Chroniques Express 24

Dernière mise à jour : 23/05/2006

 

 

Bertrand Louis - Tel quel

D’emblée, ce qui séduit et qui frappe dans ce troisième album de Bertrand Louis c’est la force musicale qui ressort immédiatement, ses mélodies faciles et évidentes, ses refrains pop légers qui en font rapidement un objet familier. Dans le texte, plus proche d’un Thomas Fersen que de Dominique A, Bertrand Louis chante Paris, la France, l’amour ou ses humeurs avec une pointe de mélancolie, dans un format musical pop (Guitare/bass/batterie) assez direct et bien fichu ce qui ne lui empêche pas de reprendre Léo Ferré ou Ma petite rime de Jean Dréjac et Jean Constantin avec panache. Au final un album "chantant", pétri d’influences pop, qui évoque aussi bien le Gainsbourg 60’s (les couettes) Kent (Ménilmontant) ou même Julien Baer (Fumer tue). (3.5) Benoît Richard

www.bertrandlouis.net - 2006

 

oLO - Tudu è um

A la tête du projet olO, Grégoire Terrier propose de découvrir sur le site www.olomusic.com 5 titre que le groupe définit de "jazz world electro". Accompagné d’un DJ, d'un percussionniste Réunionnais et d'une chanteuse Brésilienne, le groupe déploie un jazz feutré et sensuel dans lequel le groove n’est jamais absent. Sans maniérisme et sans gimmicks pompeux, olO marie avec élégance le jazz de tradition et les diverses influences (blues, bossa nova, musique latino, electro…) qui viennent s’y ajouter. Bel essai qui ne demande qu’à être transformé. (3.0) Benoît Richard

www.olomusic.com - 2006

 

Da-Taz - Have we got Soul ?

Da-Taz est une formation réunie autour de DJ Bicen, qui marie avec bonheur musiques électroniques, Hip-Hop, Jazz, Funk, Soul grâce à un savant mélange de samples 70's et de musique jouée live par une poignée de musiciens aguerris au groove. A la manière des français DJ Cam, Troublemakers, des anglais de Herbaliser (Ninja Tune), ou des grands noms du jazz électro cher à Gilles Peterson (Talkin’ Loud), Da-Taz produit une musique chaleureuse et métissée, sachant faire rimer breakbeats et cuivres pour le meilleur. Bref, un album de jazz moderne et ouvert sur les musiques populaires, qu’il faut saluer à sa juste valeur. (4.0) Benoît Richard

Waz records/warm/Discograph - 2006

 

Tom Brosseau - Empty Houses are Lonely

Dans la famille des "folk-singers inspirés", voici venir Tom Brosseau qui, avec ses chansonnettes, vient nous prouver que derrière Devandra Banhart ou le regretté Jeff Buckley peuvent se cacher des musiciens qui eux aussi savent faire des choses bien rien qu’avec une guitare et une voix. Auteur d’une poignée d’albums passés tous plus ou moins inaperçus par chez nous, ce natif du Dakota du Nord, qui vit aujourd’hui en Californie, débarque sur le label anglais FatCat pour nous faire découvrir un songwriting intimiste et chaleureux. Seul à la guitare, il nous gratifie de quelques beaux moments et confirme après Songs Of Green Pheasant, que FatCat a toujours le nez fin pour nous dégoter des "lonesone singers" talentueux. (4.0) Benoît Richard

FatCat/pias - 2006

 

Martyn Bates - Mystery Seas (Letters Written #2)

Toujours prêt à accueillir les musiques pop "déviantes", voire mystiques (In gowan Ring) ou les beautés post-rock helvétiques (The Evpatoria Report), le label Shayo records réédite un album signé Martyn Bates (ancien membre des Eyeless In Gaza au début des années 80) paru initialement en 1995. Quelque part entre la pop sophistiquée d’un David Sylvian et la new-wave de Talk Talk, Mystery Seas nous embarque dans des ambiances brumeuses, où la voix de Martyn Bates (qui rappelle par moment celle de Dave Gahan de Depeche Mode) entre en parfaite résonance avec l’orgue et les quelques instruments qui viennent donner à l’ensemble une vraie densité. Un artiste à (re)découvrir sans tarder dans un très beau digipack. (3.5) Benoît Richard

