The
Magic Band - Back to the front
ATP
recording - 2003
Le principe est simple et le stratagème
depuis longtemps éventé. Une personnalité du petit
monde de l’underground se pique de soutenir des
formations rangées au rang de souvenirs. Blondie, Duran Duran, les Bangles,
et même Tom Jones se sont prêtés à
l’exercice, et leurs portefeuilles déjà s’en
souviennent. Les amateurs sont régulièrement déçus
et les patrons de maison de disque y trouvent généralement
leurs choux gras.
Alors quand Matt Goering , père de la famille Simpson,
se présente dans le dossier de presse comme le mécène
du retour au front du Magic Band. Le groupe qui
entourait Van Vliet ,il y a plus de 20 ans,
sur les albums de Captain Beefheart .
On fronce un sourcil et on lance le CD sur la platine
avec la suspicion qui convient à l’entreprise.
Back to the
front est si on en croit le dossier de presse, l’enregistrement
des séances studio du groupe, répétitions de luxe
avant d’assurer quelques dates de concert à l’ATP
festival de Grand Bretagne et de Los Angeles. Avec 20
années de maturation et d’excès, la voix de John
French se substitue à celle du Capitaine,
dans l’enregistrement version 2003 de quelques
standards du groupe, plus ou moins éclipsés à l’époque,
ou dilués dans l’œuvre blues-rock, de Captain
Beefheart. Mark Boston y officie à la basse tandis
que Gary Lucas et Denny Walley y assurent
les sessions de guitare.
Alors, que penser du disque qui tourne depuis quelques
minutes dans notre lecteur ?
Etonnement. Le nouvel enregistrement fera sans doute tiquer
les fans puristes du groupe. Le choix des morceaux, résolument
tourné vers le Magic Band plus que sur le passif
glorieux du Captain Beefheart ennuiera sans doute
d’autres amateurs.
Trop jeunes pour avoir bien connu le passé de la
formation, nous n’avons aucun mode de comparaison efficace
avec les précédents opus. Le groupe donne à son
public ce qu’il sait faire le mieux : des
compositions énergiques et 70’s de rock presque
progressif , de
cette époque où le Magic Band remettait en
question les règles strictes de la musique populaire au
profit des sentiers de traverse et d’expérimentation.
Certes, la surprise qui
put à l’époque réjouir les auditeurs, a
jauni aujourd’hui. Mais la satisfaction d’écoute
n’est pourtant ni feinte ni nostalgique. Force est de
constater que des morceaux tels Safe as milk, Trout
Mask Replica, Lick my decals off Baby et
Clearspot sont
d’actualité, véritables hymnes au rock déstructuré
teinté de blues et d’expérimentations. La production « sale » n’a rien à envier aux
meilleurs moments des derniers Strokes et White
Stripes et le nouvel opus du Magic band démontre
au passage que rien ne se perd ni ne se crée depuis
trois décennies en matière de musique rock. C’est
toujours aux confins du blues et du rock que le groupe
puise ses meilleurs moments.
La guitare grasse, amplifiée par de chaudes
lampes, les cris, les sons faits de brics et de brocs
nous évoquent les meilleurs moments de John Spencer
Blues Explosion et on comprend enfin où l’Américain
va chercher ses « rockeuses » influences.
Les titres s’enchaînent sans démériter.
On est même déçu que la machine à remonter le temps
s’enraye quand s’achève la dix-septième plage du
disque. On se dit que les années n’ont pas altéré
ni le plaisir pour ces musiques, ni l’énergie dégagée
par ces vétérans du rock. Pour peu, on oublierait
presque que le groupe a un passé… Et il ne manque
dans ce cas que les deux trois mélodies imparables pour
faire du Magic Band un compétiteur sérieux à
la déferlante garage rock qui encombre la bande FM.
Quoi ? Irrévérencieux moi ? Oui, et alors !
Label website : www.altomorrowsparies.co.uk
Denis
|