Novastar
- another lonely soul
La
Belgique n’en finit pas de nous faire découvrir
ses trésors. Après Ghinzu l’an dernier,
voici que la pop belge nous offre un nouvel échantillon
de son talent avec Joost Zweegers, personnage
central autour du projet Novastar à qui
l’on doit un premier album sorti en 1999. Fondé
en 1996, le groupe sort aujourd’hui un second opus
flamboyant et lyrique comme ne le renierait pas Coldplay
ou U2. En effet c’est bien du coté des
anglais qu’il faut chercher des ressemblances :
voix chaude et sensuelle, mélodies douces mélancoliques,
arrangements soignés (guitares, piano, cordes...),
si vous ajoutez à cela quelques titres taillés
pour les sommets des charts, vous aurez sans aucun
doute un des plus beaux espoirs de la scène pop
actuelle. Et avec une telle musique, on se demande
comment Novastar pourrait échapper aux
grandes scènes auxquelles il semble bel et bien
promis. (3.5) Benoît Richard
www.novastar-music.com
- 2006
Bocage
- 0.2
Bocage
est un trio nantais qui sort ici un premier album
composé de huit titres plus charmants les uns que
les autres. Entre pop et post-rock soyeux, Claire,
Benoît et Timothée nous rappellent un peu Stereolab
dans ses moments les plus tranquilles, ou encore la
pop des grands espaces de Yo La Tengo. Avec
ce chant clair moitié-français, moitié-anglais,
ces arpèges de guitares lumineux, le trio nous
offre un album tranquille et lumineux sur lequel les
chansons s’égrènent tout doucement, sans heurt,
et nous laissent au final une belle
impression, celle de tenir un groupe qui ne demande
qu’à se rapprocher des terres chères à des gens
comme The Sea & Cake, David Grubbs
ou Tortoise. (3.5) Benoît Richard
www.ilovebocage.com
- 2006
Muallem
- Frankie Splits
Voici un artiste touche à tout et vraiment éclectique !
Muallem, puisque c’est son nom, présente
un album à dominante hip hop, dans lequel viennent
se mêler des influences de toutes sortes (soul,
r‘n’b, electro, jazz…) qui donnent au final à
ce disque un relief tout particulier et une
pertinence plus que louable. Enregistré entre
Londres et New York, ce Frankie Splits annonce
également des "featurings" des plus
prestigieux (Beans et Lyrics Born
entre autres !) et dévoile au final 15 titres
d’une fraîcheur incroyable. Bref le genre
d’album de hip hop ouvert sur le monde, classieux,
jamais pompeux et qui nous consolera encore un peu
plus du split d’Antipop consortium.
(4.0) Benoît Richard
Compost/nocturne
- 2006
Kaluun
- Init
Les Français de Kaluun
arrivent à nos oreilles avec un album faisant la
part belle à l’électro. Plus précisément, une
galette nous remontant dans le temps: quand on
appelait encore cette musique la trip hop et qu’on
en appréciait le côté atmosphérique. Mais Kaluun
n’est pas du tout à contre époque, car ils
musclent ces ambiances d’un déjà « autre
âge » à coup de guitare ou d’élévation
du rythme, qui viennent enrichir la formule des
samples et du piano. Mais ce qu’on retient immédiatement
de la formule Kaluun,
c’est la voix de Delphine
qui oscille régulièrement entre Sundays
et Cardigans et
apporte un petit supplément de charme sexy ou juste
fragile à l’ensemble. On songe à une version
musclée de Dubstar
(et vu le nombre de fois où je cite ces Anglais
cette année, je vais finir par demander un
pourcentage sur les ventes). On placera cet
autoproduit quelque part près de ceux de M83,
et on est prêt à parier que si le groupe parisien
parvient à trouver le single accrocheur, on les
retrouvera bientôt en hôtes de choix d’une
maison de disque. (3.5)
Denis
Verloes
Autoproduit.