Shayo – 2006

 

My Name is nobody - I Hope You’re Well, I Am and I Send You My Fingers

Si son nom est "personne" (en référence au cinéma de Jim Jarmush et non au célèbre film avec Terence Hill et Henry Fonda ), sa musique, elle, a bien de la personnalité. Issu du Collectif Effervescence (This Melodramatic Sauna, The Patriotic Sunday…) My Name is Nobody révèle un jeune nantais du nom de Vincent Dupas qui, avec sa guitare et un groupe pour l'accompagner sur scène nous ferait presque oublier le Smog de Bill Callahan ou encore les chansons tristes de Will Oldham, tant sa musique habitée, sait transmettre les émotions qu’il faut, quand il faut. Arpèges de guitares lumineux, arrangements discrets, chœurs chaleureux constituent les principales caractéristiques de ce folk "au coin du feu" charmant et auquel on souhaite de découvrir très vite les grands espaces habités par ses pairs. (3.5) Benoît Richard

Effervescence - avril 2006    

www.myspace.com/mynameisnobodyfromnantes

 

Kid Francescoli - s/t

Toujours sous l’impulsion de la structure marseillaise Chroniques sonores, Kid Francescoli propose un premier album très réussi dans lequel se mêlent habilement de nombreuses influences, Eels, Calexico ou encore Grandaddy, auquel Kid Francescoli fait souvent penser. Derrière des pop-songs mélancoliques et gentiment naïves, chantées en anglais ou en Français, on découvre une production soignée où les claviers apportent à l’ensemble de l'labum un aspect aérien très réussi. Mais Kid Francescoli c’est aussi et surtout un compositeur talentueux : Mathieu Hocine qui, avec 11 titres aux mélodies évidentes et très belles, montre qu’il est plus q’un espoir de la pop française et qu’on espère très vite voir jouer en équipe A aux cotés de Air et consorts. (4.0) Benoît Richard

www.leschroniques-sonores.org  - 2006

 

Television Personalities - My Dark Places

Retour sur le devant de la scène d’ancienne gloires punk indie qui, près de 30 ans après leurs premiers singles, reviennent avec un nouvel album (le précédent datait de 1995) étrange, ombrageux, rugueux et presque anachronique. Un album qui réussit à séduire par son coté "hommage au Velvet Underground ou aux Stooges" et par l’aspect tordu et dérangé qu’il dégage tout au long des 53 minutes qu’il dure. Voix cassée, Boites à rythmes fauchées, basses fatiguées, guitares avachies et arrangements baroques constituent l’univers de ce drôle de disque qui, passée la première écoute, se laisse tranquillement apprivoiser pour en découvrir ses charmes, son côté beau bizarre. Une vraie curiosité. (3.5) Benoît Richard

Domino/Pias – 2006

 

Oliver Huntemann - Fieber

Vieux briscard et pilier de la scène techno, l’allemand Oliver Huntemann a fondé son propre label Confused Recordings, et sort aujourd’hui un album qui ne doit rien à personne, tant sa vision de la techno et de l’électro semble très personnelle. Assez éloigné des habituelles productions Gigolo, qui ont furieusement tendance à se ressembler ces dernières années, l’album Fieber nous propose une électro abstraite, sèche et industrielle qui n’est pas là pour flatter le conduit auditif du clubber moyen mais avant tout pour provoquer des émotions comme seule peut en proposer l’électro quand elle est froide, déconstruite et, pour tout dire, authentique. A découvrir. (3.5) Benoît Richard

Confused records/gigolo/Nocturne – mars 2006

 

