musique

Lily Allen - Alright, still

Regal/Emi

[4.5]

 

 

Elle à 20 ans à l’heure de la sortie de son premier album. Elle vient de Hammersmith en Grande-Bretagne, quartier de Londres dont elle tire son accent cockney à couper au couteau. Comme d’autres, en ce début de nouveau millénaire, Lily est un rejeton de l’outil en ligne qui est en train de remplacer nombre de directeurs artistiques : Myspace, et son compteur de pages vue comme gage d’artiste qui suscite l’engouement.

 

Comme d’autres, Ms Allen écoute à la fois la discothèques des ancêtres : T. Rex, Specials, Blondie, les Slits, Prince, Kate Bush, les artistes sur scène à Glastonbury ; mais aussi beaucoup d’artistes drum and bass, d’autres noms de la dance non signés ou encore le rap d’Eminem. Un chaudron qui devait forcément mener Lily Allen à produire du rock punk ou du rap de "lad" britannique. En fait c’est avec un peu des deux que déboule ce Alright, still… En mélangeant une grosse rythmique héritée d’un goût pour la drum and bass, quelques lascives sonorités lorgnant vers le R'N'B, des histoires un peu sombres et un chant cockney qui rappellent forcément le rap briton de Mike Skinner pour The Streets ;  Lily Allen jette, la première,  les bases de la pop britannique pour la seconde partie de cette décennie. Des bases  qui ne sont, enfin, plus portées sur la guitare reggae des Clash ou le revival de Joy Division.

 

Une pop de nana avec des histoires quotidiennes, pas forcément roses, où des filles en club se voient harcelées par des lourdingues multiples viennent qui gratter votre numéro de mobile, alors que vous n’êtes pas encore saoule. Un flow des suburbs "so british" où des dames âgées acceptent la main tendue des ados, qui les frappent ensuite à la tête pour mieux leur piquer bijoux et  sac à main. Puis des portes fermées aussi, derrière lesquelles l’imagination noire vagabonde, quand on est obligé de parcourir la ville à vélo alors qu’on vous a retiré le permis…

 

Une sonorité d’album encore unique à ce jour, une voix qui n’a que Mike Skinner pour comparaison  -alors on se plaira à dire que Lily Allen est au rnb mondial ce que The Streets le fut un jour au rap-, une pop de tous les jours, en suburbs,  traitée par la lorgnette de l’ironie, comme le fut un jour le Parklife de Blur ; des pop songs de fille en fleur, qui sentent la bière, la drague, la rage, le poing levé et le majeur tendu : comme même la plus épicée des Spice Girls n’en a jamais écrit. Le factice du marketing en moins l’effet "c’est ma voisine de pallier qui fait de la zique" en plus.

 

Et un disque étonnement facile d’accès, moderne, novateur, franchement pop malgré son essence hip hop, pour se redonner un peu de peps (et pourtant ses thèmes…) dans une fin d’été peu propice aux tubes ensoleillés auxquels nous habituent traditionnellement nos chaînes préférées.

 

Denis Verloes

 

Tracklist

01. Smile

02. Knock’Em Out

03. LDN

04. Everything’s Just Wonderful

05. Not Big

06. Friday Night

07. Shame For You

08. Littlest Things

09. Take What You Take

10. Friend Of Mine

11. Alfie

 

Durée : 37’14

Date de sortie : 17/07/2006

 

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