Bertrand
Louis - Tel quel
D’emblée,
ce qui séduit et qui frappe dans ce troisième
album de Bertrand Louis c’est la force
musicale qui ressort immédiatement, ses mélodies
faciles et évidentes, ses refrains pop légers qui
en font rapidement un objet familier. Dans le texte,
plus proche d’un Thomas Fersen que de Dominique
A, Bertrand Louis chante Paris, la
France, l’amour ou ses humeurs avec une pointe de
mélancolie, dans un format musical pop (Guitare/bass/batterie)
assez direct et bien fichu ce qui ne lui empêche
pas de reprendre Léo Ferré ou Ma
petite rime de Jean Dréjac et Jean
Constantin avec panache. Au final un album "chantant",
pétri d’influences pop, qui évoque aussi bien le
Gainsbourg 60’s (les couettes) Kent
(Ménilmontant) ou même Julien Baer (Fumer
tue). (3.5) Benoît Richard
www.bertrandlouis.net
- 2006
oLO
- Tudu è um
A
la tête du projet olO, Grégoire Terrier
propose de découvrir sur le site www.olomusic.com
5 titre que le groupe définit de "jazz
world electro". Accompagné d’un DJ, d'un
percussionniste Réunionnais et d'une chanteuse Brésilienne,
le groupe déploie un jazz feutré et sensuel dans
lequel le groove n’est jamais absent. Sans maniérisme
et sans gimmicks pompeux, olO marie avec élégance
le jazz de tradition et les diverses influences
(blues, bossa nova, musique latino, electro…) qui
viennent s’y ajouter. Bel essai qui ne demande
qu’à être transformé. (3.0) Benoît Richard
www.olomusic.com
- 2006
Da-Taz
- Have we got Soul ?
Da-Taz
est une formation réunie autour de DJ Bicen,
qui marie avec bonheur musiques électroniques,
Hip-Hop, Jazz, Funk, Soul grâce à un savant mélange
de samples 70's et de musique jouée live par une
poignée de musiciens aguerris au groove. A la manière
des français DJ Cam, Troublemakers,
des anglais de Herbaliser
(Ninja Tune),
ou
des grands noms du jazz électro cher à Gilles
Peterson (Talkin’ Loud), Da-Taz produit
une musique chaleureuse et métissée, sachant faire
rimer breakbeats et cuivres pour le meilleur. Bref,
un album de jazz moderne et ouvert sur les musiques
populaires, qu’il faut saluer à sa juste valeur.
(4.0) Benoît Richard
Waz
records/warm/Discograph - 2006
Tom
Brosseau - Empty Houses are Lonely
Dans
la famille des "folk-singers inspirés",
voici venir Tom Brosseau qui, avec ses
chansonnettes, vient
nous prouver que derrière Devandra Banhart
ou le regretté Jeff Buckley peuvent se
cacher des musiciens qui eux aussi savent faire des
choses bien rien qu’avec une guitare et une voix.
Auteur d’une poignée d’albums passés tous plus
ou moins inaperçus par chez nous, ce natif du
Dakota du Nord, qui vit aujourd’hui en Californie,
débarque sur le label anglais FatCat pour
nous faire découvrir un songwriting intimiste et
chaleureux. Seul à la guitare, il nous gratifie de
quelques beaux moments et confirme après Songs
Of Green Pheasant, que FatCat a toujours
le nez fin pour nous dégoter des "lonesone
singers" talentueux. (4.0)
Benoît Richard
FatCat/pias
- 2006
Martyn
Bates - Mystery Seas (Letters Written #2)
Toujours prêt à accueillir les
musiques pop "déviantes", voire mystiques
(In gowan Ring) ou les beautés post-rock
helvétiques (The Evpatoria Report),
le label Shayo records réédite un album
signé Martyn Bates (ancien membre des
Eyeless In Gaza au début des années 80) paru
initialement en 1995. Quelque part entre la pop
sophistiquée d’un David Sylvian et la
new-wave de Talk Talk, Mystery Seas nous
embarque dans des ambiances brumeuses, où la voix
de Martyn Bates (qui rappelle par moment
celle de Dave Gahan de Depeche Mode)
entre en parfaite résonance avec l’orgue et les
quelques instruments qui viennent donner à
l’ensemble une vraie densité. Un artiste à (re)découvrir
sans tarder dans un très beau digipack. (3.5)
