Chroniques Express 23

Dernière mise à jour : 28/04/2006

 

 

Novastar - another lonely soul

La Belgique n’en finit pas de nous faire découvrir ses trésors. Après Ghinzu l’an dernier, voici que la pop belge nous offre un nouvel échantillon de son talent avec Joost Zweegers, personnage central autour du projet Novastar à qui l’on doit un premier album sorti en 1999. Fondé en 1996, le groupe sort aujourd’hui un second opus flamboyant et lyrique comme ne le renierait pas Coldplay ou U2. En effet c’est bien du coté des anglais qu’il faut chercher des ressemblances : voix chaude et sensuelle, mélodies douces mélancoliques, arrangements soignés (guitares, piano, cordes...), si vous ajoutez à cela quelques titres taillés pour les sommets des charts, vous aurez sans aucun doute un des plus beaux espoirs de la scène pop actuelle. Et avec une telle musique, on se demande comment Novastar pourrait échapper aux grandes scènes auxquelles il semble bel et bien promis. (3.5) Benoît Richard

www.novastar-music.com - 2006

 

Bocage - 0.2

Bocage est un trio nantais qui sort ici un premier album composé de huit titres plus charmants les uns que les autres. Entre pop et post-rock soyeux, Claire, Benoît et Timothée nous rappellent un peu Stereolab dans ses moments les plus tranquilles, ou encore la pop des grands espaces de Yo La Tengo. Avec ce chant clair moitié-français, moitié-anglais, ces arpèges de guitares lumineux, le trio nous offre un album tranquille et lumineux sur lequel les chansons s’égrènent tout doucement, sans heurt, et nous laissent au final une belle impression, celle de tenir un groupe qui ne demande qu’à se rapprocher des terres chères à des gens comme The Sea & Cake, David Grubbs ou Tortoise. (3.5) Benoît Richard

www.ilovebocage.com - 2006

 

Muallem - Frankie Splits

Voici un artiste touche à tout et vraiment éclectique ! Muallem, puisque c’est son nom, présente un album à dominante hip hop, dans lequel viennent se mêler des influences de toutes sortes (soul, r‘n’b, electro, jazz…) qui donnent au final à ce disque un relief tout particulier et une pertinence plus que louable. Enregistré entre Londres et New York, ce Frankie Splits annonce également des "featurings" des plus prestigieux (Beans et Lyrics Born entre autres !) et dévoile au final 15 titres d’une fraîcheur incroyable. Bref le genre d’album de hip hop ouvert sur le monde, classieux, jamais pompeux et qui nous consolera encore un peu plus du split d’Antipop consortium. (4.0) Benoît Richard

Compost/nocturne - 2006

 

Kaluun - Init

 Les Français de Kaluun arrivent à nos oreilles avec un album faisant la part belle à l’électro. Plus précisément, une galette nous remontant dans le temps: quand on appelait encore cette musique la trip hop et qu’on en appréciait le côté atmosphérique. Mais Kaluun n’est pas du tout à contre époque, car ils musclent ces ambiances d’un déjà « autre âge » à coup de guitare ou d’élévation du rythme, qui viennent enrichir la formule des samples et du piano. Mais ce qu’on retient immédiatement de la formule Kaluun, c’est la voix de Delphine qui oscille régulièrement entre Sundays et Cardigans et apporte un petit supplément de charme sexy ou juste fragile à l’ensemble. On songe à une version musclée de Dubstar (et vu le nombre de fois où je cite ces Anglais cette année, je vais finir par demander un pourcentage sur les ventes). On placera cet autoproduit quelque part près de ceux de M83, et on est prêt à parier que si le groupe parisien parvient à trouver le single accrocheur, on les retrouvera bientôt en hôtes de choix d’une maison de disque. (3.5) Denis Verloes

Autoproduit. Le site officiel

 