Le
site officiel
Agnès
Jaoui - Canta
Franchement, Agnès
Jaoui, nous bluffe. Sur Canta
Jaoui ajoute la case chanson à ses nombreux
talents connus du public. Elle prouve ici qu’elle
n’a pas oublié son adolescence marquée par une
formation en chant classique, en différents
conservatoires d’Ile de France, avant d’attraper
le virus du théâtre et de la réalisation. Canta
est imprégné des goûts musicaux de Jaoui :
son, boléro, bossa, fado, flamenco, Cuba, Brésil,
Portugal, Andalousie, jazz manouche. Agnès
y chante avec maîtrise, d’un voix un peu grave,
passionnée. Les différentes trajectoires musicales
sont mises en son par Vincent
Segal, moitié de Bumcello.
Maria Bethânia
from Brazil et Misia
from Portugal, idoles de la miss, viennent placer
leurs voix aux côtés de celle de l’actrice,
franchement à l’aise dans l’exercice. Il plane
une maestria et une facilité déconcertante sur ces
douze chansons aux styles variés mais très unifiés.
On a juste un peu de mal à comprendre la véritable
particularité de l’album. Et sans le déprécier,
on ne comprend pas trop l’intérêt de
l’exercice. Pourquoi ne pas aller jeter un œil
directement aux sonorités évoquées, aux albums
phare des genres abordés ? Pourquoi passer par
la case Agnès
Jaoui ? En fait Canta
a peut-être pour vocation d’ouvrir ces musiques
aux fans de l’artiste. Et l’ouverture à la
diversité, est toujours une entreprise louable. (3.0)
Denis Verloes
Tot
ou tard / Warner – mars 2006
Sa
page chez Tôt ou tard
Mom
- Devant nous devant
Le groupe est originaire du Val de Marne, à quelques
encablures de Paris. Il nous livre avec devant
nous devant un
second opus autoproduit, et un line up renouvelé.
Il est ici question de rock, très produit, (passage
en studio oblige) où la voix française est mise très
en avant de la musique. Un rock à la musicalité très
adolescente –et ceci n’est pas une critique,
loin de là-, évoluant dans un spectre qui va de Noir Dé à Placebo, sans
aucune faute de goût musical et avec quelques
originalités en plus. Le tout est bourré de riffs
audacieux et de petites énergies individuelles
canalisées. En fait, Mom
a tout du bon groupe pop/rock très exigent avec sa
musique. On a quant à nous beaucoup de mal avec les
textes. Parce qu’ils sont mis très en avant, on
est interloqués beaucoup plus que nécessaire, par
leur signification, leur sens. Et on décroche en
fait assez rapidement. Les phrases sont sans doute
un peu trop écrites, elles se regardent un peu trop
« dire » ou raconter manipopulation.
Même, on s’amuse parfois de l’élévation que
cherche à se donner le texte ou d’entendre au
sein des vers rimer le mot « concupiscence ».
Bel effet musical et plantage textuel forment le
cocktail du nouveau Mom. Un presque bon disque pop. (2.5)
Denis Verloes
Autoproduit
– le
site officiel
Wu-Tang
Clan - Meets the Indie culture
Retour
aux affaires pour le crew qui s’est fait une réputation
de moteur du rap indé (rappelons-nous de 36 chambers ou de la BO de Rza
pour Ghost
dog). Un retour qui, comme dans le cas du new
whirl odor de Public
Enemy intervient à point nommé pour faire
taire les prémices de rumeur faisant état d’une
baisse d’inspiration. Meets
the indie…est dirigé par Dreddy
Kruger, qui bossa en son temps sur l’album
d’IAM ;
et le Wu
y est épaulé par une kyrielle d’artistes indé
cautions : MF Doom, Ras Kass, Cannibal
Ox, Aesop Rock.
Le résultat, c’est 52 minutes de pur bonheur
où le flow habituel du Wu Tang clan, entre litanie
et prose y assène des bombinettes de grand cru. Pas
de révolution sonore, mais c’est pourtant à une
armée de samples à la pertinence évidente qui se
battent ici en duel avec le flow et soutiennent
l’attention de l’auditeur au fil de cet album
vertigineux, sans temps mort ou baisse de régime.
Il n’y a rien, mais alors vraiment rien à jeter.
