés
nous sont épargnés : le jeune garçon véritable
macho qui veut régenter les relations amoureuses de sa sœur
aînée frôle le ridicule, sans parler de l’image de
dragueurs invétérés et peu subtils des siciliens.
Le seul mérite de ce film sera
sans doute de vous donner une juste envie d’aller découvrir
le sud de l’Italie ou la Sicile. En attendant ces
vacances, profitez en pour (re)découvrir quelques joyaux
du cinéma italien.
Patrick
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