Agnès Jaoui - Canta

Franchement, Agnès Jaoui, nous bluffe. Sur Canta Jaoui ajoute la case chanson à ses nombreux talents connus du public. Elle prouve ici qu’elle n’a pas oublié son adolescence marquée par une formation en chant classique, en différents conservatoires d’Ile de France, avant d’attraper le virus du théâtre et de la réalisation. Canta est imprégné des goûts musicaux de Jaoui : son, boléro, bossa, fado, flamenco, Cuba, Brésil, Portugal, Andalousie, jazz manouche. Agnès y chante avec maîtrise, d’un voix un peu grave, passionnée. Les différentes trajectoires musicales sont mises en son par Vincent Segal, moitié de Bumcello. Maria Bethânia from Brazil et Misia from Portugal, idoles de la miss, viennent placer leurs voix aux côtés de celle de l’actrice, franchement à l’aise dans l’exercice. Il plane une maestria et une facilité déconcertante sur ces douze chansons aux styles variés mais très unifiés. On a juste un peu de mal à comprendre la véritable particularité de l’album. Et sans le déprécier, on ne comprend pas trop l’intérêt de l’exercice. Pourquoi ne pas aller jeter un œil directement aux sonorités évoquées, aux albums phare des genres abordés ? Pourquoi passer par la case Agnès Jaoui ? En fait Canta a peut-être pour vocation d’ouvrir ces musiques aux fans de l’artiste. Et l’ouverture à la diversité, est toujours une entreprise louable. (3.0) Denis Verloes

Tot ou tard / Warner – mars 2006

Sa page chez Tôt ou tard

 

Mom - Devant nous devant

Le groupe est originaire du Val de Marne, à quelques encablures de Paris. Il nous livre avec devant nous devant  un second opus autoproduit, et un line up renouvelé. Il est ici question de rock, très produit, (passage en studio oblige) où la voix française est mise très en avant de la musique. Un rock à la musicalité très adolescente –et ceci n’est pas une critique, loin de là-, évoluant dans un spectre qui va de Noir Dé à Placebo, sans aucune faute de goût musical et avec quelques originalités en plus. Le tout est bourré de riffs audacieux et de petites énergies individuelles canalisées. En fait, Mom a tout du bon groupe pop/rock très exigent avec sa musique. On a quant à nous beaucoup de mal avec les textes. Parce qu’ils sont mis très en avant, on est interloqués beaucoup plus que nécessaire, par leur signification, leur sens. Et on décroche en fait assez rapidement. Les phrases sont sans doute un peu trop écrites, elles se regardent un peu trop « dire » ou raconter manipopulation. Même, on s’amuse parfois de l’élévation que cherche à se donner le texte ou d’entendre au sein des vers rimer le mot « concupiscence ». Bel effet musical et plantage textuel forment le cocktail du nouveau Mom. Un presque bon disque pop. (2.5) Denis Verloes

Autoproduit – le site officiel

 

Wu-Tang Clan - Meets the Indie culture

Retour aux affaires pour le crew qui s’est fait une réputation de moteur du rap indé (rappelons-nous de 36 chambers ou de la BO de Rza pour Ghost dog). Un retour qui, comme dans le cas du new whirl odor de Public Enemy intervient à point nommé pour faire taire les prémices de rumeur faisant état d’une baisse d’inspiration. Meets the indie…est dirigé par Dreddy Kruger, qui bossa en son temps sur l’album d’IAM ; et le Wu y est épaulé par une kyrielle d’artistes indé cautions : MF Doom, Ras Kass, Cannibal Ox, Aesop Rock. Le résultat, c’est 52 minutes de pur bonheur où le flow habituel du Wu Tang clan, entre litanie et prose y assène des bombinettes de grand cru. Pas de révolution sonore, mais c’est pourtant à une armée de samples à la pertinence évidente qui se battent ici en duel avec le flow et soutiennent l’attention de l’auditeur au fil de cet album vertigineux, sans temps mort ou baisse de régime. Il n’y a rien, mais alors vraiment rien à jeter. A ranger dans le panthéon des albums du groupe. (4.0) Denis Verloes

