Fog
- 10th avenue freakout
Lex/Pias
- 2005
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Ce très beau disque ravira autant les
amateurs de musique folk, pour sa douceur et ses
murmures, pour cette impression de confidence faite à
l’auditeur, que ceux qui ne jurent que par les
artistes décalés de Ninja Tune ou d’Anticon.
Fog est en effet à la croisée de ces chemins,
et son nouvel opus apporte un réjouissant ajout à la
richesse de ces deux écoles du son.
Après avoir collaboré avec Why ? sur
l’album d’Hymie’s basement, joyeux
foutraque hip-pop, puis avec Dose One sur son
premier album éponyme (Fog), voici le trublion
chez Lex, ce qui ne surprendra finalement
personne.
Ce qui surprendra davantage, c’est peut-être la tonalité
générale de l’ensemble : Fog s’éloigne
de l’expérience Anticon pour se rapprocher
d’un très étrange folk électronique, à la fois très
expérimental et très doux, très travaillé et très
naturel, très barré et très accueillant, froid en
apparence et extrêmement délicat à l’écoute. Ce
disque est le réel pendant « électronique »
à la sauce Lex du « renouveau » folk
qui se répand depuis un peu plus d’un an. Ici, Fog
a retenu de ces musiques leur dimension sentimentale :
il semble murmurer son spleen à nos seules oreilles,
soutenu par ses constructions alambiquées mais remplies
de musiques charnelles : on entend beaucoup les
beats synthétiques, mais ils s’allient d’abord à
cette voix fragile sans être mièvre, et surtout à
d’autres instruments que ne renierait pas un Sufjan
Stevens par exemple : quelques accordéons, des
instruments à vent discrets mais récurrents, une
guitare sèche, etc…
L’ensemble se révèle alors très équilibré : les
amateurs d’expérimentation seront servis et
s’installeront rapidement dans cet univers, et les
puristes de la douceur musicale découvriront que les
alliances sont parfois aussi riches que le dépouillement
folk guitare/voix.
On peut alors parler de balade, non pas le genre musical,
mais bien la promenade en compagnie d’un chanteur
visiblement intimidé par sa voix, mais attiré par les
constructions soniques les plus inattendues. La cohérence
du projet laisse pantois, et l’effet déstabilisant
des premières écoutes finit par devenir un réel bien-être,
un sentiment d’accueil délicat que ne provoquent pas
tous les auteurs expérimentaux. Si la majorité des
sorties Anticon par exemple nous accueille au
milieu d’un bordel fascinant mais parfois épuisant,
alors Fog serait le voisin qui a quitté le chaos
pour l’épurement, sans pour autant avoir oublié son
passé agité : un être fidèle en quelques
sortes, qui nous ravit en distillant son électro au
milieu de ses sons étouffés de piano…un esthète,
quoi…
Matthieu
Jaubert
Tracklist :
Can you believe It
We’re winning
10th avenue freakout
The rabbit
Song about a wedding
Holy holy holy
The smlall burn
Hummer
O telescope
Goody gundrops
The poor fellow
A murder
The
holly gully
Durée
: 59’09
Date
de sortie : mars 2005
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