A ranger dans le panthéon des albums du groupe. (4.0)
Denis Verloes
Think
differently music/Nocturne - 2006
www.thinkdifferentlymusic.com
www.babygrande.com
Volcano!
- Beautiful Seizure
Jeune
trio originaire de Chicago, Volcano! vient
semer le trouble dans les esprits de ceux qui
pensaient que le label anglais Leaf était
avant tout un label rassemblant des formations à
dominante électronica, voire expé. Même si des
noms comme Murcof, Colleen ou Caribou
ne leur donneront pas tort, il n’en reste pas
moins que ceux-ci évoquent avant tout des musiques
hors-normes et aventureuses. Quoi qu’il en soit Leaf
n’avait jamais accueil de formation rock
jusqu’à ce jour. C’est donc chose faite avec Volcano!
qui présente ici un album post-rock, complexe,
barré, foutraque et baroque, dans lequel tout
semble véritablement possible. Et finalement ce Beautiful
seizure se révèle assez bien à l’image du
label qui l’accueille : original,
insaisissable, inclassable. Les plus malins
rangeront Volcano! tout prêt de Black
Dice, Animal Collective et autres
formations rock plus libres que le vent, mais il
n’empêche que Volcano! Ça reste avant
tout Volcano! A découvrir au plus vite. (3.5)
Benoît Richard
Leaf
- 2006
Utopium
- No memory man
Utopium
ou comment remettre au goût du jour le showgazing
de nos jeunes années. Si Ride ou My
bloody Vanentine (ou plus proche de nous Gregor
Samsa) ne sont jamais très loin, on
reconnaîtra à cette jeune formation parisienne le
mérite de ne pas tomber dans les travers du rock
actuel, et de vouloir nous renvoyer, cette fois,
quelques années en arrière, où le rock était
plus lent, plus lyrique et moins tournée vers le
dance-floor qu’aujourd’hui. Avec un son gros
comme ça, le groupe balance 9 titres soniques à
souhait, très plaisants et qui agiront avant tout
comme une madeleine de Proust auprès de ceux qui ne
sont toujours pas décidés à ranger Loveless
au grenier. (3.5)
Benoît Richard
autoproduit
- 2006
Coloma
- Dovetail
Auteur
de deux albums (Silverware en 2002 et Finery
en 2003, le duo Alex Paulick et Rob
Taylor, plus connu par chez nous sous le nom de Coloma,
proposent un nouvel album (Dovetail) sur la
structure Klein Records. Moins réussi que
les précédents, ce dernier lorgne cette fois du
coté d’une pop sophistiquée à la manière
d’un David Sylvian, mais avec la grâce et
le talent en moins. Si Dovetail
n’est pas totalement raté, il pêche
principalement dans les arrangements, pas toujours
heureux, mais aussi dans le fait que peu de titres
sortent véritablement du lot. Dommage quand on
connaît les capacités du groupe à composer des
chansons pop… quand il est inspiré. (2.0)
Benoît Richard
Klein/nocturne
- 2006
Ursula
1000 - Here comes tomorrow
A
l’image d’un Thievery Corporation et plus
généralement de toutes ces formations
estampillées Easy, lounge music, chill-out ou
neo-bossa qui ont fait les beaux jours de certains
clubs ou hôtels chics de la capitale, Ursula
1000 continue à produire une musique
electronica emprunte de jazz, de bossa nova, voir de
rock ou de disco, le tout avec un côté vintage
plus vraiment dans l’air du temps. Si Ursula
1000 a toujours été une formation de second
rang plus qu’un groupe phare, n’ayant jamais
réussi à sortir l’album qui mette tout le monde
d’accord, ce n’est pas encore avec celui-là
qu’il y parviendra. Voulant s’éloigner de son
style d’origine, Ursula 1000 se rapproche
par moment du funk façon Prince, mais
toujours sans succès. La plupart des chansons
manquent de consistance et l’album, sans ligne
directrice, part dans tous les sens, et très vite
l’ennui s’installe. A vite oublier. (1.5)
Benoît Richard
ESL/nocturne
- 2006
v/a
- Calming Park 4
