SCSI-9
- The Line of Nine
Avec
une pochette que l‘on croirait sortie du label
Fcom, le duo SCI-9, composé de Anton Kubikov
et Maxim Miluytenko, revient sur le label allemand
Kompakt avec un album de tech-house évanescente et
éthérée qui risque bien de mettre tout le monde
d’accord cet été. Enregistré à Moscou l’année
passée, The Line of Nine propose 12 plages
d’une rare élégance sur lesquelles les rythmes
techno et les sonorités électroniques se parent de
gimmick pop bien sentis, qui font de ce disque un
objet musical ouvert, à la fois riche et très
accessible. Le genre d’album dont la techno aurait
bien besoin pour retrouver la force qui était la
sienne il y quelques années. (4.0)
Benoît Richard
Kompakt/nocturne
- 2006
Juana
Molina - son
Après
Tres cosas sorti en 2004, voici le 4eme album
la chanteuse argentine Juana Molina. Un
nouvel album qui sonne le retour de cette vedette de
la télévision argentine avec un recueil de mélodies
légères et subtiles arrangées autour de sonorités
électroniques et de fields recordings très
discrets. Toujours aussi gracieuse et sensuelle dans
sa manière de chanter et d’aborder la musique
latine, Juana Molina pourrait être considérée
comme le pendant sud américain de la chanteuse Stina
Nordenstam, tant leurs univers semblent proches
à certains moments. Un très beau disque. (4.0)
Benoît Richard
Domino/pias
- 2006
Melmac
- Melmac
On
n’a pas oublié le titre et l’album du premier
opus de Melmac Les secours arrivent et
prennent les relais. Publié en 2003, sur
le label Ronda, cet album de post-rock
atmosphérique (pléonasme !) nous faisait découvrir
la musique exigeante et touffue de Luc et Nicolas
Reverter. Retour aux affaire trois ans plus tard
avec un album éponyme dépouillé tant du point de
vue de la musique que de l’emballage, sur lequel
le groupe se fait plus sombre encore et dévoile une
nouvelle facette de sa musique. Constituée de
samples de voix, de guitares éparses, de boucles
hypnotiques , l’album renvoie à d’autres parus
avant sur le label Kranky (Pan American par
exemple) et montre
une formation douée pour l’abstraction et les
ambiances électriques ou ascétiques. (4.0)
Benoît Richard
listen.to/melmac
- 2006
www.ronda-label.com
Emmanuel de Saint-Aubin - Trois fois rien
Ne nous y trompons pas : ce n’est pas parce que l’album débute sur du violon que l’on va avoir droit à un album classique. Car la musique de
Emmanuel de Saint-Aubin est tout sauf classique. Très vite passées à la moulinette , les cordes se transforment et donnent le La à un disque expérimental qui navigue entre folk post-rock, free jazz et musique concrète. Forcément à contre-courant de tout ce que l’on peut entendre habituellement,
Trois fois rien respire la liberté, la créativité soudaine d’un musicien qui devait au départ enregistrer un album à la guitare folk et qui finalement a accouché d’un objet musical non-identifié étrange et très surprenant.
(3.5)
Benoît Richard
www.ondinerecords.com
Think
About Life
- s/t
Bienvenue
dans le monde du furieux Graham
Van Pelt
et de son projet Think About Life. Avec sa
palette d’instruments tordus et distordus, ce trio
montréalais met en boite un sorte de punk music
lo-fi, comme une rencontre entre Clap your hand
to say yeah et les Chicks on speed.
Orgue, batterie, guitare, voix… tout est a fond et
saturé pour donner au final une orgie sonore des
plus barrées mais finalement assez agréable à écouter
(parcimonieusement).
Et même si l’entrée en matière est assez
difficile, l’album gagne à être écouté
plusieurs fois pour se faire une idée précise du
concept Think About Life et des trouvailles
que recèle ce disque derrière cette apparente
brutalité. (4.0)
Benoît Richard
Alien
8/Differ-ant - 2006
Ramona
Cordova - The Boy Who Floated Freely
Premier
album de l’américain Ramona Cordova, The
Boy Who Floated Freely révèle un jeune artiste
de 21 ans, aussi étonnant que talentueux, dont la
voix rappelle étrangement celle du regretté Jeff
Buckley. De son vrai nom Ramon
Alarcon, Ramona Cordova joue une
musique folk apaisée qui s’autorise par moment
quelques envolées lyriques, toujours de bon ton, ou
des incartades qui le ramène du coté de la musique
gitane. Ayant commencé très tôt à jouer de la
guitare, le garçon est passé par le rock nerveux
avant de se caler dans une musque folk "batarde"
qui lui va bien et lui permet de raconter ses
histoires avec presque rien. (4.0)
Benoît Richard
Clapping
music/rue Stendhal - 2006
Kyoto
Jazz massive - 10th anniversary
Pour
célébrer 10 ans d’existence, ce célèbre duo de
DJs japonais, proposent un double cd sur lequel ils
reprennent leurs meilleurs morceaux, des remixes
exclusifs, des covers et des hommages aux grands
noms de la scène house de ces dernières années.
