cinéma

Spider de David Cronenberg         1/2

     

    A quelqu’un qui ne saurait pas que Spider est le dernier film de David Cronenberg il serait aisé de faire croire qu’il s’agit en fait du dernier David Lynch tant l’univers de ce film offre des similitudes flagrantes avec l’univers Lynchien.

En effet comment ne pas penser à Mulholland Drive en voyant Spider, le personnage central du film errer dans cet univers mi-réel, mi-rêvé. Comment ne pas penser à Camilla en observant notre héros essayant de retrouvé un passé trouble à travers ses souvenirs plus ou moins clairs. Et ces séquences qui se répètent à l’infini, ce petit carnet que Spider revient chercher sous le tapis sas arrêt, autant de similitudes avec le dernier Lynch ne pouvait donner qu’un film superbe et angoissant à souhait.

 

    Après Existenz, dans lequel il donnait sa version de l’univers du jeu vidéo, Cronenberg reste une nouvelle fois dans le cerveau humain (duquel il n’est pour ainsi dire jamais sorti) et adapte un roman de Patrick Mc Grath pour se plonger dans le cerveau schizophrénique d’un homme seul arrivant dans un foyer de malades mentaux, pas très loin de l’endroit où il vivait étant jeune. Il va alors se confronter à son douloureux passé qui l’a vu voir disparaître sa mère, assassiné qu’elle fût par son père au profit d’une femme vulgaire désireuse de prendre la place de cette mère. En fréquentant les lieux de son enfance, les souvenirs refont surface et petit à petit la mécanique du cerveau va permettre de remettre les choses en place et ainsi apporter une nouvelle vision des choses.

 

    Dans une ambiance moite et malsaine, Cronenberg tisse un récit limpide dans une mise en scène froide, lente et mécanique d’une très grande beauté, tout en progression qui font de ce film un objet cinématographique d’une pureté parfaite et d’un esthétisme sombre et glacial à couper le souffle. Dans un univers urbain claustrophobique rappelant certains épisodes de The Avengers (Chapeau melon et bottes de cuir) évoluent des personnages effrayants et inquiétants auquel semble être confronté Spider, avec lesquels il doit lutter pour connaître cette vérité qui le hante depuis toujours.

Ralph Fiennes, acteur reconnu par ailleurs, notamment pour son rôle dans La liste de Schindler, joue ici à la perfection ce personnage de schizophrène moite mâchant ses mots grognant quasiment du début à la fin.

 

    Film secouant, film dérangeant ou malsain, Spider l’est sans doute ; mais c’est par sa forme qu’il se distingue véritablement, par ses ambiances, par sa construction intelligente, par emboîtements successifs, par les questions qu’il amène que Spider est véritablement un des films les plus captivants de cette année 2002. A la fois calme extérieurement et bruyant intérieurement, ce film scrute  les méandres de notre esprit et fait de Cronenberg, encore aujourd’hui, un cinéaste surprenant et de tout premier plan au même titre que par exemple... David Lynch.

 

Benoît