Jesse Poe
n’est pas quelqu’un qui se laisse aller à la
facilité. Jesse Poe n’est pas du genre à perdre son temps à faire deux
fois la même chose. Non. Bien au contraire, Jesse Poe est quelqu’un qui a une vision bien singulière de sa
passion, tentant de défricher un grand nombre de styles
musicaux. Et à chaque fois, il le fait avec classe.
Tanakh,
en dépit de nombreuses autres collaborations et
d’autres groupes dont il assume le leadership, reste
sa principale « créature ». Une bête
fascinante qui dévoile à chaque nouvel album un visage
qu’on ne lui connaissait pas.
De
Villa
Claustrophobia, on se souvient d’un disque plein
d’abstraction, de grands espaces d’orients aux contrées
occidentales. De son successeur, le splendide Dieu Deuil, on a la réminiscence d’un folk planant, très post-rockien.
Et que dire de leur album éponyme sorti l’an passé,
grand moment de musique expérimentale, aussi délicat
d’accès qu’hypnotique.
Deux
ans après ses dernières aventures, Jesse
Poe revient donc avec un nouvel opus, toujours chez
les excellents Alien 8. Et propose cette fois 11
titres naviguant entre folk et folk-rock, d’une beauté
manifeste et d’une classe folle.
Autant
ne pas cacher la fin de l’histoire plus longtemps, Ardent
Fevers est un grand disque. Indéniablement, le plus
beau disque folk/folk-rock sorti cette année. Un album
digne des plus grands qui frappe par la force de ses
compositions et par une production absolument effarante
de précision et de perfection.
En
onze titres, Jesse
Poe convie guitares sèches et électriques,
batterie soignée, cuivres lyriques, chœurs apaisés et
cordes déchirées. Il faut se voir frissonner devant la
trompette de Grey
Breathes, humer l’air des Etats-Unis des années
50 sur Hit The Ground ou fredonner un Restless Hands très
sixties.
Sans
s’éloigner des codes traditionnels du folk, Jesse
Poe y apporte sa touche, en prenant un malin plaisir
à laisser la musique prendre le pas sur le chant,
autorisant ainsi l’esprit de l’auditeur à aller
vagabonder et se perdre dans des contrées oniriques
faites de plaines désertiques ou embrumées, parfois
uniquement troublées par quelques accords bluesy
d’une guitare acérée (les splendides Still
Trying to Find You Home et Takes
and Read).
Il
y a dans les morceaux de Tanakh
ce je-ne-sais-quoi de Neil
Young et de Leonard Cohen. Un petit riff pour sublimer un rien, un souffle pour
faire frissonner, une phrase pour dérouter.
Un
grand songwriter qui à chaque nouvel album confirme
encore plus tout le bien que l’on pensait de lui. Un
artiste assez hors-norme, dont l’insatiable besoin de
musique et de production ne semble pas se tarir. On
confirmera ceci dans ces pages lors de la sortie du
nouvel album d’un de ces nombreux projets parallèles,
Poulos, qui
cherche encore à l’heure actuelle un label pour voir
le jour.
Et
pour patienter jusque là, on se délectera de cette
sublime douceur qu’est Ardent Fevers, un album splendide, qui reste longtemps en bouche,
comme un succulent bonbon que l’on voudrait éternel.
Olivier
Combes
Tracklist
:
01.
Drink to Sher
02.
5 Am
03.
Deeper
04.
Grey Breathes
05.
Hit the Ground
06.
Like I Used To
07.
Still Trying to Find You Home
08.
Restless Hands
09.
Over Your Consistency
10.
Winter Song
11.
Take and Read
Date
de sortie
: 04
avril 2006
Plus+
www.alien8recordings.com
MP3
Drink to Sher
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