Think differently music/Nocturne - 2006

www.thinkdifferentlymusic.com 

www.babygrande.com 

 

Volcano! - Beautiful Seizure

Jeune trio originaire de Chicago, Volcano! vient semer le trouble dans les esprits de ceux qui pensaient que le label anglais Leaf était avant tout un label rassemblant des formations à dominante électronica, voire expé. Même si des noms comme Murcof, Colleen ou Caribou ne leur donneront pas tort, il n’en reste pas moins que ceux-ci évoquent avant tout des musiques hors-normes et aventureuses. Quoi qu’il en soit Leaf n’avait jamais accueil de formation rock jusqu’à ce jour. C’est donc chose faite avec Volcano! qui présente ici un album post-rock, complexe, barré, foutraque et baroque, dans lequel tout semble véritablement possible. Et finalement ce Beautiful seizure se révèle assez bien à l’image du label qui l’accueille : original, insaisissable, inclassable. Les plus malins rangeront Volcano! tout prêt de Black Dice, Animal Collective et autres formations rock plus libres que le vent, mais il n’empêche que Volcano! Ça reste avant tout Volcano! A découvrir au plus vite. (3.5) Benoît Richard

Leaf - 2006

 

Utopium - No memory man

Utopium ou comment remettre au goût du jour le showgazing de nos jeunes années. Si Ride ou My bloody Vanentine (ou plus proche de nous Gregor Samsa) ne sont jamais très loin, on reconnaîtra à cette jeune formation parisienne le mérite de ne pas tomber dans les travers du rock actuel, et de vouloir nous renvoyer, cette fois, quelques années en arrière, où le rock était plus lent, plus lyrique et moins tournée vers le dance-floor qu’aujourd’hui. Avec un son gros comme ça, le groupe balance 9 titres soniques à souhait, très plaisants et qui agiront avant tout comme une madeleine de Proust auprès de ceux qui ne sont toujours pas décidés à ranger Loveless au grenier. (3.5) Benoît Richard

autoproduit - 2006

 

Coloma  - Dovetail

Auteur de deux albums (Silverware en 2002 et Finery en 2003, le duo Alex Paulick et Rob Taylor, plus connu par chez nous sous le nom de Coloma, proposent un nouvel album (Dovetail) sur la structure Klein Records. Moins réussi que les précédents, ce dernier lorgne cette fois du coté d’une pop sophistiquée à la manière d’un David Sylvian, mais avec la grâce et le talent en moins. Si Dovetail  n’est pas totalement raté, il pêche principalement dans les arrangements, pas toujours heureux, mais aussi dans le fait que peu de titres sortent véritablement du lot. Dommage quand on connaît les capacités du groupe à composer des chansons pop… quand il est inspiré. (2.0) Benoît Richard

Klein/nocturne - 2006

 

Ursula 1000 - Here comes tomorrow

A l’image d’un Thievery Corporation et plus généralement de toutes ces formations estampillées Easy, lounge music, chill-out ou neo-bossa qui ont fait les beaux jours de certains clubs ou hôtels chics de la capitale, Ursula 1000 continue à produire une musique electronica emprunte de jazz, de bossa nova, voir de rock ou de disco, le tout avec un côté vintage plus vraiment dans l’air du temps. Si Ursula 1000 a toujours été une formation de second rang plus qu’un groupe phare, n’ayant jamais réussi à sortir l’album qui mette tout le monde d’accord, ce n’est pas encore avec celui-là qu’il y parviendra. Voulant s’éloigner de son style d’origine, Ursula 1000 se rapproche par moment du funk façon Prince, mais toujours sans succès. La plupart des chansons manquent de consistance et l’album, sans ligne directrice, part dans tous les sens, et très vite l’ennui s’installe. A vite oublier. (1.5) Benoît Richard