Thievery corporation - Versions

Deux des piliers de la scène trip hop downtempo des années 90/2000, les Thievery Corporation reviennent nous présenter une poignée de remixes bien troussés et nous rappeler ainsi qu’ils étaient sans doute les meilleurs (avec Kruder & Dorfmeister) quand ils ‘agissait de marier rythmes dub langoureux et rengaines bossa nova. D’anciens mais aussi des récents titres viennent remplir ce beau florilège. Au programme : Sarah Mc Lachlan, Emilie Simon, Nouvelle Vague, Transglobal Underground, Bebel Gilberto ou encore les Doors rappellent à nos oreilles la douceur et l'élégance de leur musique. Au final, rien à jeter ou presque, dans ce qui pourrait bien servir de bande son idéale pour cet été 2006. (4.0) Benoît Richard

ESL records/Nocturne – mai 2006

 

Harvey Lindo - Kid Gloves (a modaji long player)

Un album de hip hop sur le label allemand Compost, le fait est assez rare pour être signalé. Mais un ici pas de hip hop sans groove ni influences soul, jazz, car Compost est avant tout un label qui aime le groove et les rythmes chaloupés. Derrière le nom de Harvey Lindo se trouve Dominic Jacobson aka Modaji à qui l’on doit déjà deux albums sous ce nom. Harvey Lindo s’entoure ici de Count Bass D et Phillipa Alexander pour un disque plutôt réussi, qui rappellera de beaux souvenirs aux nostalgiques du son Grand Central (Aim, Rae & Christian….). Sur des breakbeats souples, on découvre des samples jazz, très cuivrés, des basses bien rondes qui donnent un confort d’écoute très appréciable pour l’auditeur amateur de hip hop... loin, très loin du gangsta rap. (4.0) Benoît Richard

Compost/Nocturne – mars 2006

 

v/a - F.U.N. II

D’après le nom d’un célèbre club berlinois, les clefs de la compilation F.U.N. ont été une nouvelle fois confiées à Oskar Melzer, qui, pour ce second volume, a convoqué quelques uns des meilleurs producteurs électro qui sont passés un jour par le FUN. Chaque morceau présenté ici a été produit exclusivement pour cette compilation, sur laquelle on retrouve des noms tels que Ewan Pearson ou encore Alexkid. Assez inégale selon les titres, cette compilation aura au moins le mérite de nous faire connaître le club dans lequel Lenny Krawitz a fête son anniversaire… Non...? Si.  (2.5) Benoît Richard

Fine/Nocturne – avril 2006

 

Dat politics - Wow Twist

Toujours aussi allumés du sampler, les Dat politics reviennent sur le label Chicks on speed Records pour un sixième album dans lequel ils laissent une fois encore libre court à leur folie électro. Avec 11 titres d’électro-punk libéré et déjanté, ils mettent le feu aux platines. Plus connu à l’étranger qu’en France, le trio use une fois encore de synthés vintage aux sonorités estampillés "Atari", sur des vocaux aussi absurdes que poilants qui donnent à l’ensemble un coté barré et juvénile totalement roboratif.  Certes, on n’écoutera pas l’ensemble de leur discographie d’une traite, mais on régalera, néanmoins, par petites touches, de ces petites tueries électro-pop qui ont pour fonction avant tout de vous faire remuer le bout des orteils tout en vous tapant sur le ventre. (3.5) Benoît Richard

Chicks on Speed Records/Nocturne - 2006

 

Mièle - Mièle

Signés sur le label Humpty Dumpty records, la formation belge Mièle propose un premier album au style assez inclassable mais foncièrement attachant qui, de titre en titre, nous fait perdre nos repère et nous conforte dans l’idée de tenir un groupe singulier et très attachant. Avec des chansons intimismes très réussies (Jésus 2, Je vous avoue, Les méfaits) qui nous rappellent les regrettés Superflu, et d’autres plus franchement rock (Mireille, Les chiffres rouges) voire carrément barrés (Nous sommes au juste), le groupe réussit une vraie petite alchimie, celle de faire cohabiter des titres, qui au départ n’ont pas grand-chose à voir les uns avec les autres, mais qui, au fil des écoutes, s’enchaînent pourtant sans problème. Une manière de faire les choses qui rappelle peut-être aussi les trublions poètes de Dionysos. (4.0) Benoît Richard