Au programme Louie Vega, Kenny Gonzales
ou 4hero dans un ensemble bien garni et alléchant
pour qui sait apprécier les musiques électroniques
mariées aux rythmes chauds du jazz, de la bossa
nova ou encore des musiques latines. (4.0)
Benoît Richard
Compost/nocturne
- 2006
Soulphiction
- state of euphoria
Le
producteur, Dj allemand Michel Baumann
revient ici sous le pseudo de Soulphiction pour
nous faire découvrir un album downtempo chaleureux
sur label berlinois Sonar Kollektiv. Comme
aux plus belles heures du trip-hop/house, Soulphiction
nous emmène dans les replis les plus moelleux
de la musique électronique avec un album long en
bouche qui découvre sur chaque piste un univers
feutré et soyeux comme seuls les producteurs
allemands ou viennois sont capables de nous en
offrir. Mâtiné de jazz, de bossa, de musique soul
ou de hip hop, State of euphoria offre un
moment de béatitude et de tranquillité fort appréciable
en ce début d’été 2006. (4.0)
Benoît Richard
Sonar
kollektiv/nocturne – 2006
Juan
Trip - Consolation
En
faisant ses classes sur le label parisien Fcom,
(un label plus en vue à une époque
qu’aujourd’hui), Juan Trip avait su se
faire un nom aux coté des Saint Germain, Llorca
et autres electro-jazzmen, le temps d’un album Balmy
Under The Stormy, paru en 1999 et qui présentait
un artiste affranchi, capable de faire rimer pop
classique et modernité dans un même univers.
Retour aux affaires aujourd’hui de Juan Trip avec
ce nouvel album qui, une fois encore, rend hommage
aux pionniers du psychédélisme : Pink
Floyd et le Velvet Undergroud en tête.
Avec un son très marqué 60’s, Juan Trip nous
replonge directement dans ce son enfumé et
hallucinatoire à souhait. Finalement plus
anecdotique que réellement pertinent, cet album,
pourtant très agréable à écouter, présente
assez peu d’intérêt, si ce n'est peut-être,
celui de vouloir ressusciter le son d’une époque,
mais sans y apporter de réelle variation. (2.5)
Benoît Richard
Citizen
records/nocturne – 2006
UHT°
Jazz
Club - Ghost forest
Un
groupe qui mixe jazz, électro et hip hop on a déjà
vu et entendu, mais quand la qualité est au
rendez-vous, ça donne un album varié et
virevoltant ou se chevauchent avec bonheur
breakbeats, influences arabisantes ou brésiliennes,
électro-jazz façon Herbie Hancock et hip
hop. Pas si éloigné de gens comme Kid Koala
ou Herbaliser (Ninja Tunes), UHT°
Jazz Club offre un ep des plus plaisants à découvrir
sur le label nofridge. (3.5)
Benoît Richard
www.nofridge.com
- 2006
H-Burns
Projet
solo du guitariste chanteur de Dont look back,
H-Burns propose son premier album en solo.
Malgré un accent bien de chez nous et une voix un
poil trop en avant, il livre un album sincère et dépouillé
où la guitare sert de principal accompagnement. Un
album où il y met tout son cœur et ses tripes. Un
bel hommage à une scène folk qui se développe
tout doucement en France et dont H-Burns peut
revendiquer haut et fort son appartenance. (3.0)
Benoît Richard
www.noisedigger.com
Mon
ep
Alors que tout laisse croire que Mon est un
nième groupe de post-rock, la faute sans doute à
quelques tics propres à ce genre de musique, l’écoute
prolongée et répétée de ce ep permettra
finalement d’affirmer le contraire. Si la base de
la musique de cette formation parisienne nous ramène
bien du coté de Mogwai ou Silver Mt zion,
il faudra chercher un peu plus loin pour définir
pleinement leur musique. Dépassant donc les
influences traditionnelles, Mon va titiller
la musique contemporaine, la pop, pour un résultat
plutôt encourageant qui laisse à penser qu’il
n’y a pas que des clones de GYBE sur la
planète post-rock. (3.0)
Benoît Richard
Pixel
- Quatre fois rien…
Pas
sûr que ce premier album de Pixel aille au
bout du monde et remplisse les bacs de la FNAC, mais
en tout cas il aura le mérité, de par l’exigence
de sa production,
de figurer parmi les album les plus audacieux que
l’on ait pu entendre ces derniers mois en matière
de chanson
française. Même si le terme de "chanson française"
ne colle pas vraiment à la peau de ce quatuor,
l’audace et l’originalité ont droit de citer
dans un album étonnant. Avec une palette sonore
riche (violon,
violoncelle, mélodica, glockenspiel, clavier,
guitare, batterie, basse) et des textes plutôt
bons, Pixel
gagne
sans aucun doute à être connu.
