musique

5 + 5 =...Pierre Bessero

5 disques du moment + 5 disques pour toujours

27 avril 2007

 

 

musicien prolifique et mélomane averti, Pierre Bessero que l'on connait sous le nom de Pierre et que l'on a découvert récemment en groupe avec ses Urchins, nous plonge aujourd'hui dans sa discothèque personnelle pour en ressortir quelques-uns des albums qui comptent pour lui. 

Rarement un invité au "5+5" nous aura parlé avec autant de passion de la musique qu'il aime...

 

 > 5 disques du moment

 

 

Bob Dylan : Blonde on blonde (1966)

"Ca fait très longtemps que j’ai ce disque (en fait il est à Marie), je l’ai écouté des tas de fois mais je n’arrive pas à entrer dedans, sauf quelques chansons : Visions of Johanna, et Sad-eyed lady of the lowlands évidemment. J’ai le même problème avec Exile des Stones, un groupe que j’adore pourtant : trop long, trop de progressions blues ou folk génériques, pas assez de mélodies surprenantes… Je suis sensible aux textes de Dylan, mais ça ne suffit pas. J’ai regardé il y a peu le film de D.A. Pennebaker Dont look back qui suit la dernière tournée solo acoustique de Dylan en Angleterre en 1965… Dans ce documentaire, on se rend bien compte de l’extraordinaire personnage et du puissant musicien qu’est Dylan. Bref, ça m’a donné envie de me replonger dans BoB (comme écrivent les initiés), mais l’illumination n’est pas encore pour maintenant."

 

The Shins : Wincing the night away (2007)

"J’ai découvert les Shins en empruntant le précédent Chutes too narrow à la médiathèque l’année dernière. Je n’ai pas adhéré tout de suite, mais je suis devenu grand fan au fil des écoutes… Inversement, ce nouvel album m’a séduit dès la première écoute, puis je m’en suis lassé. Est-ce que les chansons sont moins réussies que sur le précédent ? Je sais en tous cas que certains choix de production me dérangent. Il y a sur ce disque plein de détails qui ne servent à mon sens qu’à gonfler le son, à faire un truc efficace, commercial quoi… je trouve ça dommage. Ce ne sont vraiment que des détails, une guitare en trop par ci, une voix inutilement doublée par là, mais ça me perturbe. Je pense qu’il y a quelques années je n’y aurais pas fait attention… C’est le mauvais côté d’être un musicien, on perd son innocence d’auditeur. Cela dit, je vais aller les voir en concert avec plaisir."

 

The Strokes : First impressions of Earth  (2006)

Je suis un énorme fan des Strokes, Julian Casablancas est pour moi un des songwriters les plus doués parmi les grosses têtes d'affiche du moment (je ne parle pas des textes, il paraît qu’ils sont nuls, j’avoue n’y jamais avoir fait attention). J’ai acheté l'album dès sa sortie et depuis il ne quitte pas mon lecteur MP3, je l’écoute quasiment tous les jours ! Il y a quelques chansons un peu plus faibles sur ce disque plus long que leurs premiers, mais même elles me font de l’effet, tellement l’ensemble est malin et énergique. J’étais déçu par leur récent concert au Zénith, le son était abominable et ils ne sont guère intéressants à regarder, mais ce disque est très bon.

 

Liars : Drum’s not dead (2006)

"Le meilleur groupe de rock du monde actuel pour moi. En concert c’est très fort, sur disque encore plus… Cet album ressemble pas mal au précédent They were wrong so we drowned, c’est bizarre qu’il ait eu un succès critique beaucoup plus important. Enfin, grand bien leur fasse. C’est à la fois expérimental et pop, drôle et sérieux, une irrésistible alliance des contraires."

 

The B-52’s :  The B-52’s (1979)

"J’ai ressorti cet album il y a peu… j’adore ; à une fête chez un pote il n’y a pas longtemps on a dansé comme des idiots sur Rock lobster, plaisir régressif particulièrement jouissif. C’est un des premier disques de rock que j’ai écouté et aimé, je devais avoir 11 ou 12 ans, un copain d’école m’avait prêté le premier Cure et ça en cassette originale, il les avait sûrement piqués à son grand frère. Ce disque est à la fois joyeux et inquiétant - la voix du chanteur me faisait un peu peur quand j’étais gosse - à la fois sans prétention et tout à fait maîtrisé esthétiquement."

