musique

Blonde Redhead - 23

4AD/Beggars/Naïve

[4.0]

 

 

Et hop nouvel album, toujours chez 4AD pour les blonds roux tricéphales, rendus quadrijambistes pour l’occasion. Prolongeant le trip noir initié par l’excellent Misery is a butterfly Simone Pace, Amedeo Pace les vrais jumeaux et Kazu Makino la vraie chanteuse remettent le couvert.

 

Une fois de plus, il est assez difficile de décrire très objectivement la musique de Blonde Redhaed comme une succession d’instruments faisant foi. Non. Bien sûr on pourrait repérer la mise en exergue, par le mix, d’un saxophone très eighties ou très Morphine, venant régulièrement glisser sa note passéisto-newavienne dans les chansons du trio. On pourrait aussi se prêter au jeu des comparaisons sonores entre Misery… et 23 et se rendre compte que le mixage de l’album semble moins ciselant, que voix, instruments et bidouilles électroniques semblent chercher ici à se fondre en une seule et même vague, là où le tsunami précédent faisait justement force des éléments arrachés, qu’on percevait au fil des flots rageurs.

 

Difficile aussi de décrire objectivement leur musique, parce que pour ce groupe comme pour d’autres chez Benzine, on se sait nourrir un penchant pas toujours justifiable, mais toujours fervent. On dira seulement qu’effectivement, il nous aura fallu plusieurs écoutes pour que le charme de ce nouvel album s’affirme au creux de nos oreilles, et de là du coup le constat que 23 semble moins chercher à enfiler les perles rock que le résultat d’ensemble, l’œuvre finie à admettre dans sa totalité. Théorie qu’accréditerait du coup la forme du mix plus aplanissant.

 

Mais une fois que l’album s’insinue dans nos oreilles et Blonde Redhead remporte à nouveau la mise. Il y a dans 23 tout un condensé eighties, comme jamais aucun groupe rock néo arrivant n’arrivera à les intérioriser. Ce n’est pas ici de la singerie, mais une forme subtile de régurgitation. Des aliments avalés d’époque et ressortis aujourd’hui. Qu’importe l’image écœurante, l’important est le résultat. Le vomi de Blonde Redhead est à la fois un condensé d’une époque révolue et un exemple infiniment BR. Fort. Très fort, parce que le groupe nage au dessus de la mêlée, tout en affirmant son « son », sa signature. Un son qui vague de fond électrisée oblige, renvoie forcément quelques échos de My bloody Valentine, mais le poncif est si éculé qu’on hésite à l’utiliser encore.

 

Reste que le plus important n’est toujours pas dans cette analyse « stylistique ». C’est quand l’album s’insinue jusqu’au siège de nos émotions, que tout est joué. Il y a dans ces nappes musicales venant mordre les murailles quelque chose de l’état de siège patient mais machiavélique. Le duo voix masculine, voix angélique fait une fois de plus mouche, autant d’ailleurs que ces guitares ronflantes omniprésentes. Même quand le groupe s’adonne à la ballade, il y a une sorte de tension latente, un quelque chose qui perturbe la sensation et oblige l’addiction (dont par exemple le vocoder sur heroïne justement tiens). Il suffit de deux écoutes patientes, 23 est une vierge farouche qui ne se donne pas le premier soir pour que se fissure le mur de défense de notre inconscient. Une écoute de plus pour que le nouvel opus de Blonde Redhead vienne déjà inscrire son chiffre dans les albums qui compteront en 2007.

 

Denis Verloes

 

Tracklist

01. 23

02. Dr. Strangeluv

03. Dress

04. S.W.

05. Spring and by Summer Fall

06. Silently

07. Publisher

08. Heroine

09. Top Ranking

10. My Impure Hair

 

Date de sortie : 17 avril 2007

Durée : 45 minutes environ

 

Plus+

Le site officiel

La fiche blonde redhead sur Wikipedia

L’espace Myspace

Blonde redhead sur Youtube

Blonde redhead sur dailymotion

Blonde redhead sur myspace vidéos