Histoire
de se rabibocher un peu avec la musique d’ambiance
et de détente, voici une très belle compilation,
signée Olivier Rorbach, dans laquelle on
découvre des titres, pour la plupart très
pertinents, parmi lesquels on retiendra bien des
choses. De Helen Merill, à Kelly de
Martino, en passant par Brigitte Fontaine
ou Feist, les femmes occupent une grande
place ici avec des titres bien choisis et tous très
beaux. Si vous ajoutez à cela un remix de Tears
for Fears signé Afterlife et la
présence de Caetano Veloso, vous comprendrez
tout l’intérêt de cette compilation dont on ne
jettera rien, tant la plupart des titres répondent
tous parfaitement au besoin de l’auditeur
d’écouter une musique tranquille, mélodieuse et
de qualité, et ce, sans jamais céder à la
facilité. Bravo. (4.5)
Benoît Richard
Universal/Nocturne
- 2006
Exchpoptrue
- Antofan
Le
succès de Miss Kittin a donné des idées à
d’autres. Exchpoptrue pourrait bien faire
partie de ceux-là tant leur électro-pop trouve
bien des ressemblances avec celle de La Miss. Sur
une musique synthétique aux sonorités qui
rappellent aussi bien Jacno, Kraftwerk
que les récentes productions de Vitalic ou
Vendas Novas, on découvre une façon de
chanter proche de celle de Miss
Kittin, au bon goût d’accent français,
débitant des textes drôles et un peu provoc
parfois. Si l’album ne tient pas forcément la
longueur sur 14 titres, en revanche, niveau single,
il a de quoi faire remuer les foules. A commencer
par le premier titre Lost and Found qui
risque d’enflammer les dance-floors branchés mais
aussi de garnir les compilations électro à
venir. (3.0)
Benoît Richard
popcornlab/la
baleine - avril 2006
Redjetson
- New General Catalogue
Eh
oui, on peut chanter sur du post-rock ! Si pour
certains ce fait s’assimile à un blasphème, pour
les membres de Redjetson,
c’est une évidence qui permet aux mélodies mélancoliques
qui conviennent si bien à ce genre de gagner en
emphase et en immédiateté pop. Pour comprendre
cette dimension pop que les jeunes Anglais essaient
d’instiller dans leur morceau, il faut aller
chercher loin dans le temps au milieu des albums
torturés de Joy Division. Ou réaliser le grand écart et fouiner dans la
mystique texane chère à Lift
to Experience. En résumé Redjetson
frôle l’excellence avec des expérimentations
inspirées sublimées par des hymnes cold-wave
imparables. Mais hélas, le groupe anglais
s’englue parfois dans un style à la limite du
pompier et surtout souvent répétitif. Au premier
titre, le génie d’Explosions
in the Sky ou Mogwaï
ne semble pas être loin, mais au bout de cinq
morceaux, on aimerait entendre autre chose. (3.5)
Julien Damien
Talitres/Differ-Ant
- 2006
Saloon
- Lo-fi sounds, hi-fi heart
Après
deux premiers albums encensés en Angleterre –
notamment par l’immense John Peel – mais
finalement passés inaperçus, (This
is) What we call progress et If
we meet in the future, les membres du groupe Saloon
retentent leur chance avec ce Lo-fi
sounds, hi-fi heart. Dès le titre, on comprend
que leur tâche ne sera pas simple s’ils restent
ainsi le cul entre deux chaises. Avec Amanda
Gomez au chant (en anglais, français et
espagnol), le quintet pensait sans doute avoir trouvé
sa voix pour chanter ses ritournelles légères un
peu bancales sur le quotidien (voir les paroles désarmantes
de Shopping : « Quand je fais les courses, je penses à toi »).
Malheureusement le credo de la lo-fi à tout prix -
qui en fait des caisses avec de l’électro
foutraque et cheap - brise vite le charme et donne même
mal au cœur sur l’instrumental Song
for Hugo, qui serait plus à sa place sur une
compilation d’easy-listening ou dans un ascenseur.