Benoît Richard
Shayo
– 2006
My
Name is nobody - I Hope You’re Well, I Am and I Send You My Fingers
Si
son nom est "personne" (en référence au cinéma de
Jim Jarmush et non au célèbre film avec Terence
Hill et Henry Fonda ), sa musique, elle, a
bien
de la personnalité. Issu
du Collectif Effervescence (This
Melodramatic Sauna, The Patriotic Sunday…) My
Name is Nobody révèle un jeune nantais du nom
de Vincent Dupas qui, avec sa guitare et un groupe
pour l'accompagner sur scène nous ferait presque
oublier le Smog de Bill Callahan ou
encore les chansons tristes de Will Oldham,
tant sa musique habitée, sait transmettre les émotions
qu’il faut, quand il faut. Arpèges de guitares lumineux,
arrangements discrets, chœurs chaleureux
constituent les principales caractéristiques de ce
folk "au coin du feu" charmant et auquel on souhaite
de découvrir très vite les grands espaces habités
par ses pairs. (3.5)
Benoît Richard
Effervescence
- avril 2006
www.myspace.com/mynameisnobodyfromnantes
Kid
Francescoli - s/t
Toujours
sous l’impulsion de la structure marseillaise Chroniques
sonores, Kid Francescoli propose un
premier album très réussi dans lequel se mêlent
habilement de nombreuses influences, Eels,
Calexico ou encore Grandaddy, auquel Kid
Francescoli fait souvent penser. Derrière des
pop-songs mélancoliques et gentiment naïves, chantées
en anglais ou en Français, on découvre une
production soignée où les claviers apportent à
l’ensemble de l'labum un aspect aérien très réussi.
Mais Kid Francescoli c’est aussi et surtout
un compositeur talentueux : Mathieu Hocine
qui, avec 11 titres aux mélodies évidentes et très
belles, montre qu’il est plus q’un espoir de la
pop française et qu’on espère très vite voir
jouer en équipe A aux cotés de Air et
consorts. (4.0)
Benoît Richard
www.leschroniques-sonores.org
- 2006
Television
Personalities - My Dark Places
Retour
sur le devant de la scène d’ancienne gloires punk
indie qui, près de 30 ans après leurs premiers
singles, reviennent avec un
nouvel album
(le précédent datait
de 1995) étrange, ombrageux, rugueux et presque
anachronique. Un album qui réussit à séduire par
son coté "hommage au Velvet Underground
ou aux Stooges" et par l’aspect tordu
et dérangé qu’il dégage tout au long des 53
minutes qu’il dure. Voix cassée, Boites à
rythmes fauchées, basses fatiguées, guitares
avachies et arrangements baroques constituent
l’univers de ce drôle de disque qui, passée la
première écoute, se laisse tranquillement
apprivoiser pour en découvrir ses charmes, son côté
beau bizarre. Une vraie curiosité. (3.5)
Benoît Richard
Domino/Pias
– 2006
Oliver
Huntemann - Fieber
Vieux
briscard et pilier de la scène techno, l’allemand
Oliver Huntemann a fondé son propre label Confused
Recordings, et sort aujourd’hui un album qui
ne doit rien à personne, tant sa vision de la
techno et de l’électro semble très personnelle.
Assez éloigné des habituelles productions Gigolo,
qui ont furieusement tendance à se ressembler ces
dernières années, l’album Fieber nous
propose une électro abstraite, sèche et industrielle
qui n’est pas là pour flatter le conduit auditif
du clubber moyen mais avant tout pour provoquer des
émotions comme seule peut en proposer l’électro
quand elle est froide, déconstruite et, pour tout
dire, authentique. A découvrir. (3.5)
Benoît Richard
Confused
records/gigolo/Nocturne – mars 2006
Thievery
corporation - Versions
Deux
des piliers de la scène trip hop downtempo des années
90/2000, les Thievery Corporation reviennent
nous présenter une poignée de remixes bien
troussés et nous rappeler ainsi qu’ils étaient
sans doute les meilleurs (avec Kruder &
Dorfmeister) quand ils ‘agissait de marier
rythmes dub langoureux et rengaines bossa nova.
