Un
long dimanche de fiançailles de Jean-Pierre
Jeunet1/2
|
|
|
|
Quand le réalisateur de Delicatessen et d’Alien
4 décide de s’attaquer à l’adaptation ciné du
très beau roman de Sébastien Japrisot, le résultat
donne un film au budget record de 46 millions d’euros
pour ce qui restera comme la plus grosse production française
de l’année. Alors après ça est ce qu’on a tout
dit ? Pas tout mais presque…
L’histoire
raconte comment une jeune fille amoureuse de son fiancé,
parti sur le front, va tenter de faire la lumière sur la mort de 5 soldats condamnés à morts durant
la guerre 14-18 pour mutilation volontaire et envoyés
en pâture aux soldats allemands dans le no man’s land
qui sépare les tranchées des deux lignes
ennemies.
Telle une enquêtrice obstinée, la belle Amélie
Poulain (pardon Mathilde) va remuer ciel et terre afin
de retrouver celui qu’elle croit toujours en vie.
Comme
il était à craindre étant donné l’enjeu financier
du projet et de l’obligation de résultat, Jean-Pierre
Jeunet nous sert, avec ce film, du réchauffé d’Amélie
Poulain.
Avec Un long dimanche de fiançailles, le réalisateur
ne prend ici aucun risque et c'est ainsi que Jean-Pierre nous fait
son jeunet pendant plus de deux heures et ça sans la
moindre surprise :
une
histoire d’amour sur fond de guerre dans une France de
vielle carte postale avec son teint sépia de rigueur.
La
mise en scène est identique à celle d’Amélie
Poulain. Et malheureusement les tics habituels du
cinéma de Jeunet écrasent plus que jamais l'histoire qui est,
en réalité, beaucoup plus palpitante dans le livre
(que j'avais lu livre il y a une dizaine d'années) et
qui renferme en lui un aspect sombre et déprimé qui ne
ressort pas vraiment dans cette adaptation.
Bref, on baille pas mal en regardant ce film qui manque
copieusement d'épaisseur et d'émotion pour une histoire
qui, comble du comble, en est le ressort principal. Et malgré toute cette brochette un
peu trop épaisse d'acteurs (Clovis Cornillac, Denis
Lavant, Jodie Foster, Marion
Cotillard,
Jean-Pierre
Darroussin)
très peu sortent du lot car utilisés plus comme des
figurants autour du personnage omniprésent d’une Audrey
Tautou sans surprise (Ticky Holgado et
Dupontel s’en sortent tout juste).
En
point d'orgue on notera une musique signée Badalamenti
à l’opposées de ce qu'était celle de Yann
Tiersen : lourde et saoulante comme jamais.
Pour résumer, je dirais que ce film c'est un peu "Amélie
Poulain à la guerre 14"… Il manque juste Kassovitz
dans le rôle du fiancé disparu !
Au
final on dira que Un long dimanche de fiançailles
est un gentil film du dimanche soir et que Jeunet
ferait bien désormais de laisser un peu de coté ce qui
nous avait enchanté dans Delicatessen pour nous
montrer qu’il est aussi capable de faire du cinéma
d’une autre manière.
Benoît
Richard
Français –
2h14 – Sortie le 27 octobre 2004
|