cinéma

Turning Gate  de Sang-Soo Hong1/2

 
 

    Après trois films inclassables aux titres aussi intrigants que magnifiques, Le Jour où le cochon est tombé dans le puits (1996), Le Pouvoir de la province de Kangwon (1998), La Vierge mise à nu par ses prétendants (2000), tous trois sortis miraculeusement en même temps sur nos écrans français en 2003, le Sud-Coréen Hong Sang-soo revient  avec Turning Gate, conte de la vie quotidienne, sur le désir et les amours à sens unique et en même temps la quête de soi.  Une oeuvre à la construction plus linéaire que précédemment, mais toujours aussi étrange, novatrice et hypnotique, bref, envoûtante !

 

    Très impressionnant par sa maîtrise de la mise en scène, Hong Sang-soo crée dans chacun de ses films un dispositif formel visible, mais qui ne nuit jamais à l’œuvre, bien au contraire. Cette fois-ci, il opte ainsi pour une série de panneaux verts, découpant le film en plusieurs blocs, marqués d’une phrase neutre annonçant ce qui va suivre, faisant mine de laisser au spectateur la liberté d’anticiper l’action. Et c’est aussi au début du film qu’est raconté (au protagoniste et aussi à nous-mêmes, spectateurs) le mythe de la « Porte Tournante (Turning Gate) », selon lequel un jeune roturier amoureux de la fille de l’Empereur de Chine déclencha les foudres de celui-ci qui décida de le faire décapiter. Réincarné en serpent, le jeune homme poursuivit la princesse qui se réfugia dans un temple en Corée, lui demandant d’attendre à la porte. Elle ne revint jamais. Le serpent tenta bien sûr de pénétrer dans le temple, provocant le tonnerre, les éclairs et la pluie qui l’obligèrent à fuir.

 

    Dans la première partie du film, Gyung-soo, acteur trentenaire vivant à Séoul et victime de son premier échec professionnel, part en province rejoindre son ami Sung Woo. Par son entremise, il rencontre une charmante demoiselle, Myung-sook, qui cherche à le séduire lors d’une surprenante scène de danse. Alors que la très charnelle Myung-sook s’éprend de façon de plus en plus obsessionnelle de Gyung-soo, ce dernier se résout à la fuir.

 

    Dans un second temps, Gyung-soo, lors de son voyage en train l’éloignant de celle qui l’aimait, fait une nouvelle rencontre avec sa superbe voisine de compartiment, Sun-young. Il décide de la suivre en secret...

 

    Dans Turning Gate, Hong Sang-soo joue avec finesse sur la répétition, la symétrie et l’inversion des situations et des sentiments et crée un savant jeu de miroir qui captive le regard du spectateur de la première à la dernière image.

 

Yann