Parce
que la bio claironne dès l’intro que le groupe a
travaillé avec Devendra
Banhart et Sierra
Casady de Cocorosie
on a pénétré dans le nouvel opus de Tarantula
A.D. Conforme au « dogme » du premier
album, le groupe américain s’est à nouveau isolé
pour l’enregistrement de son album, sur une île
proche de Washington cette fois. Conforme aux préceptes
du précédent ouvrage, c’est une fois de plus avec un
matériel réduit à sa plus simple expression, et porte
ouverte sur l’extérieur (oh les beaux oiseaux qu’on
entend sur prelude to the fall) que le groupe enregistre toutes les pistes qui
seront ensuite agencées en autant de titres que compte
l’album.
S’il
n’était que metal comme il est parfois décrit,
l’album du groupe, composé de Danny Bensi, Saunder Jurriaans et Gregory Rogove aurait sans doute plutôt les faveurs d’un autre
webzine. Mais il y a une dimension autre dans la musique
de Tarantula A.D.
Un choix délibéré de faire se rencontrer les genres
avant que de les télescoper. A côté des envolées de
la guitare métal que ne renierait pas un fan de Metallica (s’il en reste) on trouve donc le violon tzigane, la
guitare espagnole et le piano pour acolytes de premier
plan. Et acolytes est encore un terme mal choisi. Point
ici de remake d’Apocalyptica ou d’exercice de brio tendant à montrer qu’on peut
faire du metal avec du classique. Non. Le piano arrive
quand la guitare s’endort, le violon soutient le cri
rauque des six cordes et l’ensemble évolue au gré
des sautés de genre : metal, rock, musique
classique, musique de film.
Des
sautes de genre savamment orchestrées en un opéra rock
contemporain et un brin intello faisant fi ou plutôt
faisant sien les tics des différents genres traversés.
Le post rock d’un Godspeed
n’est jamais vraiment loin non plus. Ici les
instruments, qui remplacent très souvent les voix (hormi
Sealake avec
la moitié de Cocorosie
et The Fall avec Devendra)
se répondent, s’interpellent, ont des altercations.
Ils charrient un univers propre, qui se mélange au gré
des titres, des acteurs sonores, et des circonvolutions
de chaque morceau. On comprend mieux la pochette façon
péplum kitsch. On est bien ici dans une narration
musicale évolutive, une histoire musicale spécifique
racontée par de multiples instruments.
Le
résultat est forcément intéressant. D’abord parce
qu’il jette un pont inédit entre musique classique et
guitare métal, ou entre guitare métal et electro
"ambient", ou encore entre classique et post
rock, loin des usages habituels. Il est intéressant
aussi, parce que l’économie de moyen et le « dogme »
qui préside à sa conception fonctionnent de très
harmonieuse façon. Il ne manque pas grand-chose pour
que ces plages dont on goûte la philosophie, dont on
soupèse et apprécie la démarche, deviennent de vrais
titres qu’on ait envie de s’approprier, sans forcément
y réfléchir. Un petit rien qui fait toute la différence
pourtant.
Denis
Verloes
Tracklist
:
01.
The Century Trilogy I: Conquest
02.
Who Took
Berlin
(Part I)
03.
Who Took
Berlin
(Part II)
04.
Sealake
05.
The Century Trilogy II: Empire
06.
Prelude To The Fall
07.
The Lost Waltz
08.
Riverpond
09.
Palo Borracho
10.
The Century Trilogy III: The Fall
Durée
: 52’40
Date
de sortie
: 20
février 2006
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