(3.0) Benoît
Richard
www.pixel-music.com
Dublee
- Pseudo harmonia
De
nationalité japonaise, Yusuke sakuri aka Bublee propose
avec Pseudo
harmonia
son ultime album studio, puisque ce dernier a décidé
de reprendre son principale activité à plein
temps, à savoir celle de médecin. Avant cela, il
nous fait goûter aux plaisirs de la micro-house
dans un album très réussi, et dans lequel quelques
influences jazz ou dub viennent perturber la douce
harmonie qui règne tout au long de ses 11 titres. A
l’instar d’Akufen ou de Jan Jelinek,
Dublee propose une house dépouillée, à la
fois suave et très plaisante qui, à défaut de
nous faire danser devant les matchs de coupe du
monde, comblera aisément nos envies de rythmes
groovy devant les prestations de Ronaldinho et
de ses compères. (4.0)
Benoît
Richard
Vetiver
- To Find me gone
Proches
de Devendra Banhart (le leader Andy Cabic
fait partie de sa formation), Vetiver joue un
folk un poil plus orienté pop de celui de Banhart
mais néanmoins très beau, très tranquille qui
lorgne, par moment, du coté de Neil Young.
Le premier lp (séduisant à bien des égards)
montrait déjà une écriture assez conventionnelle
que l’on retrouve malheureusement encore ici. Car
si tout l’album paraît bien joli bien
sympathique, il manque cependant un peu de force à
l’ensemble, et du coup on aurait aimé avoir plus
de titres aussi bon que You may Me blue pour
dire que ce
To
Find me gone sort
du commun des albums de folk actuel.
(3.0)
Benoît
Richard
www.fat-cat.co.uk
- 2006
Hijodata
- Hijodata ep
Premier
EP pour le trio rock vannetais Hijodata.
Un rock « essentiel » et « originel » :
basse, batterie, guitare. Un rock qui passe ensuite
sous la férule d’un ordinateur, pour
l’adjonction de plages électroniques de soutien
ou plutôt d’addition de nappes sonores déjà précédemment
amorcées par le seul jeu et l’énergie du trio en
formation serrée. Le mélange musical est réussi
et on songe, sonorités de clavier vintage posé sur
une explosion de cordes atmosphériques oblige, au Cure
du début de ce siècle (style Dredd
song etc.), mélé de Breeders
sans quête du tube. On passe près, très près même,
de la réussite rock inattaquable. Mais il faut
qu’Hijodata
parvienne
à trouver le juste dosage entre musique et chatn,
et que ce dernier cherche un peu moins, dans un
registre haut perché, à voler la vedette à une
musique qui se suffirait presque à elle-même, et
qui se satisferait en tous cas de plus de sobriété
syntaxique.
(2.5) Denis
Verloes
http://hijodata.free.fr
Margot
- manipulation
On
rendra grâce à Kyo
et Damien Saez d’avoir alerté les patrons de label sur un créneau
juteux : celui du groupe capable de fédérer
les angoisses, les thèmes et les spleens des
primo-adolescents. D’autres ont depuis suivi :
Vegastar,
Blanc, Madame Kay… tous dans une palette
allant de la pop au rock et jusqu’au métal soft.
Voici venir Margot,
dans ce dernier genre. Cyrille
Catois, Cyril Tronchet, Germain Chicot, Fabrice
Ordioni ont tous passé la vingtaine. Le mix de
leurs chansons est très linéaire voire clinique et
le chant presque Muse-éen
de Chicot égrène des titres rock à métal où il est question déçues,
déchues ou en devenir. Des chansons qui expriment
le mal être de l’ado et ses désirs les plus immédiats.