D’anciens mais aussi des récents titres viennent
remplir ce beau florilège. Au programme : Sarah
Mc Lachlan, Emilie Simon, Nouvelle Vague,
Transglobal Underground, Bebel Gilberto ou
encore les Doors rappellent à nos oreilles
la douceur et l'élégance de leur musique. Au
final, rien à
jeter ou presque, dans
ce qui pourrait bien servir de bande son idéale
pour cet été 2006. (4.0)
Benoît Richard
ESL
records/Nocturne – mai 2006
Harvey
Lindo - Kid Gloves (a modaji long player)
Un
album de hip hop sur le label allemand Compost,
le fait est assez rare pour être signalé. Mais un
ici pas de hip hop sans groove ni influences soul,
jazz, car Compost est avant tout un label qui aime
le groove et les rythmes chaloupés. Derrière le
nom de Harvey Lindo se trouve Dominic
Jacobson aka Modaji à qui l’on doit déjà
deux albums sous ce nom. Harvey Lindo s’entoure
ici de Count Bass D et Phillipa Alexander
pour un disque plutôt réussi, qui rappellera de
beaux souvenirs aux nostalgiques du son Grand
Central (Aim, Rae & Christian….).
Sur des breakbeats souples, on découvre des samples
jazz, très cuivrés, des basses bien rondes qui
donnent un confort d’écoute très appréciable
pour l’auditeur amateur de hip hop... loin, très
loin du gangsta rap. (4.0) Benoît
Richard
Compost/Nocturne
– mars 2006
v/a
- F.U.N. II
D’après
le nom d’un célèbre club berlinois, les clefs de
la compilation F.U.N. ont été une nouvelle
fois confiées à Oskar Melzer, qui, pour ce
second volume, a convoqué quelques uns des
meilleurs producteurs électro qui sont passés un
jour par le FUN. Chaque morceau présenté ici a été
produit exclusivement pour cette compilation, sur
laquelle on retrouve des noms tels que Ewan
Pearson ou encore Alexkid. Assez inégale
selon les titres, cette compilation aura au moins le
mérite de nous faire connaître le club dans lequel
Lenny Krawitz a fête son anniversaire…
Non...? Si. (2.5)
Benoît Richard
Fine/Nocturne
– avril 2006
Dat
politics - Wow Twist
Toujours
aussi allumés du sampler, les Dat politics
reviennent sur le label Chicks on speed
Records pour un
sixième album dans lequel ils laissent une fois
encore libre court à leur folie électro. Avec 11
titres d’électro-punk libéré et déjanté, ils
mettent le feu aux platines. Plus connu à l’étranger
qu’en France, le trio use une fois encore de synthés
vintage aux sonorités estampillés "Atari",
sur des vocaux aussi absurdes que poilants qui
donnent à l’ensemble un coté barré et juvénile
totalement roboratif.
Certes, on n’écoutera pas l’ensemble de
leur discographie d’une traite, mais on régalera,
néanmoins, par petites touches, de ces petites
tueries électro-pop qui ont pour fonction avant
tout de vous faire remuer le bout des orteils tout
en vous tapant sur le ventre. (3.5)
Benoît Richard
Chicks
on Speed Records/Nocturne - 2006
Mièle
- Mièle
Signés
sur le label Humpty Dumpty records, la
formation belge Mièle propose un premier
album au style assez inclassable mais foncièrement
attachant qui, de titre en titre, nous fait perdre
nos repère et nous conforte dans l’idée de tenir
un groupe singulier et très attachant. Avec des
chansons intimismes très réussies (Jésus 2, Je
vous avoue, Les méfaits) qui nous
rappellent les regrettés Superflu, et
d’autres plus franchement rock (Mireille, Les
chiffres rouges) voire carrément barrés (Nous
sommes au juste), le groupe réussit une vraie
petite alchimie, celle de faire cohabiter des
titres, qui au départ n’ont pas grand-chose à
voir les uns avec les autres, mais qui, au fil des
écoutes, s’enchaînent pourtant sans problème.
Une manière de faire les choses qui rappelle peut-être
aussi les trublions poètes de Dionysos.