Humpty Dumpty records - 2006  

 

Silent Poets - sun

A la tête des Silent Poets depuis 15 ans,  Michiharu Shimoda rappelle à notre bon souvenir un des groupes phare de la scène trip-hop qui, le temps de d’un album majeurs (To come en 2000), a su nous montrer qu’au Japon on pouvait faire des musiques belles et tristes sur des tempos ralentis. Sans rien renier de leur passé, les Silent Poets remettent le couvert, ressortent les cordes et les beats dub pour un nouvel album où il est encore question de douce mélancolie, de rythmes downtempo et de fines sonorités électroniques. Si le charme n’opère plus totalement comme avant, on appréciera, dans un ensemble malgré tout assez formaté, quelques petites perles "loungy" bien agréables. Une manière comme une autre de ne pas oublier ceux qui marchent encore aujourd’hui sur les traces de Massive Attack. (3.0) Benoît Richard

Poussez!/nocturne - 2006

 

V/a - Paz E Tufbol

La coupe du monde 2006 en Allemagne arrive à grands pas, l'occasion pour beaucoup de "faiseurs de musique" de s'approprier l’événement afin de sortir, si possible, le tube imparable qui sera repris en cœur les soirs de victoire. Loin de tout ça, le duo allemand Jazzanova connu pour son bon goût en matière de musiques bossa/jazz se la joue brésilienne et nous concocte une compilation aux petits oignons dans laquelle il mettent rien que pour nous quelques perles de musique et chansons bossa-nova, funk et jazz "made in Brasil" estampillées 70’s. Comme quoi la musique brésilienne peut se déguster avec plaisir sans forcément être mixée à la sauce House. (4.0) Benoît Richard

Sonar Kollektiv/Nocturne – 2006

 

Neither/neither world - Invisible angel

Septième sortie pour label suisse Shayo et second album sur cette structure pour le groupe Neither/neither world qui, après le très beau Rewound en 2004, signe une nouvelle collection de folk-songs habités, portés par la voix superbe de la chanteuse et leader Wendy Van Dusen. Toujours aussi emprunte de mélancolie, la musique de cette formation dégage à la fois noirceur et éclat et rappelle à notre bon souvenirs des gens comme Lisa Germano ou les Cocteau Twins. Portés par quelques titres superbes (Ghosts Whisper, shadow of the Wings) cet album de "dark Folk" confirme la forme de ce groupe et son talent à générer de belles émotions chez qui prendra le temps se pencher sur la musique de Neither/neither world. (3.5) Benoît Richard

Shayo records - 2006

 

Johannes Heil - Freak R Us

Pour ceux qui, comme moi, avaient moins qu’une vague idée quant à l’identité de monsieur Heil, sachez qu’il est Allemand et officie dans le cénacle de la techno germanique depuis 1995. Sachez aussi que son son a longtemps été influencé par l’intelligent house en provenance de Detroit (Carl Craig…). Il est l’auteur pour le dancefloor de Paranoid dancer qui fit avec son mélange de glauque et de remuage du popotin gagner un succès d’estime au bonhomme. Freak r Us est son déjà dixième album. Un album qui nous fait en fait exactement le même effet que le blossom d’Agoria en 2004, dans un genre diamétralement opposé. Soit ici une techno minimaliste, froide et sombre, largement déconstruite, dépouillée, presque glauque énegique malgré l’arythmie et franchement dans l’air du temps (même Guetta s’y est mis c’est dire). L’effet est le même que blossom donc. Ou le constat d’une maîtrise incomparable du son et de la démarche, l’un ou l’autre single à récupérer pour le dance-floor, une technicité évidente… mais un absolu manque d’émotion. On accroche à rien sinon à trouver le bonhomme carrément fortiche, c’est un peu léger pour un disque qui marque (2.5) Denis Verloes

Klang/La Baleine – 27 mars 2006

 