Bien réalisé, autant que complètement lisse et
carrément dispensable, c’est album reste
gentiment inoffensif. Reste plus qu’à guetter
l’apparition du nom Margot
sur les sacs à dois des étudiants du lycée d’à
côté. (2.0)
Denis Verloes
Heben/SonyBMG
– www.margotmusic.fr
POL
- homo
Quatre
ans après un premier ep encourageant, Paul Lionnaz revient avec son projet
POL pour nous présenter un premier album toujours
et encore nourri au jazz et à la musique électronique. Dans la lignées des compositions
Compost records, POL joue des rythmes house-jazz comme des ambiances tranquilles en mariant son piano à des sonorités électroniques légères et groovy à travers
13 titres. Même si l’ensemble n’apporte rien de bien neuf dans un genre
où tout semble a voir été dit, on saluera malgré tout l’effort de ce musicien désireux
de délivrer un message de paix à travers sa musique.
(2.5)
Benoît
Richard
www.transartistik.net
The
Healthy boy - A two steps promenade
Le folk à la française n’en finit pas de garnir ses rangs. La preuve
avec The healthy boy, un projet à la tête
duquel on trouve Benjamin
Nerot qui, avec sa voix grave et sa guitare sèche, marche sur les traces de Bill
Callahan. Sans atteindre la puissance du gars de
Smog, The
healthy boy tente d’imprimer à sa musique une certaine authenticité. Assez inégal,
l’album offre quelques bons moments mais pas assez
pour rendre cet album aussi passionnant qu’on le
voudrait. (2.5)
Benoît
Richard
www.kythibong.org
- 2006
Tellemake
- Scarbo
Tellemake
est un projet mené par le musicien Christophe
Guiraud. Un premier EP Moorning a vu le jour
en 2003
sur Angstrom. Aujourd’hui parait l’album Scarbo
qui propose une musique à mi-chemin entre le Jazz,
l’électronique, et la musique expérimentale.
Assez froid et opaque, l’album laisse peu de place
à l’émotion et nous donne l’impression
d’avoir affaire avant tout à une création qui
accompagnerait une installation et dans laquelle
l’expérimentation musicale priment avant tout.
Pour fans uniquement. (2.0)
Benoît
Richard
www.angstrom-records.net
- 2006
Ariane
Moffat - Le coeur dans la tête
Très franchement, on a connu pire en matière de chanteuse québécoise exportée en France. Plus proche de
Camille, Pauline Croze ou Keren Ann que de
Linda Lemay, Ariane Moffat propose son second album après
Aquanaute paru en 2002. Entre pop, rock, ragga, folk et électro, cette
jeune chanteuse raconte la vie, les sentiments, les humeurs du quotidien avec une voix et un accent plus
que supportable pour une chanteuse made in Québec. A mi-chemin entre la
variété et la chanson indé, Ariane Moffat trouve sa place et devrait plaire au plus grand nombre.
(3.0)
Benoît
Richard
www.arianemoffat.fr
- 2006
Eef
Barzelay - Bitter Honey
Au
sein de Clem Snide, groupe de pop-country
baroque aux morceaux poignants distillés sur quatre
albums précieux, Eef Barzelay était
responsable de ce chant curieux, mélange de pleurs
de canard poignants et de chat rigolant dans le
tambour d'une machine à laver. Quelque part entre Belle
& Sebastian, Bright Eyes et Hefner,
le bougre en avait aussi tous les talents dans l'écriture
douce-amère qui savait à la fois émouvoir et
faire hurler de rire dans des descriptions du
quotidien amoureux touchant toujours juste. Aujourd'hui
en solo, notre ami au nom le plus curieux depuis...
celui de son groupe d'origine, livre un Bitter
Honey à l'acidité épurée et à une poésie
toujours aussi tendre. Un disque que l'on aurait
plutôt espéré d'un sudiste bourru à la Johnny
Cash qui se serait attendri en écoutant Ron
Sexsmith. En tout cas, pas d'un New-Yorkais épris
de country et chanteur à la voix tordue. A la
guitare sèche, Barzelay étrille un
quotidien prosaïque avec humour et justesse. Sur Joy
to the World, il rappelle aussi à tous, qu'il
n'a pas besoin de son groupe pour chanter les mélodies
les plus déchirantes. Et efficaces.
(4.0) J. Damien.
