Chroniques Express 18

Dernière mise à jour : 12/12/2005

 

Oasis - don’t believe the truth

A l’heure d’établir nos bilans d’écoute de l’année 2005 on se rend compte qu’on revient plus que la raison ne l’impose, du côté des frères terribles de Manchester. Enterrés après deux albums sans grande âme, et ressuscités un peu trop rapidement par les fans après un Heathen Chemistry en demi-teinte ; on a prêté une oreille timide au don’t believe the truth, à sa sortie, précédée du single ravageur Lyla (sur lequel on avait honte, à l’époque, de dire qu’on sautillait discrètement quand on était seul à la maison, comme au bon vieux temps de la britpop). Et puis, à l’heure du palmarès 2005 ; à l’heure des groupes en the qui revisitent le répertoire punk et ces autres qui pillent les Cure, on révise notre jugement hâtif. On repense à ce concert de l’Olympia où des titres comme Meaning of soul et Mucky Fingers, électrisés, ne déméritaient pas franchement à côté des standards des deux premier opus. Et on se dit qu’à défaut de produire un disque vraiment définitif (qu’il ne faut peut-être plus attendre d’eux), le quatuor renaissant a au moins réussi à produire un très bon album de pop anglaise, bien évidemment connotée Beatles (soit hors mode actuelle) et sonnant très Oasis. Et que ce n’est déjà pas si mal en fait. (3.5) Denis Verloes

Epic/SonyBMG - 2005

 

Missil - Mash up

Elle est plutôt jolie… et on sait que ce n’est pas un critère musical valable. Même pour un DJ. Elle porte le survêt’ fashion et affiche dans son Mash up un véritable goût pour la mixité musicale à tendance hip hop. Son disque est une véritable armée en marche et une machine de guerre bien huilée (=> Missil ?) Ca débute par du hip-hop propre sur lui ca musarde vers le dancehall d’Elephant Man  et ça assène à coups de breaks plus électroniques, Ca martèle sur 6 plages et ça laisse l’auditeur hagard dans le monde du reggae et des psychotropes aux vertus anesthésiantes, avec un Rodney P, déchaîné et  une finale sur le lit d’hôpital en dub de  Butch Cassidy. Un instantané malin de ce que devrait être le dance-floor contemporain si il s’extirpait de ses vieux tics rassurants et de ses David Gueteries. (3.5) Denis Verloes

www.discograph.com - 2005

 

Bloc Party - Silent alarm remixed

Allez on s’en reprend une petite dose pour la route. Le groupe qui surclasse dans notre cœur toutes les sorties pop rock de l’année, s’est offert comme il se doit « marketing-ment » parlant, son lot de remixes pour les fans. Rien de bien nouveau sous le soleil si ce n’est le plaisir pour les indécrottables de récupérer une « rawette » comme on dit à Bruxelles, un rabe de son groupe préféré. Rien de bien transcendant donc sur cet album pourtant bien sous tous rapports. Mention spéciale à la relecture de M83 de The pionneers qui mélange les deux univers de fort belle façon (on dirait un Cure époque Judge dredd avec un surcroît d’intensité) ; à Automato qui transforme les gimmick sur un  price of gasoline façon pop sautillante et électronique; à Luno qui se punkise terriblement bien au passage de Death from above et à Nick Zenner qui s’approprie un Compliments de fort sombre mais classe façon. (3.0) Denis Verloes

La chro de Silent Alarm,  V2 France/Wichita, Le site officiel

 

Ricaine - The Clarity of distance

Ricaine est une formation australienne qui propose un nouvel album puissant et électrique dans la lignée de ce que pouvaient faire à une époque des groupes ayant pour nom Helmet, Fudge Tunnel, Shellac, Therapy, Unsane ou Jesus Lizard. Sans rien apporter de bien neuf par rapport à toutes ces formations, le trio de Melbourne se lance dans un rock hardcore, tendu, sur le fil du rasoir, avec riffs de guitares acérés et grosse bass/batterie. Slam et pogo garanti en concert ! (3.0) Benoît Richard

www.ruminance.com - 2005

 

Ego - Wendy Comes

Avec sa pop baroque, parsemée de touches électroniques, aux réminiscences 80’s et influencée par des gens tels que Japan ou Brian Eno, Ego nous ramène avec plus ou moins de bonheur du côté des années 80. Malheureusement le son sent un peu trop le home-studio et la musique assistée par ordinateur. Les chansons sont assez peu convaincantes et semblent un peu datée (On pense parfois à Thiéfaine). Bref un projet ambitieux au départ, pour un résultat final plutôt décevant. (1.0) Benoît Richard

www.egomusic.fr - 2005

 

