On
l’a écouté, dans tous les sens. Dans l’ordre, le désordre,
en lisant ou non les notes de la jolie pochette, en
parcourant les visuels d’Adrienne, en ne se focalisant que sur sa voix, puis que sur la
musique, en lisant les lyrics ou pas… Malheureusement
on arrive à peu près toujours à la même conclusion.
On n’accroche pas avec l’album d’Adrienne
Pauly. Tous les Cd’aujourd’hui de France 2,
toutes les nominations aux victoires de la musique n’y
feront rien…
Et
on a rien du tout contre cette jolie brune passée de
l’apprentie comédienne à la chanson. D’ailleurs
elle évoque, ce qui à nos yeux est une qualité, une
certaine icône (pas une caricature, non, plutôt un
digne fleuron) de
la Parisienne
contemporaine exportable en dehors des frontières :
féminine, fumeuse, évidemment femme-enfant, un poil
(dans la main) fainéante, un poil lascive, se voulant
populaire mais un brin snob, un poil narquoise et en quête
perpétuelle d’une certaine Hyyyyype. Mais sans avoir
l’air d’y toucher vraiment. Trash oui un peu (le
trash qui tâche avec de l’alcool dedans) mais trash
avec filet de sécurité et une famille à préserver.
Forte, oui, mais uniquement parce qu’il est dit
quelque part que la femme contemporaine ne saurait se présenter
autrement. Parisienne quoi, et qu’importe d’où elle
vient et où elle habite vraiment.
Question
musique, on est effectivement ici dans une certaine mode
musicale rock en vogue dans la capitale, abordée par Pauly,
avec efficacité. On songe aux Stranglers,
au pré-punk et au garage bands sixties, plus vraiment
rockab’, pas du tout yéyé, mais encore trop classe
pour être vraiment
punk. Sans atteindre des sommets d’originalité,
l’ensemble est néanmoins carrément efficace. Yarol
Poupaud en goguette de FFF
vient ici faire un tour à la batterie, accompagné de Michel
Garçon (AS Dragon) et de deux potes d’enfance
d’Adrienne : Nicolas Ulman
et (Adan?)
Adanowski.
La
voix d’Adrienne
Pauly, fatiguée, un brin jouée,évoque tantôt Patricia
Kaas (les rondeurs croonantes de ses basses hein pas
le maniérisme variétoche), tantôt Brigitte
Fontaine. On aime. Pourtant on se demande si
l’artiste ne gagnerait pas en sincérité en se lâchant
un peu plus, en tâtant plus souvent du naturel.
De
notre côté, c’est en fait au niveau des textes
qu’on a l e plus de mal. D’abord parce qu’on hésite
à savoir si Adrienne
Pauly a de la sympathie pour les personnages
qu’elle croque, si elle s’en sent proche, ou si elle
les toise de son ironie, de sa hauteur. Peut-être
s’agit-il d’une manière de dégonfler la « baudruche »
sémantique certes, mais on se demandera longtemps si la
caissière Prisunic évoquée dans un des titres aurait
vraiment pu être miss Pauly
dans un autre espace-temps ou si vraiment elle ne la
prend pas un peu pour une cruche… On en rajoute,
c’est sûr, mais on livre la sensation comme on l’a
ressentie. Et puis, toujours du côté de la rédaction,
on a la sensation tenace qui de j’ai
fait l’amour avec un con à j’veux
un mec single probables ne nous lâche pas les
baskets : n’a-t-on pas déjà entendu ça
ailleurs ? Et le constat c’est que si justement.
Plein de fois dans l’histoire de la musique (mais ça
encore bon, ce n’est qu’un éternel recommencement).
Mais plus embêtant pour Adrienne Pauly qui n’y est
malheureusement n’y est pas pour grand chose :
avec plus de rêve chez Olivia
Ruiz et Babet
récemment, avec plus de sex-appeal et d’envie dans l’eau
de Jeanne Cherhal
, plus de pertinence dans les mots du quotidien d’Emily
Loizeau. Cinq femmes, cinq disques parus à
intervalle court… des bonheurs différents pour
l’auditeur.
Allez
Adrienne,
sans rancune.
Denis
Verloes
Tracklist
01.
Pourquoi
02.
La fille du Prisunic
03.
L’amour avec un con
04.
C’est quand
05.
J’veux un mec
06.
Dans mes bras
07.
Méchant Cafard
08.
Vas-y viens …
09.
Nazebroke
10.
Chut
11.
L’herbe tendre
Durée :39’
47’’
Date
de sortie : octobre 2006
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Adrienne
en live avec le Hiboo
Adrienne
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Adrienne
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