Et
hop nouvel album, toujours chez 4AD pour les blonds roux
tricéphales, rendus quadrijambistes pour l’occasion.
Prolongeant le trip noir initié par l’excellent Misery
is a butterfly Simone Pace, Amedeo Pace les
vrais jumeaux et Kazu Makino la
vraie chanteuse remettent le couvert.
Une
fois de plus, il est assez difficile de décrire très
objectivement la musique de Blonde
Redhaed comme une succession d’instruments faisant
foi. Non. Bien sûr on pourrait repérer la mise en
exergue, par le mix, d’un saxophone très eighties ou
très Morphine, venant
régulièrement glisser sa note passéisto-newavienne
dans les chansons du trio. On pourrait aussi se prêter
au jeu des comparaisons sonores entre Misery…
et 23 et se rendre compte que le mixage de l’album semble moins
ciselant, que voix, instruments et bidouilles électroniques
semblent chercher ici à se fondre en une seule et même
vague, là où le tsunami précédent faisait justement
force des éléments arrachés, qu’on percevait au fil
des flots rageurs.
Difficile
aussi de décrire objectivement leur musique, parce que
pour ce groupe comme pour d’autres chez Benzine, on se
sait nourrir un penchant pas toujours justifiable, mais
toujours fervent. On dira seulement qu’effectivement,
il nous aura fallu plusieurs écoutes pour que le charme
de ce nouvel album s’affirme au creux de nos oreilles,
et de là du coup le constat que 23
semble moins chercher à enfiler les perles rock que
le résultat d’ensemble, l’œuvre finie à admettre
dans sa totalité. Théorie qu’accréditerait du coup
la forme du mix plus aplanissant.
Mais
une fois que l’album s’insinue dans nos oreilles et
Blonde Redhead remporte à nouveau la mise. Il y a
dans 23 tout
un condensé eighties, comme jamais aucun groupe rock néo
arrivant n’arrivera à les intérioriser. Ce n’est
pas ici de la singerie, mais une forme subtile de régurgitation.
Des aliments avalés d’époque et ressortis
aujourd’hui. Qu’importe l’image écœurante,
l’important est le résultat. Le vomi de Blonde
Redhead est à la fois un condensé d’une époque
révolue et un exemple infiniment BR. Fort. Très fort,
parce que le groupe nage au dessus de la mêlée, tout
en affirmant son « son », sa signature.
Un son qui vague de fond électrisée oblige,
renvoie forcément quelques échos de My
bloody Valentine, mais le poncif est si éculé
qu’on hésite à l’utiliser encore.
Reste
que le plus important n’est toujours pas dans cette
analyse « stylistique ». C’est quand
l’album s’insinue jusqu’au siège de nos émotions,
que tout est joué. Il y a dans ces nappes musicales
venant mordre les murailles quelque chose de l’état
de siège patient mais machiavélique. Le duo voix
masculine, voix angélique fait une fois de plus mouche,
autant d’ailleurs que ces guitares ronflantes omniprésentes.
Même quand le groupe s’adonne à la ballade, il y a
une sorte de tension latente, un quelque chose qui
perturbe la sensation et oblige l’addiction (dont par
exemple le vocoder sur heroïne
justement tiens). Il suffit de deux écoutes patientes,
23 est une vierge farouche qui ne se donne pas le
premier soir pour que se fissure le mur de défense de
notre inconscient. Une écoute de plus pour que le
nouvel opus de Blonde Redhead vienne déjà
inscrire son chiffre dans les albums qui compteront en
2007.
Denis
Verloes
Tracklist
01.
23
02.
Dr. Strangeluv
03.
Dress
04.
S.W.
05.
Spring and by Summer Fall
06.
Silently
07.
Publisher
08.
Heroine
09.
Top Ranking
10.
My Impure Hair
Date
de sortie : 17 avril 2007
Durée :
45 minutes environ
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