La bonne nouvelle arrive avec la seconde moitié de
ce troisième album qui gagne en efficacité en se
simplifiant. Saloon apparaît plus à l’aise dans la pop classique et dénudée
de Free Fall,
Snow ou sur l’entraînant Electron.
A découvrir également, un Conquistador
un bijou mélancolique beau à pleurer. Qui remonte
difficilement la cote de Saloon. (2.5)
Julien Damien
Track
& Field/Differ-Ant - 2006
Swearing
at Motorists - Last night become this morning
Avec
son quatrième album, Last night become this morning, Swearing at Motorists raconte d’une certaine manière son histoire
tumultueuse avec un premier album enregistré sur un
vieux quatre pistes et un nom emprunté sur un flyer
trouvé par terre. Le problème c’est que cela
s’entend aussi. A trop vouloir être plus lo-fi
que le roi – dont le trône pourrait se partager
entre Ryan
Adams et Jon
Spencer dans le cas de ce groupe originaire de
Dayton – Swearing
at Motorists prend le risque de se confiner dans
l’inaudible. Si la sincérité du duo composé de Dave
Doughman et Don
Trasher transparaît dans chaque note et chaque
parole dispensées par une voix rauque de crooner,
très proche de celle de Richard
Hawley, l’originalité elle ne pointe pas le
bout de son nez. Et si l’ensemble de ce disque est
bien réalisé et parvient à toucher par
intermittence sur une poignée de titres… qui ne
dissipent pas l’étrange impression de déjà
entendu. D’autant que le label Secretly Canadian
nous avait habitué à des voyages plus
aventureux… (2.5)
Julien Damien
Secretly
Canadian/Differ-Ant
Inabeathead
- ShellShocked
Premier
album du musicien producteur Olivier Girard, ici
sous le nom de Inabeathead, ShellShocked
séduit d’emblée avec son hip hop instrumental,
dans lequel on retrouve un peu de ce qui fit le succès
des albums de Dj Shadow et de tous ceux qui, à une
époque, on sur donner ses lettres de noblesse
à des genres comme le breakbeat ou
l’abstract hip hop. Malgré quelques maladresses
et un côté "fait à la maison avec les moyens
du bord" par moment trop perceptible,
on se laisse porter par les 10 titres
ludiques, enlevés et souvent efficaces de
l’album… en attendant une production plus étoffée,
plus aboutie, dont Inabeathead semble, à
première vue, capable de réaliser à l'avenir. (3.0)
Benoît Richard
http://inabeathead.free.fr
- 2006
Matthew
Dear as Audion - Fabric 27
Cette
nouvelle compilation, ce nouveau mix de la désormais
célèbre collection Fabric, lancée par le non
moins célèbre club londonien du même nom laisse
cette fois-ci les manettes au jeune DJ américain, Matthew
Dear présent ici sous le pseudo de Audion. Le
mix, assez sombre, laisse entrevoir des titres à
consonance électro, techno, assez minimalistes,
signés Audion mais aussi Ricardo
Villalobos, ou encore Ali Khan. Un mix
pointu, parfois cérébral, ouvert sur une musique
dense, opaque et abstraite qui reflète avant tout
l’esprit d’un club. Un club ouvert à différents
courants de la musique techno, que Matthew Dear
se propose ici de nous faire découvrir. (3.0)
Benoît Richard
fabric/pias
- 2006
Sinik - Sang froid
Gangsta
rap à la française, Malsain l’Assassin livre ici son second album. Dans un genre qui a
fait, il y a plus de dix ans, les belles heures du Nique ta Mère, et dont une nouvelle vague de rapeurs, Tandem
en tête, ont repris l’étendard ; le babtou
des Ulis tire son épingle du jeu, de fort efficace
façon. On ira pas chercher dans les loops
surproduits une quelconque originalité sonore. Ils
sont la marque de fabrique de la ligne dure du rap
français 2005/2006, point final. Le rythme est
martial, chargé de « pieds » ou de
mitraillettes au propre comme au figuré. Normal. On
ira pas non plus chercher l’originalité thématique
dans les images assénées par Sinik :
rage au cœur, cœur au ventre, ghetto, détresse,
joint, débrouille, plaie d’argent, zonzon, désorientation,
déscolarisation en sont les maîtres-mots. C’est
presque triste à force d’être devenu banal. En
rap comme en sociologie. Instantanés d’une vie déjà
longue à seulement 25 ans. Pourtant il y a du brio
dans la recherche sonore et textuelle de Sinik.