The Holy ghost - Welcome to ignore us

Nouveaux rejetons de big apple à aborder nos contrées voici venir le troisième album de the Holy ghost,et premier opus à débarquer dans les bacs européens. Le groupe emmené par la voix de Christopher Dean Heine et la batteuse Angela Webster , tente de créer le break avec un garage rock bien troussé, genre qui a été usé ces dernières années, jusqu’au dernier fil de la corde. Le risque est qu’ils n’y parviennent pas vraiment, bien sûr, auprès d’un public qui l’aborde désormais sans surprise. Et pourtant ce n’est pas faute d’essayer, pour ce groupe qui a trouvé une vraie identité dans le mélange de voix à la Cast contre chant évanescent et guitare qui doit autant au son et à la virtuosité d’un Jack White (Stripes) qu’au groove d’un John Squire par exemple dans le second coming des Stone Roses. Malgré ces ingrédients, et ce mélange garage/britpop, la mayonnaise à du mal à prendre et il manque au groupe LA composition qui le rendra mieux qu’un simple combo d’accompagnement d’un retour chez soi en deux roues via l’autoroute. (2.5) Denis Verloes

Fargo/Naïve

 

Elisabeth Anaïs -  Les heures claires

Vous connaissez Elisabeth Anaïs. Vous l’avez croisée un jour, téléspectateur, dans le jury de popstar ou d’une autre émission de real tv, je sais plus. Mais Elisabeth est aussi parolière à la ville, et on lui doit les paroles de la comédie musicale, le Petit Prince en compagnie de Richard Cocciante… Mais si vous savez, « les baobabs – o bab obab » c’est elle ! Elle nous revient ici en solo et sous son nom propre. Elle nous distille des petites histoires de son quotidien, comme une musique de variété un peu rétro, accompagnée par de la "klein liftenmusic" super travaillée, où on ne se refuse aucun piano, guitare ou corde (ben oui elle connaît du monde dans le métier Elisabeth). Les paroles devraient vous plaire, pour autant que vous aimiez les allitérations recherchées « canisses- Matisse- Cannes et Nice- le parfum de l’anis» et les histoires jouées en mode mid-tempo peu attachantes pour femmes de mettons quarante ans, sirotant un café crème avec de grosses lunettes noires en terrasse, du Carlton sur la Croisette. On se demande comment des textes pareils « je suis ton mousse, tu es mon capitaine » arrivent à être enregistrés sur disque sans que personne à aucun moment ne se soit esclaffé en studio. Le résultat est hautement dispensable (pour rester poli) et on en est presque triste pour Elisabeth qui a, on lui reconnaît cette qualité, une jolie voix jazzy. (0.0) Denis Verloes.

AZ / Universal

 

The No Neck Blues Band & Embryo - Embryonnck

Embryonnck est le fruit né de l’hybridation d’Embryo, groupe Krautrock munichois qui a éclos au cours des 70’s, et du No-Neck Blues Band, groupe énigmatique de l’underground new-yorkais. Cette fusion, dont émanent les influences de chacune de ces formations, prend des allures de jam-session où dialoguent percussions en tout genre, xylophones et flûtes à bec de hippies, instruments à cordes aux consonances ethniques prononcées, jeux de bouche et de gorge aux accents psychédéliques et tribaux (des gourous africains font de régulières incursions). Tous ces interlocuteurs laissent échapper librement des thèmes et rythmiques cycliques, soumis à variations, invitant volontiers à une sorte de transe hallucinatoire. Grâce à son petit bazar semi-improvisé piochant dans tout une kyrielle d’ethnies, ses légères dissonances (nombreuses sur le free-jazzy Die farbe aus dem all), ses quelques effluves de patchouli (envahissantes sur Zweiter sommer), ce Embryonnck saura jeter un sort sur les amateurs de voyages enfumés. (3.0) Sébastien Radiguet

Staubgold - 2006

 

