La
localisation du film : Sarajevo, ville
meurtrie et défigurée par des années de guerre
et la récompense suprême au dernier festival de
Berlin où il obtint l’Ours d’or avaient donc
tout pour attirer le spectateur noyé une fois
encore sous l’avalanche des sorties
hebdomadaires.
Quitte
à faire un choix, ne faites pas celui-là et épargnez-vous
la vision d’une oeuvrette sans invention et sans
relief, alors que son thème principal aurait pu
en dégager. Quoi de plus fort en effet qu’une
relation entre une mère courage élevant seule sa
fille, adolescente boudeuse et bagarreuse, en quête
effrénée d’un père dont on lui répète à
l’envi qu’il est mort en héros. Pour récupérer
l’argent nécessaire à payer l’excursion
scolaire de sa fille Sara, Esma accepte de devenir
serveuse dans une boîte de nuit minable, aux
ordres d’un patron joueur et de ses sbires
magouilleurs. De son côté, Sara se lie d’amitié
avec Samir, un garçon de son école lui aussi
orphelin. Ils font ensemble l’école buissonnière,
jouent avec l’arme du père de Samir au milieu
des immeubles bombardés et désaffectés de la
capitale bosniaque.
Passée
la scène d’ouverture magnifique, lent
travelling sur des visages de femmes aux yeux fermés,
recueillies ou enfermées dans leurs secrets les
plus honteux, bercées par une mélopée triste, Sarajevo,
mon amour abandonne le lyrisme pour une
chronique sans surprises de la vie d’Esma et sa
fille. Sarajevo, le plus souvent sous la neige qui
recouvre ruines et gravats, est juste une toile de
fond, un décor fugace de quelques scènes extérieures
au raccord parfois incohérent – enchaînement
de scènes qui passent du jour à la nuit sans
logique.
Il
faut attendre le dernier quart d’heure où la révélation
cathartique d’un secret enfoui et terrible donne
enfin de la vie et de la chair à un film jusque-là
étrangement désincarné. Dans les larmes et les
cris, les gestes décisifs et symboliques, la réconciliation
s’opère et surtout Esma à la réunion des
femmes au Comité d’identification des cadavres
(mari, père ou frère) peut sortir de son mutisme
dans une confession rédemptrice.
Mélo
pas toujours subtil, qui a oublié la mise en scène
pour un filmage plat et linéaire, Sarajevo,
mon amour, même s’il reflète de belles
intentions au service d’un cinéma manquant
cruellement de moyens, n’est pas à la hauteur
de ses ambitions affichées et finit donc par décevoir.
Patrick
Braganti
Drame
autrichien – 1 h 30 – Sortie 20 Septembre 2006
Avec
Mirjana Karanovic, Luna Mijovic, Ermin Bravo
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