ESL/nocturne - 2006

 

v/a - Calming Park 4

Histoire de se rabibocher un peu avec la musique d’ambiance et de détente, voici une très belle compilation, signée Olivier Rorbach, dans laquelle on découvre des titres, pour la plupart très pertinents, parmi lesquels on retiendra bien des choses. De Helen Merill, à Kelly de Martino, en passant par Brigitte Fontaine ou Feist, les femmes occupent une grande place ici avec des titres bien choisis et tous très beaux. Si vous ajoutez à cela un remix de Tears for Fears signé Afterlife et la présence de Caetano Veloso, vous comprendrez tout l’intérêt de cette compilation dont on ne jettera rien, tant la plupart des titres répondent tous parfaitement au besoin de l’auditeur d’écouter une musique tranquille, mélodieuse et de qualité, et ce, sans jamais céder à la facilité. Bravo. (4.5) Benoît Richard

Universal/Nocturne - 2006

 

Exchpoptrue - Antofan

Le succès de Miss Kittin a donné des idées à d’autres. Exchpoptrue pourrait bien faire partie de ceux-là tant leur électro-pop trouve bien des ressemblances avec celle de La Miss. Sur une musique synthétique aux sonorités qui rappellent aussi bien Jacno, Kraftwerk que les récentes productions de Vitalic ou Vendas Novas, on découvre une façon de chanter proche de celle de Miss Kittin, au bon goût d’accent français, débitant des textes drôles et un peu provoc parfois. Si l’album ne tient pas forcément la longueur sur 14 titres, en revanche, niveau single, il a de quoi faire remuer les foules. A commencer par le premier titre Lost and Found qui risque d’enflammer les dance-floors branchés mais aussi de garnir les compilations électro à venir. (3.0) Benoît Richard

popcornlab/la baleine - avril 2006

 

Redjetson - New General Catalogue

Eh oui, on peut chanter sur du post-rock ! Si pour certains ce fait s’assimile à un blasphème, pour les membres de Redjetson, c’est une évidence qui permet aux mélodies mélancoliques qui conviennent si bien à ce genre de gagner en emphase et en immédiateté pop. Pour comprendre cette dimension pop que les jeunes Anglais essaient d’instiller dans leur morceau, il faut aller chercher loin dans le temps au milieu des albums torturés de Joy Division. Ou réaliser le grand écart et fouiner dans la mystique texane chère à Lift to Experience. En résumé Redjetson frôle l’excellence avec des expérimentations inspirées sublimées par des hymnes cold-wave imparables. Mais hélas, le groupe anglais s’englue parfois dans un style à la limite du pompier et surtout souvent répétitif. Au premier titre, le génie d’Explosions in the Sky ou Mogwaï ne semble pas être loin, mais au bout de cinq morceaux, on aimerait entendre autre chose. (3.5) Julien Damien

Talitres/Differ-Ant - 2006

 

Saloon - Lo-fi sounds, hi-fi heart

Après deux premiers albums encensés en Angleterre – notamment par l’immense John Peel – mais finalement passés inaperçus, (This is) What we call progress et If we meet in the future, les membres du groupe Saloon retentent leur chance avec ce Lo-fi sounds, hi-fi heart. Dès le titre, on comprend que leur tâche ne sera pas simple s’ils restent ainsi le cul entre deux chaises. Avec Amanda Gomez au chant (en anglais, français et espagnol), le quintet pensait sans doute avoir trouvé sa voix pour chanter ses ritournelles légères un peu bancales sur le quotidien (voir les paroles désarmantes de Shopping : « Quand je fais les courses, je penses à toi »). Malheureusement le credo de la lo-fi à tout prix - qui en fait des caisses avec de l’électro foutraque et cheap - brise vite le charme et donne même mal au cœur sur l’instrumental Song for Hugo, qui serait plus à sa place sur une compilation d’easy-listening ou dans un ascenseur. La bonne nouvelle arrive avec la seconde moitié de ce troisième album qui gagne en efficacité en se simplifiant. Saloon apparaît plus à l’aise dans la pop classique et dénudée de Free Fall, Snow ou sur l’entraînant Electron. A découvrir également, un Conquistador un bijou mélancolique beau à pleurer. Qui remonte difficilement la cote de Saloon. (2.5) Julien Damien