Signature X ep

Comme beaucoup de formations actuelle, Signature x mélange allégrement rock et musique électronique, mais avec ici un coté "indus" qui ressort dans la plupart des compositions. Le groupe chante en français des textes qui se marient assez bien à leur musique sombre et mécanique. Un univers à découvrir. (2.5) Benoît Richard

autoproduction - 2005

 

« O » - Numéro O

Pas banale la musique de « O ». Des guitares triturées ou de jolis arpèges, des machines et des accidents composent l’essentiel de cet album. Abstrait et chaotique, l’album prend l’auditeur à rebrousse-poil avec des compos dont on ne sait jamais ce qu’elles nous réservent d’une second à l’autre. Inclassable, expérimental, Numéro 0 est une sorte d’ovni musical sympathique auquel on souhaite tout plein de bonheur pour la fraîcheur et la liberté qu’il dégage. (3.5) Benoît Richard

www.antennarecords.com - 2005

 

Mano Negra - Out of time  (DVD)

Les nostalgique du rock alternatif des années 80 vont en avoir pour leurs ronds : un double DVD Out of Time vient retracer la carrière du groupe originel de Manu Chao. Au programme 6 heures d'images rares et inédites, plus un du Best of Ultime (1989-2005) pour découvrir ou simplement se remémorer une époque, un son et un groupe qui tenait le haut de l’affiche dans la seconde moitié des années 80, aux cotés des Garçons Boucher de Berurier noir et aux groupes à rangers. (4.0) Benoît Richard

EMI - 2005

 

Kaly Live Dub - Repercussions

"Le dub a encore de beaux jours devant lui". C'est un peu la remarque que l'on se fait à l'écoute de nouvel album signé Kaly Live dub. Loin du Dub à la papa, ce combo lyonnais mets des épices dans le son et nous offre un cosmo-dub passionnant dans lequel on découvre que les grosses bass et les overdub se marient parfaitement avec toutes sortent d’expérimentations sonores possibles et imaginables. Avec ses interférences orientales, Repercussions s’avère être un album d’une grande richesse, tant rythmique qu’harmonique, auquel les amateurs du genre accorderont sans aucun doute toute leur attention. (4.0) Benoît Richard

PIAS - 2005

 

Drunk with joy - Sound living

Mila & Kris jager, deux allemand d’origine basés à Londres sortent leur premier album sur la structure Maze records. Mélange de trip hop à la sauce 4AD (on pense parfois aux belges de Hooverphonic ou à Tanita Tikaram), avec quelques accents coldwave, d’autres plus franchement électro, l’album Sound Living nous ramène au début des années 90 avec un pop sensuelle à la beauté froide et plutôt réussie. Car si souvent ce genre d’album sent le réchauffé ou le toc, ici c’est vraiment un esprit l’authenticité qui souffle sur les morceaux. Arrangé sobrement, mais se permettant quelques folies par endroit, Sound living se révèle être une jolie surprise. (4.0) Benoît Richard

www.drunkwithjoy.com - 2005

 

Time - Litterature

un album de hip hop sorti de nulle part débarque en cette fin d’année sur nos platines. Et c’est une bonne surprise. Car le hip hop de Time se rapproche, dès les premières écoutes, d'un style proche notamment par des gens comme Anticon. Mêlant allégrement samples et instruments traditionnels, Time se démarque de la production habituelle par un aspect lo-fi, un son sec et flow débridé, très plaisant. Samplant du jazz comme du classique, n’excluant jamais les sonorités électroniques, Time nous offre un album coloré et réussi dont on espère bien en entendre parler au-delà de ces quelques mots. (4.0) Benoît Richard

www.dirtylaboratory.com  - 2005

 

Dj Click - Labesse

Après un album en compagnie de l’actrice Rona Hartner, Dj click revient aujourd’hui avec un album regroupant à la fois des compositions originales de ce musicien amateurs de sonorités orientales, et des titres de sa sélection, remixés ou non pour l'occasion. De ce voyage cosmopolite, de Marrakech  à Istanbul, en passant par Paris ou Londres, on découvre des noms connus (Magic malik, High Tone...) et d’autres moins, mais non moins intéressants. C’est ainsi que l’on se régale de ces musiques électroniques épicées aux sonorités orientales qui donnent au final 15 titres parfaits pour la danse du ventre mais aussi pour découvrir l’orient, et des contrées musicales si peu fréquentées habituellement. (4.0) Benoît Richard

www.nofridge.com  - 2005

 