Jay Lou Ava - Ebotan

Parce qu’on est pas du tout versé dans l’art de la chronique d’un album Jazz on aborde toujours les disques assimilés à ce style de musique avec une oreille « pop » au sens large. Et on a parfois de jolies surprises. On a abordé l’opus du jazzman Camerounais Jay Lou Ava, avec ce même type d’oreille. On s’est laissé bercer à ce métissage entre un jeu de guitare très démonstratif, funk, soul, et les chœurs ou sonorités africaines (que viennent soutenir ça et là sur l’album, Manu Dibango au sax ténor et Bumcello). Un progressive afro jazz comme il l’a défini lui même. Reste que pour le néophyte que nous sommes, cela sonne surtout comme du « smooth jazz » qu’on dégusterait volontiers face à une grande blonde en robe de velours bleu, sirotant une margarita… C’est à dire une musique d’ambiance pour un moment plaisant, bande son sur laquelle on ne fixe pas vraiment son attention, mais pas désagréable du tout aux oreilles. A réserver aux fans du genre ou de l’artiste, sans doute. (2.5) Denis Verloes

Sergent major/nocturne

 

Volo - Bien Zarbos

Volo, c’est un binôme de frangins : les Volovitch. Frédo et Olivier. Le premier est guitariste pour les Wriggles. Le second s’y retrouve parfois derrière la console. C’est à la maison qu’ils se sont mis à composer des petites ballades pop, mélangées de funk, de fusion (on ne se refait pas), le tout servi par une maîtrise de la guitare qui saute immédiatement à l’oreille. Et du coup, quand ils ne tournent pas avec le groupe au clown blanc et son sourire prédateur, ils plongent dans un univers musical un peu plus intime, fait d’histoires d’amour et de prise de conscience sociale, du genre de celles popularisées en 2005 par Sinsemilia ou Tryo. Le tout musical ainsi composé, mélanges d’histoires très simples, d’anecdotes de la vie quotidiennes et de réflexions ironiques sur le capitalisme, servies sur une pop aux arrangements évidents mais travaillés est à la fois la force et la faiblesse de l’album. Sa force parce qu’on trouve ici le chaînon manquant entre la variété façon Voulzy ou Obispo et une certaine interprétation de la « nouvelle chanson française » comme le Katerine des débuts et le Dominique A de la mémoire neuve aimaient à le pratiquer. Soit un album super bien foutus et des chansons qu’on imprime, mais dont on ne sait jamais vraiment si on les déteste leur pendant variétoche ou si on les apprécie pour leur maîtrise de la pop. Impossible de trancher. A vous de juger. (2.5) Denis Verloes

www.opera-music.fr/L’autre distribution

 

The Unisex - White Days

Originaire d'Enkoping (sic), la nouvelle vague pop au nom hermaphrodite vient du froid, et amène à portée d'oreille ce Making Faces très inégal, compilation proclamée d'anciens EPs, paraît-il encensés.

Ostensiblement pensé déséquilibré, l'album s'ouvre sur trois morceaux fougueux et dansants, qui justifieraient à eux seuls son achat, occultant presque l'insuffisance du reste de l'album. En effet, le quatrième amorce une chute libre de six pistes de long. La mélodie est présente, les arrangements sont léchés ; là ne réside pas le problème. Ces titres s'avèrent simplement plats, statiques, aseptisés d'émotions.

Groupe de scène avant tout, les Unisex insèrent un live que l'on attendrait plutôt en bonus track. Le discours suédois en intro de cette antépénultième piste semble en effet une folklorique cassure de rythme pour quiconque ne maîtrise pas cette langue. Et pour cause. Si la descente est rude, on atterrit après cela tout en douceur et mélancolie avec After The Rain Comes The Sun, qui précède le petit luxe que constitue le remix de la première piste Pigs & Their Farms par Archive .

