Un
couple épatant de
Lucas Belvaux
Premier
volet d’une trilogie dont les deux autres sortiront la
semaine suivante, ce film, tiers initial de ce curieux et
fou projet de Lucas BELVAUX a beaucoup pour séduire.
On n’a pas si souvent l’occasion de voir 3 films
d’un même réalisateur à si peu d’intervalles.
Pour mémoire, la trilogie de Kieslowski : Trois
Couleurs, Bleu, Blanc, Rouge qui date de 1993 était
tout de même sortie sur plusieurs mois.
A Grenoble, un couple très à l’aise : Cécile,
prof et Alain, patron d’une entreprise de haute
technologie a tout pour être heureux, si ce n’était le
caractère très angoissé, voire paranoïaque de Cécile
qui va à l’être à l’origine d’une avalanche de
situations rocambolesques, suite à une sorte de
quiproquo. Inutile de vous signaler qu’une telle amorce
de scénario ne souffre aucun autre développement, sous
peine de révéler le déroulement de ce film.
Lucas BELVAUX,
Belge d’origine, d’une quarantaine d’années a abordé
le monde du cinéma par le métier d’acteur. Nous avons
pu le voir notamment chez Claude CHABROL : Poulet
au vinaigre et Madame Bovary, ainsi que devant
les caméras d’Olivier ASSAYAS pour Désordre.
Puis, au début des années 90, il va se tourner vers la réalisation
de films : Parfois trop d’amour, en 1992 et Pour
rire en 1997.
Il
y fait preuve d’un vrai sens de l’observation, d’un
bon emploi des comédiens et d’un réel goût de la dérision,
du non-sens aussi ; des caractéristiques dont ce
nouveau film n’est absolument pas dépourvu.
Il
est aussi servi par une pléiade d’acteurs tous très
bons, en tête desquels il faut placer Ornella MUTI
(Cécile) et François MOREL (Alain).
Il
serait injuste de réduire Ornella MUTI à sa seule
plastique, elle que nous avons pu voir dans des films de Marco
FERRERI, mais aussi de Francesco ROSI, de Georges
LAUTNER ou de... Lucas BELVAUX. Elle fait
preuve ici d’une bonne santé, d’un vrai caractère
latin, incendiaire et autoritaire.
Quant
à François MOREL, son taux de notoriété n’a
pas les mêmes causes que sa charmante partenaire, mais
trouve ses origines dans ses participations inoubliables
dans la troupe des Deschiens, surtout relayées par
Canal+, et grâce à ses rôles au cinéma dans des
registres souvent différents (Le bonheur est dans le
pré – Alliance cherche doigt – Ah si j’étais riche !).
Ici, son côté lunaire, hypocondriaque, un peu hors de
ses pompes emporte une adhésion totale, qui n’est pas
sans rappeler les prestations d’un Jean Pierre LEAUD.
Les
seconds rôles : Valérie MAIRESSE, Dominique
BLANC et Bernard MAZZINGHI tiennent aux deux
principaux la dragée haute dans ce film absolument
jubilatoire, très bien construit, pendant lequel on rit
à gorge déployée, transportés par tant de trouvailles
et de rebondissements, tour à tout subtils et fort élégants.
Lucas
BELVAUX
renoue ici avec le genre difficile et éminemment
casse-gueule de la comédie algébrique, traitée de manière
infiniment élégante et ondoyante.
Autant
avouer à l’heure où je rédige ces quelques lignes mon
impatience à retrouver la plupart de ces acteurs dans les
deux films suivants : Cavale et Après la vie, dont
les propos qui s’annoncent moins légers n’en
demeurent pas moins pour autant attractifs.
Patrick
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