(4.0)
Benoît Richard
Humpty
Dumpty records - 2006
Silent
Poets - sun
A
la tête des Silent Poets depuis 15 ans,
Michiharu Shimoda rappelle à notre
bon souvenir un des groupes phare de la scène
trip-hop qui, le temps de d’un album majeurs (To
come en 2000), a su nous montrer qu’au Japon
on pouvait faire des musiques belles et tristes sur
des tempos ralentis. Sans rien renier de leur passé,
les Silent Poets remettent le couvert,
ressortent les cordes et les beats dub pour un
nouvel album où il est encore question de douce mélancolie,
de rythmes downtempo et de fines sonorités électroniques.
Si le charme n’opère plus totalement comme avant,
on appréciera, dans un ensemble malgré tout assez
formaté, quelques petites perles "loungy"
bien agréables. Une manière comme une autre de ne
pas oublier ceux qui marchent encore aujourd’hui
sur les traces de Massive Attack. (3.0)
Benoît Richard
Poussez!/nocturne
- 2006
V/a
- Paz E Tufbol
La
coupe du monde 2006 en Allemagne arrive à grands
pas, l'occasion pour beaucoup de "faiseurs de
musique" de s'approprier l’événement afin
de sortir, si possible, le tube imparable qui sera
repris en cœur les soirs de victoire. Loin de tout
ça, le duo allemand Jazzanova connu pour son
bon goût en matière de musiques bossa/jazz se la
joue brésilienne et nous concocte une compilation
aux petits oignons dans laquelle il mettent rien que
pour nous quelques perles de musique et chansons
bossa-nova, funk et jazz "made in Brasil"
estampillées 70’s. Comme quoi la musique brésilienne
peut se déguster avec plaisir sans forcément être
mixée à la sauce House. (4.0) Benoît Richard
Sonar
Kollektiv/Nocturne – 2006
Neither/neither
world - Invisible angel
Septième
sortie pour label suisse Shayo et second album sur cette structure pour le groupe Neither/neither world qui,
après le très beau Rewound en 2004, signe
une nouvelle collection de folk-songs habités, portés
par la voix superbe de la chanteuse et leader Wendy Van Dusen. Toujours
aussi emprunte de mélancolie, la musique de cette
formation dégage à la fois noirceur et éclat et
rappelle à notre bon souvenirs des gens comme Lisa
Germano ou les Cocteau Twins. Portés par
quelques titres superbes (Ghosts Whisper, shadow
of the Wings) cet album de "dark Folk"
confirme la forme de ce groupe et son talent à générer
de belles émotions chez qui prendra le temps se
pencher sur la musique de Neither/neither world.
(3.5) Benoît Richard
Shayo
records - 2006
Johannes
Heil -
Freak R Us
Pour
ceux qui, comme moi, avaient moins qu’une vague idée
quant à l’identité de monsieur Heil, sachez
qu’il est Allemand et officie dans le cénacle de
la techno germanique depuis 1995. Sachez aussi que
son son a longtemps été influencé par
l’intelligent house en provenance de Detroit (Carl
Craig…). Il est l’auteur pour le dancefloor
de Paranoid
dancer qui fit avec son mélange de glauque et
de remuage du popotin gagner un succès d’estime
au bonhomme. Freak
r Us est son déjà dixième album. Un album qui
nous fait en fait exactement le même effet que le blossom
d’Agoria en 2004, dans un genre diamétralement opposé. Soit ici une
techno minimaliste, froide et sombre, largement déconstruite,
dépouillée, presque glauque énegique malgré
l’arythmie et franchement dans l’air du temps (même
Guetta s’y
est mis c’est dire). L’effet est le même que blossom
donc. Ou le constat d’une maîtrise incomparable
du son et de la démarche, l’un ou l’autre
single à récupérer pour le dance-floor, une
technicité évidente… mais un absolu manque d’émotion.