Track & Field/Differ-Ant - 2006

 

Swearing at Motorists - Last night become this morning

Avec son quatrième album, Last night become this morning, Swearing at Motorists raconte d’une certaine manière son histoire tumultueuse avec un premier album enregistré sur un vieux quatre pistes et un nom emprunté sur un flyer trouvé par terre. Le problème c’est que cela s’entend aussi. A trop vouloir être plus lo-fi que le roi – dont le trône pourrait se partager entre Ryan Adams et Jon Spencer dans le cas de ce groupe originaire de Dayton – Swearing at Motorists prend le risque de se confiner dans l’inaudible. Si la sincérité du duo composé de Dave Doughman et Don Trasher transparaît dans chaque note et chaque parole dispensées par une voix rauque de crooner, très proche de celle de Richard Hawley, l’originalité elle ne pointe pas le bout de son nez. Et si l’ensemble de ce disque est bien réalisé et parvient à toucher par intermittence sur une poignée de titres… qui ne dissipent pas l’étrange impression de déjà entendu. D’autant que le label Secretly Canadian nous avait habitué à des voyages plus aventureux… (2.5) Julien Damien

Secretly Canadian/Differ-Ant

 

Inabeathead - ShellShocked

Premier album du musicien producteur Olivier Girard, ici sous le nom de Inabeathead, ShellShocked séduit d’emblée avec son hip hop instrumental, dans lequel on retrouve un peu de ce qui fit le succès des albums de Dj Shadow et de tous ceux qui, à une époque, on sur donner ses lettres de noblesse à des genres comme le breakbeat ou l’abstract hip hop. Malgré quelques maladresses et un côté "fait à la maison avec les moyens du bord" par moment trop perceptible,  on se laisse porter par les 10 titres ludiques, enlevés et souvent efficaces de l’album… en attendant une production plus étoffée, plus aboutie, dont Inabeathead semble, à première vue, capable de réaliser à l'avenir. (3.0) Benoît Richard

http://inabeathead.free.fr - 2006

 

Matthew Dear as Audion - Fabric 27

Cette nouvelle compilation, ce nouveau mix de la désormais célèbre collection Fabric, lancée par le non moins célèbre club londonien du même nom laisse cette fois-ci les manettes au jeune DJ américain, Matthew Dear présent ici sous le pseudo de Audion. Le mix, assez sombre, laisse entrevoir des titres à consonance électro, techno, assez minimalistes, signés Audion mais aussi Ricardo Villalobos, ou encore Ali Khan. Un mix pointu, parfois cérébral, ouvert sur une musique dense, opaque et abstraite qui reflète avant tout l’esprit d’un club. Un club ouvert à différents courants de la musique techno, que Matthew Dear se propose ici de nous faire découvrir. (3.0) Benoît Richard

fabric/pias - 2006

 

