cinéma

Sweet sixteen de Ken Loach

 

 

   

    J’avoue aimer certains rites en matière culturelle, et notamment ces rendez-vous réguliers avec des écrivains ou des réalisateurs, dont fait partie celui que je vais évoquer à présent : Ken LOACH.

 

    Réalisateur anglais né en 1936, il fait d’abord des études de droit mais très intéressé par l’art dramatique, il préfère se tourner vers le métier de comédien, puis d’assistant réalisateur. D’origine modeste, il devient très vite le fer de lance, à côté de Mike LEIGH, du cinéma social, qui prend souvent appui sur des événements réels à forte connotation socio-politique. Se limitant le plus souvent au territoire anglais, ses plus beaux films ont été jusqu’à présent Raining Stones, Ladybird, My Name is Joe ou encore Bread and Roses. Il a fait aussi deux incursions hors du Royaume Uni, pour Land and Freedom ( sur la guerre d’Espagne) et Carla’s Song (sur la révolution sandiniste au Nicaragua ).

 

    Pour la première fois, il fait d’un adolescent de seize ans son personnage principal : Liam, dont la mère est actuellement en prison, a l’idée de lui acheter une caravane en bordure d’un lac pour sa sortie, et surtout pour l’éloigner d’un compagnon trop malsain.  Mais pour mener à bien ce projet, il faut beaucoup d’argent et les petits trafics de cigarettes avec son meilleur pote ne vont très vite plus suffire, amenant à la marche suivante du trafic de came avec son lot de violences et de trahisons et son association avec le réseau de mafiosi locaux.

Dans le rôle de Liam, le jeune non professionnel Martin COMPSTON est tout simplement prodigieux de talent, offrant le double aspect d’un gamin avec ses illusions et ses rêves et celui d’un quasi-homme déterminé, volontaire et plein de ressources.

 

    Au-delà du déroulement forcément dramatique d’une telle histoire, c’est avant tout l’amour d’un fils pour sa mère qui conduit Liam à agir de la sorte.

Malheureusement, l’amour n’est pas toujours suffisamment fort pour soulever les montagnes, et Ken LOACH ancre une nouvelle fois son film dans la triste réalité des laissés-pour-compte du  libéralisme britannique, le rendant donc nécessaire, malgré sa rudesse et sa noirceur, n’oubliant jamais pour autant l’humanité de ses personnages, dont le jeune Liam n’est absolument pas dépourvu, loin s’en faut.

 

    Salué par l’ensemble de la critique comme un très bon cru, et après le très poignant All or Nothing, Sweet Sixteen prouve une fois encore la bonne santé du cinéma social de l’autre côté de la Manche.

 

Patrick