On accroche à rien sinon à trouver le bonhomme
carrément fortiche, c’est un peu léger pour un
disque qui marque (2.5) Denis
Verloes
Klang/La
Baleine – 27 mars 2006
The Holy ghost - Welcome to ignore us
Nouveaux
rejetons de big apple à aborder nos contrées voici
venir le troisième album de
the Holy ghost,et premier opus à débarquer
dans les bacs européens. Le groupe emmené par la
voix de Christopher
Dean Heine et
la batteuse Angela
Webster
, tente de créer le break avec un garage rock
bien troussé, genre qui a été usé ces dernières
années, jusqu’au dernier fil de
la corde. Le
risque est qu’ils n’y parviennent pas vraiment,
bien sûr, auprès d’un public qui l’aborde désormais
sans surprise. Et pourtant ce n’est pas faute
d’essayer, pour ce groupe qui a trouvé une vraie
identité dans le mélange de voix à la Cast
contre chant évanescent et guitare qui doit autant
au son et à la virtuosité d’un Jack
White (Stripes) qu’au groove d’un John
Squire par exemple dans le second
coming des Stone Roses. Malgré ces ingrédients, et ce mélange garage/britpop,
la mayonnaise à du mal à prendre et il manque au
groupe LA composition qui le rendra mieux qu’un
simple combo d’accompagnement d’un retour chez
soi en deux roues via l’autoroute.
(2.5) Denis
Verloes
Fargo/Naïve
Elisabeth Anaïs -
Les heures claires
Vous
connaissez Elisabeth
Anaïs. Vous l’avez croisée un jour, téléspectateur,
dans le jury de popstar ou d’une autre émission
de real tv, je sais plus. Mais Elisabeth est aussi parolière à la ville, et on lui doit les
paroles de la comédie musicale, le Petit
Prince en compagnie de Richard
Cocciante… Mais si vous savez, « les
baobabs – o bab obab » c’est elle !
Elle
nous revient ici en solo et sous son nom propre.
Elle nous distille des petites histoires de son
quotidien, comme une musique de variété un peu rétro,
accompagnée par de la "klein liftenmusic"
super travaillée, où on ne se refuse aucun piano,
guitare ou corde (ben oui elle connaît du monde
dans le métier Elisabeth).
Les paroles devraient vous plaire, pour autant que
vous aimiez les allitérations recherchées « canisses-
Matisse- Cannes et Nice- le parfum de l’anis» et
les histoires jouées en mode mid-tempo peu
attachantes pour femmes de mettons quarante ans,
sirotant un café crème avec de grosses lunettes
noires en terrasse, du Carlton sur
la Croisette. On
se demande comment des textes pareils « je
suis ton mousse, tu es mon capitaine »
arrivent à être enregistrés sur disque sans que
personne à aucun moment ne se soit esclaffé en
studio. Le résultat est hautement dispensable (pour
rester poli) et on en est presque triste pour Elisabeth
qui a, on lui reconnaît cette qualité, une
jolie voix jazzy. (0.0) Denis Verloes.
AZ
/ Universal
The
No Neck Blues Band & Embryo - Embryonnck
Embryonnck
est le fruit né de l’hybridation d’Embryo,
groupe Krautrock munichois qui a éclos au cours des
70’s, et du No-Neck Blues Band, groupe énigmatique
de l’underground new-yorkais. Cette
fusion, dont émanent les influences de chacune de
ces formations, prend des allures de jam-session où
dialoguent percussions en tout genre, xylophones et
flûtes à bec de hippies, instruments à cordes aux
consonances ethniques prononcées, jeux de bouche et
de gorge aux accents psychédéliques et tribaux
(des gourous africains font de régulières
incursions). Tous ces
interlocuteurs laissent échapper librement des thèmes
et rythmiques cycliques, soumis à variations,
invitant volontiers à une sorte de transe
hallucinatoire. Grâce à son
petit bazar semi-improvisé piochant dans tout une
kyrielle d’ethnies, ses légères dissonances
(nombreuses sur le free-jazzy Die farbe aus dem
all), ses quelques effluves de patchouli
(envahissantes sur Zweiter sommer), ce Embryonnck
saura jeter un sort sur les amateurs de
voyages enfumés. (3.0)
Sébastien
Radiguet
Staubgold
- 2006
Jay
Lou Ava - Ebotan
Parce
qu’on est pas du tout versé dans l’art de la
chronique d’un album Jazz on aborde toujours les
disques assimilés à ce style de musique avec une
oreille « pop » au sens large. Et on a
parfois de jolies surprises. On a abordé l’opus
du jazzman Camerounais Jay Lou Ava, avec ce même
type d’oreille. On s’est laissé bercer à ce métissage
entre un jeu de guitare très démonstratif, funk,
soul, et les chœurs ou sonorités africaines (que
viennent soutenir ça et là sur l’album, Manu
Dibango au sax ténor et Bumcello). Un
progressive afro jazz comme il l’a défini lui même.