Si la mélodie pop très puissante de Mushrooms & Broccoli côtoie l'excellence, la présence de ce long trou noir en plein milieu de l'album laisse finalement un âcre arrière-goût de peut mieux faire. (2.5) Fabrice Berro

Productions Spéciales- Mai 2006

 

Chicken Lips - Making Faces

Curieux hybride trip-funk que ce troisième album né de la collaboration en tant que Chicken Lips de Dean Meredith et Andrew Meecham, vieux loups de la platine qui écumaient déjà les baffles dans les glorieuses eighties tardives sous le sobriquet de Bizarre Inc. Sans rien sacrifier de son flow résolument funky, le duo flirte parfois avec l'expérimentation, et pousse le défrichage de son improbable style jusqu'à des extrêmes de disco ou de dub. Puissamment groovy, le début de Loving Cup évoque notamment les plus chaleureuses couleurs du foisonnant Sung Tongs d'Animal Collective. Making Faces est un dédale joyeusement désordonné, aux influences papillonnant entre Roxy Music et David Bowie, et dont l'éventuel fil d'Ariane consisterait peut-être en cette volonté affirmée de création mouvante, dansante, et insaisissable. Quoiqu'à déconseiller au profane, ce troisième opus du duo britannique s'avère une production fort agréable, dont le décalage, bien au-delà de la sonorité, s'étend jusqu'à l'écriture des textes. Le "sexy" Sweet Cow en est une flagrante illustration. Making Faces, ou une grande goulée d'air dépaysante, dans ce pays où poussent des dents entre les lèvres des poulets. (3.5) Fabrice Berro

Adrift Records/Nocturne - 2006

 

Julien Petitjean - 12 petits chants

Les chansonnettes du messin Julien Petitjean vous mettent très vite du baume au cœur, avec sa façon bien à lui de chanter la vie avec humour et dérision qui rappelle  parfois le vosgien Pascal Parisot ou une sorte de Henri Dès qui aurait oublié de chanter pour les enfants. C’est frais, sympathique et on peut même écouter ça en voiture avec ses enfants… à condition de zapper quelques passages. (3.0) Benoît Richard

http://petitjean.julien.free.fr - 2006

 

Martin Luther - Rebel soul Music

Cet ex-enfant de chœur au parcours atypique fait paraître son deuxième album, Rebel Soul Music, sorti il y a déjà deux ans aux Etats Unis sur son propre label. Dans une lignée funk-rock-soul qui renvoie à des noms aussi prestigieux que Funkadelic, Stevie Wonder ou encore Isaac Hayes, Martin Luther propose quatorze chansons à fleur de peau, entre force et douceur, qui devraient ravir ceux qui avaient aimé notamment les premiers albums de FFF. (3.0) Benoît Richard

www.rebelsoulmusic.com - 2006

 

Williams Traffic - Brian Dreams

Découvert à la belle époque du label Catalogue (Avia, Sporto kantes…) Williams Traffic (Composé de Franck Williams et de Nicolas Kantorowitz), revient avec un second album sous le signe des musiques roots et dans lequel le dub tient une bonne place mais pas seulement puisque que l’on retrouve comme sur …And the fugitive un tas d’influences qui vont de la pop au hip hop en passant par la soul. Epicé et chaleureux, mariant samples divers et rythmes reggae/dub ce Brian Dreams nous rapproche un peu plus la Jamaïque à chaque nouvelle écoute. (3.5) Benoît Richard

Garage/Discograph - 2006

 

Hell Niño - Sound Movie Experience

Hell Niño est un projet instrumental né à Nantes en 2005. Si certaines pistes de ce court EP reflètent ponctuellement des teintes dub, la démarche musicale adoptée est purement post-rock. De même, malgré les glorieuses influences revendiquées par le groupe (rien de Floydien ici), c'est plutôt vers le label montréalais Constellation que l'on se tourne. On jurerait par exemple Armed, et sa batterie lancinante qui se charge jusqu'à en exploser, un condensé de Godspeed You! Black Emperor, toutefois nanti de textures plus sales. Pas de riff, pas de solo, ni de mélodie à proprement parler. Les voix des divers instruments se chevauchent et se dépassent sans cesse, pour former un extraordinaire magma musical en ébullition constante. L'instrumentation est entrecoupée de samples gentiment délurés, tirés de films de série Z ou pire, et qui agissent en électrochocs pour maintenir l'attention de l'auditeur à son paroxysme. Prometteur, l'univers Hell Niño ne tient pas sur quatre pistes ; on attend impatiemment la suite de ce maxi très alléchant. (3.5) Fabrice Berro

bmprod.net-2006