Les phrases sont placées, les textes sont léchés,
le flow caractéristique. Il fait mouche. Aussi
parce qu’il évite une démagogie inversée du
style « on
va baiser la France, on est les oubliés on va vous
faire mal, on va vous fumer, on a la rage t’ar ta
gueule… » Il y a du Eminem
ou du Public
Enemy dans ce rap enrichi à l’école du clash
(même si l’intro de l’album tend à démontrer
que le rapeur n’aime pas la comparaison avec le
protégé de Dr Dre). Et du Kool Shen
– invité d’un des titres- assurément. Efficace
(3.5) Denis Verloes
Up
music/Warner – mars 2006
/ Site
officiel
Gogol
Premier -
Chansons dangereuses
Plus
de 23 ans après ses premiers opus, voici revenir,
quadragénaire plus chauve mais pas sonné,
l’acide Gogol. Avec un album qui, musicalement n’a rien à envier aux
jeunes et boutonneux skate et punk rockers. Ca va
vite, ca speede le ska et ça tire même sur le métal
parfois (du côté de la prod propre sans doute),
preuve qu’on évolue aussi un peu avec le temps.
Du côté des paroles… On retrouve Gogol
tel qu’en lui-même sur des paroles crachats telle
la relecture de J’encule,
20 ans après, Staracademoche
ou encore TV
horreur show. On y retrouve le Gogol nihiliste
qu’on préférait d’ailleurs il y a… bing 15
ans, quand il philosophe avec ironie ici, sur La
vie est une escroquerie. On sait déjà que ce
retour est voué à la confidence, car n’est pas Didier
Wampas qui veut (soit un savant mélange de punk
à l’ancienne et de marketing rebelle moderne). On
sait aussi que les thématiques sont un peu éculées
malgré la plume efficace du sieur Gogol
et que la structure de son punk rock à l’ancienne
a déjà été pillé depuis par de multiples
groupes calibrés FM. N’empêche, on se glisse la
galette dans la discothèque à côté de l’album
des Svinkels….
Soit une manifestation de pur rot houblonneux et de
cri primal, presque adolescent, sans passé, sans
futur, sans cerveau… Punk quoi. (3.0)
Denis Verloes
Tender
Forever -
The soft and the hardcore
Tender
Forever,
c’est le projet solo de
la Bordelaise Mélanie
Valera
, ex musicienne de rue reprenant des standards
de groupes féminins et sixties
au sein des Bonnies.
La même qui oeuvra un peu plus tard, forte de
compositions personnelles et anglophones, au sein de
Garrison
Rocks, en compagnie d’amis américains. Un
projet solo donc, qu’elle décrit elle-même comme
de l’“emotional pop” ou de la “lo-fi
R&B”. Soit un nouvel exemple de groupe féminin,
porté par une voix fragile mais pas cassée, une
formation à musicien unique faite de bric et de
broc, mi organique mi électronique. Mi pop intime
à guitare, mi élèctro à laptop, comme Cocorosie
l’a médiatisé tout au long de 2005. Soit le règne
du «do it yourself» seule en scène avec des
instruments aux sonorités improbables, un corps en
musicien additionnel. Ou en studio avec des
arrangements étranges qui par leur originalité et
leur efficacité – n’a pas le K de K records (Kimya
Dawson, Modest mouse, Calvin Johnson) sur son boîtier
de CD qui veut- sauvent le projet de la redite ou de
la prolongation d’un genre déjà découvert puis
usité ailleurs. Un album qu’on qualifiera, déjà,
d’album «de genre » et qui ravira les fans
de cette sensibilité féminine à fleur de peau qui
a trouvé un nouveau style musical ou s’exprimer (3.5)
Denis Verloes
K
records
/ Differ-ant
Le
site officiel
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