Current 93 - Judas as a black Moth

 homme-orchestre à la tête de Current 93 et ancien membre de Psychic TV et 23 Skidoo voit aujourd’hui sortir une anthologie de son projet, retraçant son parcours depuis sa création en 1982. Affilié à plusieurs genre musicaux indé tels que l'apocalyptic folk, l'indus ou le le gothique, Current 93 s’est toujours singularisé par une musique radicale, des textes très sombres et poétiques. On découvre ainsi à travers ces 32 titres, All Pretty Little horses chanté par Nick Cave et Shirley Collins, des versions live de Alone et Sleep has his house. David Tibet : un musicien auquel rendent hommage, à travers le livret, des artistes aussi importants que Will Oldham, Antony, Devandra Banhart ou encore Marc Almond. Une manière de saluer un artiste hors-norme, hors du temps, qui a su inspirer le respect par sa constance et son parcours. (4.0) Benoît Richard

Sanctuary records - 2005

 

Shora - Malval

Shora est une formation post-rock suisse formée en 1999. Composé de 4 membres, le groupe propose un post-rock très classique mais pas dénué d’intérêt pour autant. Sur 4 longs morceaux, on découvre une musique intense qui alterne passages calmes et passages plus soniques.. dans la grande tradition du genre. C’est seulement sur le dernier titre que le groupe se démarque de ce schéma avec une composition plus ambiant, plus intéressante aussi, dans lequel on découvre des nappes de synthé, des larsens de guitares, puis une voix féminine qui vient clôturer joliment l’ensemble. (3.5) Benoît Richard

www.conspiracyrecords.com

 

The Fleets - s/t

Formation parisienne, The Fleets est un jeune groupe tout juste âgé d’un an. Ce disque éponyme est leur premier album, entièrement auto-produit. Et c’est peut-être cela la plus grande faiblesse du groupe : le manque d’une production de qualité. Car autrement, tout tient plutôt bien la route. Oh, rien de bien révolutionnaire. Un pop-rock efficace (guitare, basse, batterie), qui rappelle beaucoup Eiffel, des chansons immédiatement mémorisables (Writing a Letter, Life Plumbers, Turn Off The Lights) et un titre pas complètement abouti mais qui pourrait être les prémices d’un grand morceau (The Meeting). Bref, un disque sympathique. Avec des moyens financiers plus grands, sur qu’on entendra un peu plus largement ce groupe qui mérite d’être découvert. (2.5) Olivier Combes

www.the-fleets.com - 2005

 

Glasnost - Glasnost Ep

Trois titres. Ni plus ni moins. Mais trois titres prometteurs pour ce groupe de Charente Maritime. Certes, le rock est fondamentalement basique. Mais comme ils le disent eux-même, il est « bien quand même ». Sorti en mai dernier, cet Ep précède un album qui devrait voir le jour en février prochain. Et à en croire des morceaux comme Young Berry Jam, No Advice (voire le titre caché très acoustique), totalement emballant et efficaces, il n’est pas exclu de réentendre parler de Glastnost dans les mois qui viennent. On parie ? (3.5) Olivier Combes

http://glasnost.news.free.fr - 2005

 

Un Homme et Une Femme Project - La Seconde Ep

Luke aura fait du mal. Ce pseudo groupe qui dit faire du rock alors qu’il joue dans la cour "variété française" aura influencé (en mal) bon nombre de groupes. UHUFP en est malheureusement l’exemple parfait. Si on arrive à penser à Eiffel de temps en temps (10 jours en mai), ce qui est un moindre mal, cet Ep de 4 titres fait surtout penser au combo auteur de La Tête en Arrière, du riff de guitare à la voix qui en fait cent fois trop en passant par les textes à la limite de l’insipide.

Plutôt bien produit par Emiliano Flores (Encre, Domotic), La Seconde Ep reste un disque de « rock français » comme on dit, sans grand intérêt. En clair, pour peu que l’on aime Luke et ce genre de groupes, on écoutera avec attention ce disque. Sinon, on passera son chemin. Et vite. (1.5) Olivier Combes

 

Kill the young - Kill the young

Le chanteur a une voix qui oscille régulièrement entre celle de Morissey, peut-être un des effets du Manchester où ils ont établi résidence, et les énergies des disparus Marion.  La musique oscille continuellement entre pop/rock et rock/grunge. Les guitares sont en continuel fuzz (même son même octave ou presque), et les mélodies sont régulièrement accrocheuses quoiqu’un peu trop aguicheuses pour être réellement honnêtes. On apprécie moyennement, se disant que l’uniformité du son, la relative vacuité des paroles, et la répétition ad libitum de la même recette en font un groupe pour les djeun’s et un produit de consommation ultra rapide. On attendra un second album ou une disparition dans les limbes de l’oubli pour se prononcer réellement. (2.5) Denis Verloes