Reste que pour le néophyte que nous sommes, cela
sonne surtout comme du « smooth jazz »
qu’on dégusterait volontiers face à une grande
blonde en robe de velours bleu, sirotant une
margarita… C’est à dire une musique
d’ambiance pour un moment plaisant, bande son sur
laquelle on ne fixe pas vraiment son attention, mais
pas désagréable du tout aux oreilles. A réserver
aux fans du genre ou de l’artiste, sans doute. (2.5)
Denis Verloes
Sergent
major/nocturne
Volo
- Bien Zarbos
Volo,
c’est un binôme de frangins : les Volovitch.
Frédo et Olivier. Le premier est guitariste
pour les Wriggles. Le second s’y retrouve
parfois derrière la console. C’est à la maison
qu’ils se sont mis à composer des petites
ballades pop, mélangées de funk, de fusion (on ne
se refait pas), le tout servi par une maîtrise de
la guitare qui saute immédiatement à l’oreille.
Et du coup, quand ils ne tournent pas avec le groupe
au clown blanc et son sourire prédateur, ils
plongent dans un univers musical un peu plus intime,
fait d’histoires d’amour et de prise de
conscience sociale, du genre de celles popularisées
en 2005 par Sinsemilia ou Tryo. Le
tout musical ainsi composé, mélanges d’histoires
très simples, d’anecdotes de la vie quotidiennes
et de réflexions ironiques sur le capitalisme,
servies sur une pop aux arrangements évidents mais
travaillés est à la fois la force et la faiblesse
de l’album. Sa force parce qu’on trouve ici le
chaînon manquant entre la variété façon Voulzy
ou Obispo et une certaine interprétation de la
« nouvelle chanson française » comme le
Katerine des débuts et le Dominique A
de la mémoire neuve aimaient à le pratiquer. Soit
un album super bien foutus et des chansons qu’on
imprime, mais dont on ne sait jamais vraiment si on
les déteste leur pendant variétoche ou si on les
apprécie pour leur maîtrise de la pop. Impossible
de trancher. A vous de juger.
(2.5) Denis Verloes
www.opera-music.fr/L’autre
distribution
The Unisex - White Days
Originaire d'Enkoping
(sic), la nouvelle vague pop au nom hermaphrodite
vient du froid, et amène à portée d'oreille ce Making Faces très inégal, compilation
proclamée d'anciens EPs, paraît-il encensés.
Ostensiblement pensé déséquilibré, l'album
s'ouvre sur trois morceaux fougueux et dansants, qui
justifieraient à eux seuls son achat, occultant
presque l'insuffisance du reste de l'album. En
effet, le quatrième amorce une chute libre de six
pistes de long. La mélodie est présente, les
arrangements sont léchés ; là ne réside pas le
problème. Ces titres s'avèrent simplement plats,
statiques, aseptisés d'émotions.
Groupe de scène avant tout, les
Unisex insèrent un live que l'on attendrait plutôt en bonus track. Le discours
suédois en intro de cette antépénultième piste
semble en effet une folklorique cassure de rythme
pour quiconque ne maîtrise pas cette langue. Et
pour cause. Si la descente est rude, on atterrit après
cela tout en douceur et mélancolie avec After The Rain Comes The Sun, qui précède le petit luxe que
constitue le remix de la première piste Pigs & Their Farms par
Archive .
Si la mélodie pop très
puissante de Mushrooms & Broccoli
côtoie l'excellence, la présence de ce long trou
noir en plein milieu de l'album laisse finalement un
âcre arrière-goût de peut mieux faire. (2.5)
Fabrice Berro
Productions
Spéciales- Mai 2006
Chicken Lips - Making Faces
Curieux hybride trip-funk
que ce troisième album né de la collaboration en
tant que Chicken
Lips de Dean Meredith et Andrew
Meecham, vieux loups de la platine qui écumaient déjà les baffles dans les
glorieuses eighties tardives sous le sobriquet de Bizarre
Inc.