 > 5 disques pour toujours

 

 

The Beach Boys : Smiley smile (1967)

"L’œuvre de Brian Wilson est une de mes références importantes… J’aime évidemment beaucoup Pet sounds mais cet album un peu moins connu (il y a quand même Good vibrations dessus) a ma petite préférence… Il s’agit du disque sorti à la place de Smile en 1967. On y trouve des versions beaucoup plus folles et intéressantes à mon sens que les chansons ressorties récemment par Brian Wilson sur la recréation de Smile. Quelle leçon pour l’apprenti songwriter… c’est impossible d’écrire comme ça, mais il y a plein de choses à y apprendre. Je joue quelques chansons des Beach Boys à la guitare acoustique, Surf’s up par exemple, c’est un peu difficile à faire sonner comme ça mais c’est une sorte de défi."

 

The Velvet Underground : White light / White heat (1968)

"Autre référence, pour moi c’est l’autre côté du spectre pop : aux Beach Boys la complexité de l’écriture, à Lou Reed la simplicité et la pureté de la mélodie. Bon, celui-là n’est pas leur album le plus pop… mais c’est celui que j’écoute le plus souvent. Je crois qu’il faut connaître par cœur les mésaventures de Waldo et les larsens de Sister ray pour pouvoir vraiment l’aimer. C’est marrant, Lou Reed a une réputation sulfureuse, il y a une foule d’anecdotes toutes plus atroces les unes que les autres sur son compte, ses textes sont noirs et pervers, mais dans sa voix j’entends comme dans celle de Brian Wilson un ami gai et enfantin."

 

Bob Marley & the Wailers : African herbsman (1973)

"Bob Marley, troisième référence… J’ai découvert le reggae il y a une dizaine d'années alors que je fréquentais des connaisseurs du genre qui ont fait mon éducation en la matière. J’ai rapidement surmonté mes réticences jusqu’à devenir un grand amateur à mon tour. Le reggae peut parfois être une musique austère car répétitive, il est donc recommandé pour les oreilles pop de commencer avec les productions de Lee Perry ’76-77, régulièrement originales et ludiques. Il me semble d’ailleurs que le guitariste de Radiohead en a mis plein dans la compilation reggae qu’il a récemment supervisée. Perry produit ici des morceaux qui constituent un peu l’invention du reggae, juste avant que Marley signe sur Island et connaisse le succès mondial, le son est magnifiquement lo-fi et les mélodies à tomber par terre."

 

João Gilberto : João Gilberto (1973)

"Certaines de mes chansons ont des influences bossa-nova… Antonio Carlos Jobim est un compositeur que je révère presque autant que Brian Wilson (presque parce qu’il est plus " sérieux "). João Gilberto est son meilleur interprète, avec qui il a enregistré les premiers albums de bossa à partir de 1959. Il n’existe pas de rééditions CD récentes de ces albums (en raison d’un différend juridique entre EMI et Gilberto), mais ce disque solo de João, juste accompagné par un percussionniste discret, se trouve facilement. Il chante comme il respire et joue de la guitare sans effort apparent, c’est la grâce absolue."

 

Prefab Sprout : Steve McQueen (1985)

"C’est difficile de choisir seulement 5 disques, adieu Syd Barrett et Leonard Cohen, adieu les Stones et les Stooges, adieu Marvin Gaye et Sly Stone, adieu LFO et Carl Craig… honneur à Paddy McAloon, maître d’œuvre de Prefab Sprout, parce que c’est moins connu et souvent confondu avec de la variété moche par les gens pressés alors que c’est la classe absolue. J’aime la pop dans le sens noble du terme, les chansons bien écrites, avec des mélodies accrocheuses, des constructions audacieuses… J’aurais pu choisir un Go-Betweens ou un XTC, mais c’est la voix suave de Paddy, l’extrême sophistication et la grande délicatesse qu’il fait passer dans les quelques minutes faussement futiles d’une chanson qui lui fait gagner ma préférence."

 

 

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