musique

Bumcello - Animal sophistiqué

Tôt ou tard/Warner

[4.0]

 

 

Cinquième album pour le discret et enthousiasmant duo français Bumcello. Cinquième opus, deuxième album  pour le compte de leur troisième maison de disque, et retour avec cette agréable sensation –qui  ne fait pas le bonheur  des chefs de rayons préposés au classement des groupes dans les bacs de nos supermarchés culturels- de venir picorer à la table d’une auberge espagnole dressée avec soin mais sans aucun respect pour les convenances musicales.

 

On retrouve dans ce nouvel album la gaîté et le mélange des plats servis par le précédent opus Nude for love paru en 2002, avant, bien avant, que le duo Cyril Atef et Vincent Segal ne soit emmené par M sur les routes de l’hexagone. Ce qui frappe d’ailleurs immédiatement c’est la maestria avec laquelle Bumcello évolue dans son histoire personnelle en affirmant deux composantes. La voix de Atef s’affirme comme celle d’un vrai chanteur, d’un vrai leader de groupe rock. Le son se peaufine: au-delà d’une production d’orfèvre, le groupe parvient néanmoins à faire transparaître plus encore qu’avant la chaleur des instruments réels joués ou loopés de cet Animal Sophistiqué.

 

Composé en grande partie sur la route de la  tournée avec Chédid, Animal Sophistiqué bénéficie de l’emporte pièce des morceaux créés à l’improviste et des ambiances variées croisées au long de la route. Et , comme dans l’auberge espagnole ci-dessus mentionnée (pas le film hein, le banquet improvisé), c’est finalement l’auditeur qui choisit pour quelle partie de l’album va sa préférence sans pour autant renier les autres plages de l’album. Rock direct, abrupt, façon Pixies pour Jet set ou Animal Sophistiqué ; fricotage avec Blur pour l’introductif gogo ou avec Deus et le free jazz dans DJizzney . On y décèle aussi de très jolies et distillées appétences pour les sonorités empruntées à la world  musique sur Bombay ou Monolife qui en sus vont tailler des costards du côtés des anciens opus de Stereo Mc’s, et en filigrane de plusieurs autres titres de l’album dont plusieurs mentionnés quelques lignes plus haut. Pour parfaire le calvaire du classement en rayon, on repèrera les électro T Tris(Te) et  Let it shine qui ne devraient pas démériter sous la pogne d’un DJ ou encore Sweat sweat sweat que ce même maître de cérémonie pourra passer après un lénifiant Massive Attack.

De notre côté on ne peut s’empêcher, vieux fond popeux oblige, de repasser repasser et repasser encore les plages les plus jouissives, directes, souriantes et sautillantes. Ainsi on ondule sur X-Ing hymne à la sécurité routière, au gimmick entêtant et Dalila, chanson pop ultime à s’envoyer juste après que le patron vous aie engueulé, que votre petite amie se soit fait la malle ou dans les écouteurs dans la file à la poste. Effet zygomatique et dansant, immédiat.

 

Album métissé, maîtrisé, varié et immédiat, Animal Sophistiqué est une réflexion sur la multiplicité de l’homme moderne, ses influences, ses besoins, ses langues, ses sources d’inspiration. Mais si tous les cours de philo avaient une telle propension à la gaudriole gageons qu’on aurait été plus assidus des amphithéâtres. Totale réussite et coup de cœur pour cet album découvert un peu tard pour lui faire pénétrer notre top 20 de l’année. On se rattrapera en 2006. Promis.

 

Denis Verloes

 

Tracklist :

01. Gogo

02. Jet Set

03. Bombay

04. Djizney

05. T Tris(te)

06. Dalila

07. Animal sophistiqué

08. Let it mine

09. Sierra Mountain Top

10. X-ing

11. Sweat Sweat Sweat

12. Monolife

 

Durée : 45'

Date de sortie : 24/10/2005

 

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