Sinik - Sang froid

Gangsta rap à la française, Malsain l’Assassin livre ici son second album. Dans un genre qui a fait, il y a plus de dix ans, les belles heures du Nique ta Mère, et dont une nouvelle vague de rapeurs, Tandem en tête, ont repris l’étendard ; le babtou des Ulis tire son épingle du jeu, de fort efficace façon. On ira pas chercher dans les loops surproduits une quelconque originalité sonore. Ils sont la marque de fabrique de la ligne dure du rap français 2005/2006, point final. Le rythme est martial, chargé de « pieds » ou de mitraillettes au propre comme au figuré. Normal. On ira pas non plus chercher l’originalité thématique dans les images assénées par Sinik : rage au cœur, cœur au ventre, ghetto, détresse, joint, débrouille, plaie d’argent, zonzon, désorientation, déscolarisation en sont les maîtres-mots. C’est presque triste à force d’être devenu banal. En rap comme en sociologie. Instantanés d’une vie déjà longue à seulement 25 ans. Pourtant il y a du brio dans la recherche sonore et textuelle de Sinik. Les phrases sont placées, les textes sont léchés, le flow caractéristique. Il fait mouche. Aussi parce qu’il évite une démagogie inversée du style « on va baiser la France, on est les oubliés on va vous faire mal, on va vous fumer, on a la rage t’ar ta gueule… » Il y a du Eminem ou du Public Enemy dans ce rap enrichi à l’école du clash (même si l’intro de l’album tend à démontrer que le rapeur n’aime pas la comparaison avec le protégé de Dr Dre). Et du Kool Shen – invité d’un des titres- assurément. Efficace (3.5) Denis Verloes

Up music/Warner – mars 2006 / Site officiel

 

Gogol Premier - Chansons dangereuses

Plus de 23 ans après ses premiers opus, voici revenir, quadragénaire plus chauve mais pas sonné, l’acide Gogol. Avec un album qui, musicalement n’a rien à envier aux jeunes et boutonneux skate et punk rockers. Ca va vite, ca speede le ska et ça tire même sur le métal parfois (du côté de la prod propre sans doute), preuve qu’on évolue aussi un peu avec le temps. Du côté des paroles… On retrouve Gogol tel qu’en lui-même sur des paroles crachats telle la relecture de J’encule, 20 ans après, Staracademoche ou encore TV horreur show. On y retrouve le Gogol nihiliste qu’on préférait d’ailleurs il y a… bing 15 ans, quand il philosophe avec ironie ici, sur La vie est une escroquerie. On sait déjà que ce retour est voué à la confidence, car n’est pas Didier Wampas qui veut (soit un savant mélange de punk à l’ancienne et de marketing rebelle moderne). On sait aussi que les thématiques sont un peu éculées malgré la plume efficace du sieur Gogol et que la structure de son punk rock à l’ancienne a déjà été pillé depuis par de multiples groupes calibrés FM. N’empêche, on se glisse la galette dans la discothèque à côté de l’album des Svinkels…. Soit une manifestation de pur rot houblonneux et de cri primal, presque adolescent, sans passé, sans futur, sans cerveau… Punk quoi. (3.0) Denis Verloes

 

Tender Forever - The soft and the hardcore

Tender Forever, c’est le projet solo de la Bordelaise Mélanie Valera , ex musicienne de rue reprenant des standards de groupes féminins et sixties au sein des Bonnies. La même qui oeuvra un peu plus tard, forte de compositions personnelles et anglophones, au sein de Garrison Rocks, en compagnie d’amis américains. Un projet solo donc, qu’elle décrit elle-même comme de l’“emotional pop” ou de la “lo-fi R&B”. Soit un nouvel exemple de groupe féminin, porté par une voix fragile mais pas cassée, une formation à musicien unique faite de bric et de broc, mi organique mi électronique. Mi pop intime à guitare, mi élèctro à laptop, comme Cocorosie l’a médiatisé tout au long de 2005. Soit le règne du «do it yourself» seule en scène avec des instruments aux sonorités improbables, un corps en musicien additionnel. Ou en studio avec des arrangements étranges qui par leur originalité et leur efficacité – n’a pas le K de K records (Kimya Dawson, Modest mouse, Calvin Johnson) sur son boîtier de CD qui veut- sauvent le projet de la redite ou de la prolongation d’un genre déjà découvert puis usité ailleurs. Un album qu’on qualifiera, déjà, d’album «de genre » et qui ravira les fans de cette sensibilité féminine à fleur de peau qui a trouvé un nouveau style musical ou s’exprimer (3.5) Denis Verloes

K records / Differ-ant

Le site officiel