On
le sait depuis Arcade Fire, le Canada a le vent
en poupe. Mais de cette contrée lointaine et si vaste
naît également un mouvement autrement plus
underground. Axis
of Evol en est un bel exemple; deuxième bébé
de Pink Mountaintops, groupe de Vancouver mené
par Stephen Mc
Bean, déjà membre de Jerk With a Bomb ou Black
Mountain. La formation est signée chez
Jagjaguwar (Okkervil
River, Oneida…), et l’album a été enregistré
au studio Hive. Voilà pour les présentations.
Album
lo-fi fortement influencé par Black Sabbath,
The Velvet Underground et Led Zeppelin, il se
situe entre rock, folk et psyché. Musicalement certains
morceaux font cependant penser au Blur
époque album éponyme (notamment le tubesque New
Drug Queens et son style électro-pop) ou aux
rythmiques 80's des guitares
indie-punk de Joy division.
Le
graphisme de la pochette donne le ton, celui du paradoxe
de cette musique fantomatique. Pluie macabre de roses,
sur de gentils petits squelettes, Pink
Mountaintops nous entraîne vers de lugubres
chemins. Naïf ? Sûrement pas. Cynique ? Of
course. Quand on écoute l’album pour la première
fois, naît le même ressenti, celui de la douce désolation
suite à un mauvais trip. On commence par sourire mais
un goût acide monte peu à peu aux lèvres. Lascive et
caressante, la voix sombre de Mc Bean nous plonge dans
une sorte de profond malaise.
Il
est difficile de saisir le sens exact des paroles de Pink
Mountaintops.
Avec
le premier album éponyme, on découvrait que la
sexualité était la thématique récurrente de Mc Bean, écrivant à l’époque des titres au parfum de perversité,
en s’inspirant de sites porno. Aujourd’hui les riffs
« stoner » sales et avares de notes sont
toujours aussi monomaniaques. Le sentiment de
frustration est omniprésent, accru par ce discours
parfois obscur. Mais contrairement au premier album, les
sujets d’Axis of Evol varient et prennent une
tournure plus politique que sexuelle. En effet comme son
nom l’indique, Axis of Evol est un manifeste anti-Bush. Le chapitre le plus étonnant étant
sans doute Plastic Man, You're the Devil,
satire de la politique actuelle et certainement né de
la prise de psychotropes, entre adeptes de
l’anti-guerre et de l’anti-technologie. Plus loin, Lord,
Let Us Shine dresse quant à lui un portrait
ironique du puritanisme de la droite américano-chrétienne.
Comme
le conte commence toujours par « il était une
fois » et se termine par « ils se marièrent
et eurent beaucoup d’enfants », Axis of Evol
est enfermé entre deux morceaux jumeaux. Encadrement
qui confirme la cohésion globale de cet album inégal,
parfois un peu long malgré des morceaux à la durée réduite.
Il reste cependant intéressant car il démontre que Pink
Mountaintops est un des représentants les plus
originaux du lo-fi, se moquant des modes et n’hésitant
pas à se montrer nostalgique de nobles époques de
l’histoire du rock.
Marine
Augereau-Vacher
Tracklist
:
01.
Comas
02.
Cold Criminals
03.
New Drug
Queens
04.
Slaves
05.
Plastic Man, You're The Devil
06.
Lord, Let Us Shine
07.
How We Can Get Free
Date
de sortie
: avril
2006
Plus+
www.myspace.com/pinkmountaintops
www.thewaxmuseum.bc.ca/jwab
Mp3
:
New
Drug
Queens
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