Blip / Discograph - Site officiel

Neko - Ghost tracks

Avec  un genre très largement usité : le post rock énervé Mogwaïen pétri des tics du genre, déboule Jukebox première plage du EP. Maîtrise du ton, du format, de la technique, des accords,  mais pas de véritable personnalité. Puis le son s’arrondit et le propos se précise oscillant entre sonorité Sonic Youth et un brin de pattern Jazzy comme subliminalement distillés dans les compositions. Un soupçon d’électro aussi, intimement mélangé à toute l’histoire du rock « à l’ancienne » et  qui s’invite dans le son post rock du groupe. L’originalité n’est pas de la partie certes, et on regrette juste que Neko ne parvienne pas encore à vraiment apposer sa « touch », sa patte, qui fasse décoller ce EP de très bonne facture de la très bonne démonstration de genre au super bon single de groupe au son déterminé et reconnaissable. Mais gageons que ça ne saurait tarder. (3.5) Denis Verloes

autoproduit

 

Vegastar - Un nouvel orage

Chouette, chouette les Kyo ont troqué leurs  baggys et leurs cheveux pas coiffés pour une forme nu metal et la mèche gominée. Le son fait légèrement penser à euh…Linkin Park, mélange de métal hurlant et de technique chirurgicale du son. Mais si on trouve une forme d’efficacité dans la musique adolescente des Américains, la version française est atterrante. Les paroles sont pourries, les gimmicks au moins mille fois entendus, l’originalité en berne.

Amateur de musique, passe ton chemin. On dirait qu’Obispo leur a rédigé les textes… et c’est franchement la pire écoute de ce début d’automne. On ne comprend pas le buzz autour de ce groupe. Mais franchement, vous êtes sûrs que ce n’est pas Kyo déguisé ? (0.0) Denis Verloes

EMI - 2005

 

H.F. Thiefaine - Scandale Mélancolique

On gardait jusque là une certaine sympathie pour Hubert-Félix. Son côté vieil anar’ ses premiers opus tout en nuages de fumées odorantes et parfois hallucinogènes, sa capacité à parler du quotidien trivial avec des mots de poète surréaliste… Bref une empathie de vieux pote qu’on retrouvait au bar de ses nouveaux disques avec le sentiment de toujours rester en terrain connu à défaut d’être surpris. Scandale mélancolique voit grand. Plus grand. Une orchestration de grand orchestre, des arrangements grandioses bien qu’un peu convenus, des paroles qui oscillent entre amour courtois mais fripon et idolâtrie des femmes. Finalement beaucoup moins mordant que ses précédents opus. Ceci expliquant cela, Thiefaine jouit dès lors d’un coup de projecteur médiatique qui le sort de l’ornière indé où il aimait à se tâcher les chausses. Hasard, dessein ? Volonté de classement de sa maison de disques dans le bataillon de la nouvelle chanson française ? Est-ce anodin aujourd’hui d’inviter Cali en duo ? Et ce même si ce duo un peu évident donne Gynécées à notre sens le morceau le plus réussi et meilleur rejeton lyrique de l’album. (2.5) Denis Verloes

RCA / SonyBMG

 

David Grumel - Beaurivage

Un jeu de piano classique, des cordes d’appui, des sonorités trip hop auxquelles on imagine que Bardi Johansson  (l’Islandais de Bang Gang et de Lady & Bird qui a participé à la réalisation de l’album) a apporté sa patte… C’est le tableau neigeux, mélange de France arty et de terres noires d’Islande, que nous propose David Grumel. Beaurivage est classique, et sobre : la voix du pianiste fait pourtant mouche. Le tout mêle adroitement le piano jazz, les éthers de Air enrichis à l’humain, et la pop soutenue sans démériter par la voix de Grumel. Album bande son d’un film de voyage, d’un road movie esthétique, l’ensemble est plaisant et s’écoute sans déplaisir, en bande de son de bureau ou de dimanche d’hiver et vin rouge entre potes quand bien même il ne s’agit pas là d’un jalon indispensable de toute bonne discothèque, le genre ayant déjà un petit côté désuet. (3.5) Denis Verloes

Naïve - 2005  www.davidgrumel.com