cinéma

Sunshine de Danny Boyle

[1.5]

 

 

Danny Boyle, Danny Boyle... Impossible de se rappeler... Ça nous dit bien quelque chose, pourtant. Mais oui! Danny Boyle est le réalisateur de Petits meurtres entre amis et du percutant Trainspotting. Mais, depuis, Danny nous inquiète un peu. Il s'est planté avec La plage, puis a  légèrement redressé la barre avec 28 jours après, odyssée bancale dans une Angleterre dévastée par un virus. Alors, à l'arrivée de Sunshine, on ne sait plus trop quoi attendre.

 

L'histoire se défend, même s'il ne faut pas trop chercher la petite bête de la vraisemblance scientifique. Le soleil est mourant, la vie terrienne prend un sacré coup de froid et est menacée d'extinction. Tous les espoirs ont été placés en une expédition spatiale nommé Icarus II: un vaisseau spatial transporte une bombe gigantesque destinée à être propulsée au centre du soleil et à ranimer sa flamme vacillante. Une première mission, Icarus I, a échoué sept ans plus tôt, pour des raisons inconnues. Le film débute alors que le vaisseau entre dans la zone qui ne permet plus de communication avec la Terre. Aux alentours de Mercure, les huit membres d'équipage détectent un signal de détresse en provenance d'Icarus I. Après un débat houleux, ils décident de sortir de leur trajectoire et de se diriger vers la première expédition, expérant ainsi récupérer la bombe inutilisée. C'est là que les ennuis commencent, après une erreur de calcul un peu ridicule du mathématicien du groupe.

 

Danny Boyle décline une nouvelle fois le thème des peurs primales de fin du monde et d'extinction de l'humanité: après le virus qui transforme en zombie, c'est le tour de l'extinction du soleil. Si Armageddon n'avait pas déjà fait le coup de la météorite, il en aurait fait son prochain film.

 

Mais Boyle ne s'occupe pas de la vie terrienne, il se concentre sur l'expédition et sur le huis clos que vivent les huit astronautes. Le postulat de départ est séduisant. Le début du film n'arrive pas tout à fait à nous décevoir grâce à quelques scènes presque réussies, même si déjà apparaissent les faiblesses de la direction d'acteur et des dialogues. Le psychologue fasciné par le soleil et le passage du vaisseau près de Mercure resteront comme de prometteuses scènes sans suite.

 

Malheureusement, plus le film avance et plus la psychologie simpliste des personnages, les rebondissements systématiquement tirés par les cheveux et la mise en scène maladroite viennent à bout de notre patience. Danny Boyle réussit le tour de force de réaliser une série B avec des moyens de superproduction. Le huit clos fait long feu et finit comme un pétard mouillé, ne se manifestant que par quelques réactions d'hystérie masculine. Le réalisateur s'attarde sur le grotesque parcours dans l'espace d'un cadavre gelé puis sur un suicidé aux veines tranchées, une fascination morbide qui dérange parce qu'elle n'apporte rien si ce n'est une gêne ennuyée. Grotesque encore, le personnage du capitaine de Icarus I, un humanoïde à la peau brûlée rendu fou par sept ans de solitude à bord de son vaisseau. Le choix d'en faire un fou de Dieu donne lieu à une tirade ampoulée qui arrive comme un cheveu sur la soupe, gênante tant elle sent le déjà vu. Une tirade prétexte à  transformer le personnage en machine à tuer qui persécutera les rares survivants de l'équipage, dans un très mauvais remake d'Alien.

 

Tous ces éléments rendent la fin du film extrêmement pénible en plus d'être très confuse à l'écran. Le montage et les cadrages desservent le rythme et la compréhension de l'histoire, comme si Boyle s'agitait pour masquer la nullité de son film. Aucun acteur ne surnage vraiment de la catastrophe.

 

Le résultat de tout cela, c'est que le spectateur ne se sent plus concerné, décroche et regarde d'un oeil mi-agacé mi-rigolard la fin du film. Boyle en fait trop, et le fait mal. En manque criant d'inspiration, il se complaît dans des clichés éculés qui finissent par le décrédibiliser, jusqu'à la scène de fin dont l'émotion est rendue inexistante par son caractère convenu et prévisible. Les rares bonnes idées du scénario sont mal exploitées et tombent à l'eau.

Il y avait de quoi faire un film magnifique et poétique, Boyle en a fait un pénible film catastrophe.

 

Adrien Potocnjak-Vaillant

 

Film de science-fiction américain -  1h40 - Sortie le 11 avril

Avec Chris Evans (II), Cillian Murphy, Rose Byrne...