Sans rien sacrifier de
son flow résolument funky, le duo flirte parfois
avec l'expérimentation, et pousse le défrichage de
son improbable style jusqu'à des extrêmes de disco
ou de dub. Puissamment groovy, le début de Loving Cup
évoque notamment les plus chaleureuses couleurs du
foisonnant Sung
Tongs d'Animal Collective.
Making Faces
est un dédale joyeusement désordonné, aux
influences papillonnant entre Roxy
Music et David Bowie, et dont l'éventuel fil
d'Ariane consisterait peut-être en cette volonté
affirmée de création mouvante, dansante, et
insaisissable.
Quoiqu'à déconseiller
au profane, ce troisième opus du duo britannique
s'avère une production fort agréable, dont le décalage,
bien au-delà de la sonorité, s'étend jusqu'à l'écriture
des textes. Le "sexy" Sweet Cow
en est une flagrante illustration.
Making Faces,
ou une grande goulée d'air dépaysante, dans ce
pays où poussent des dents entre les lèvres des
poulets.
(3.5) Fabrice
Berro
Adrift
Records/Nocturne - 2006
Julien
Petitjean - 12 petits chants
Les
chansonnettes du messin Julien Petitjean vous
mettent très vite du baume au cœur, avec sa façon
bien à lui de chanter la vie avec humour et dérision
qui rappelle
parfois le vosgien Pascal Parisot ou
une sorte de Henri Dès qui aurait oublié de
chanter pour les enfants. C’est frais, sympathique
et on peut même écouter ça en voiture avec ses
enfants… à condition de zapper quelques passages.
(3.0) Benoît Richard
http://petitjean.julien.free.fr
- 2006
Martin
Luther - Rebel soul Music
Cet ex-enfant de chœur au parcours atypique fait paraître son deuxième album,
Rebel Soul Music, sorti il y a déjà deux ans aux Etats Unis sur son propre label. Dans une lignée funk-rock-soul qui renvoie à des noms aussi prestigieux que
Funkadelic, Stevie Wonder ou encore Isaac
Hayes, Martin Luther propose quatorze chansons à fleur de peau, entre force et douceur, qui devraient ravir ceux qui avaient aimé notamment les premiers albums de
FFF. (3.0) Benoît Richard
www.rebelsoulmusic.com
- 2006
Williams
Traffic - Brian Dreams
Découvert à la belle époque du label
Catalogue (Avia, Sporto kantes…) Williams Traffic
(Composé de Franck Williams et de Nicolas Kantorowitz), revient avec un second album sous le signe des musiques roots et dans lequel le dub tient une bonne place mais pas seulement puisque que l’on retrouve comme sur …And the fugitive un tas d’influences qui vont de la pop au hip hop en passant par la soul. Epicé et chaleureux, mariant samples divers et rythmes reggae/dub ce Brian Dreams nous rapproche un peu plus la Jamaïque à chaque nouvelle écoute.
(3.5) Benoît Richard
Garage/Discograph
- 2006
Hell Niño - Sound Movie Experience
Hell Niño
est un projet instrumental né à Nantes en 2005. Si
certaines pistes de ce court EP reflètent
ponctuellement des teintes dub, la démarche
musicale adoptée est purement post-rock. De même,
malgré les glorieuses influences revendiquées par
le groupe (rien de Floydien ici), c'est plutôt vers le
label montréalais Constellation que l'on se tourne. On
jurerait par exemple Armed, et sa batterie lancinante qui
se charge jusqu'à en exploser, un
condensé de Godspeed You! Black Emperor,
toutefois nanti de textures plus sales. Pas de riff,
pas de solo, ni de mélodie à proprement parler.
Les voix des divers instruments se chevauchent et se
dépassent sans cesse, pour former un extraordinaire
magma musical en ébullition constante.
L'instrumentation est entrecoupée de samples
gentiment délurés, tirés de films de série Z ou
pire, et qui agissent en électrochocs pour
maintenir l'attention de l'auditeur à son
paroxysme. Prometteur, l'univers Hell
Niño ne tient pas sur quatre pistes ; on attend impatiemment la suite de ce
maxi très alléchant.
(3.5) Fabrice Berro
bmprod.net-2006
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