Fargo/Naïve
- 2006
Delays
- Hideway
Les
La's n'ont sorti qu'un album, mais c'est
toujours incroyable de compter le nombre de petits
dont ils auront accouché depuis l'aube des années
90 ! Le groupe de Southampton Delays, fait
clairement partie de cette filiation qui doit autant
à James ou à Beautiful South et à
cette incroyable lignée de pop lumineuse, un
tantinet naïve. Plus inspirés que Starsailor,
moins lourdauds que les Manic Street Preachers,
les membres de Delays se veulent avec le
single Hideway, et les deux titres qui
l'accompagnent, des fabulistes pop aux enluminures
certes éculées mais assumées. Quitte à en faire
trop et à user les cordes les plus évidentes, les Delays
parviennent toutefois à créer des hymnes
sympathiques à fredonner. (3.0)
J. Damien.
Rough
Trade/Pias - 2006
The
Knife - Silent Shout
Que
les amateurs se rassurent. Les années 80
reviendront toujours à la surface, objet de lutte
entre ceux qui y vont vu la période la plus
abjecte, la plus matérialiste et superficielle de
l'histoire musicale et les autres qui la considère
comme un havre d'instantanéité pop, dansante et créative.
Le duo suédois The Knife se revendique de la
seconde catégorie, comme en témoignait leur
premier disque Deep Cuts, à l'électro-pop
revivaliste un peu trop marquée. Ne surnageait à
l'époque, en 2004, que la voix de Karin, dont on
espérait qu'elle tirerait The Knife vers les
expériences de Björk ou Stina Nordenstam,
transformant la musique de seconds couteaux de The
Knife en nouvelle perle scandinave. Perdu ! Silent
Shout reste fidèle aux 80's, mais en cherchant
un poil plus loin, dans les racines de cette musique
: la cold-wave et sa froideur martiale qui ne
rechignait pas à aller s'ébattre sur les
dance-floors à
l'occasion (A Certain Ratio, ESG, New Order...).
En s'éloignant aussi
de la simple copie, voire de l'hommage trop appuyé,
The Knife se trouve un style, résolument
minimaliste et synthétique, sublimé par quelques
éclairs baroques, mais bien plus intéressant par
sa densité (et sa dansitude ?) et les univers
sombres convoqués à cent lieues de son premier
opus. Sans atteindre toutefois sa pleine maturité
le duo givré dresse un pont entre passé et futur
au dessus d'un gouffre sans fond, qu'on a hâte de
traverser avec eux... Sur un prochain disque sans
doute. (3.0)
J. Damien.
Rabid/V2
- 2006
Jane
Birkin - Fictions
Après
le pygmalion Gainsbourg,
qui a fait de Jane
ce qu’elle représente aujourd’hui au regard du
public francophone, puis un passage dans
l’inconscient collectif comme une figure
respectable de la variété française « à
l’ancienne »… Birkin
a d’abord décidé de se faire une crédibilité
en s’entourant de ce que la scène française
avait de meilleur peu importe les âges Françoise Hardy, Etienne Daho, Brian Molko, Souchon… et a publié
des albums crédibles en 2003 et 2005. Puis on l’a
vue à Taratata en duo avec Franz
Ferdinand pour défendre
la compile Mr
Gainsbourg
… et on s’est dit que Birkin
en avait encore sous le coude pour nous surprendre.
Bing c’est fait. Derrière des photos de pochette
où Jane
parait avoir l’âge de Lou
Doillon, Jane
Birkin rappelle qu’elle est elle aussi une
artiste à part entière, et crédible à l’instar
des paroliers qui se collent ici à l’exercice de
l’écriture en français et en Anglais (car oui Birkin
est anglaise et il lui manquait pas grand-chose pour
s’imposer du côté anglo saxon de la Manche): Gonzales,
Rufus Wainright d’un côté Dominique
A, Arthur H. et Cali
de l’autre, se prêtent à l’exercice de créer
pour l’interprète un petit monde entre folk, réalisme
doux et mélancolie ouatée qui sied bien à sa voix
assurée et départie de son sempiternel accent
franglais. Dans ce nouvel album fictions, où Jane Birkin
finit également de définir son univers, en
reprenant le Harvest Moon de Neil Young,
l’Alice
de Tom Waits et le Mother stands
for comfort de Kate
Bush. Surprenant, intime et classe. Une réussite
(3.5) Denis Verloes
Capitol/Emi
– 20 mars 2006
Le
site officiel
Liquid
architecture - Liquid architecture
Audrey
Mascina
et Jérôme Sans aiment le rock des ’70 s
et citent les Doors comme référence
commune. Leur musique mélange l’énergie rock
avec une voix féminine légèrement filtrée,
posée sur une musique hybride d’électronique
cybernétique et de guitares électriques. Leur
biographie propose MC5, les Stooges et
le Velvet Underground comme éléments de
comparaison. On a envie quant à nous de signaler
qu’ils singent quand même beaucoup de la méthode
Garbage, époque premier album, sur une
rythmique électronique envoyant directement songer
au tandem Felix da Housecat/ Miss Kittin.
Typiquement le genre d’album qu’on mettra en
tampon dans une soirée DJ entre deux hit électro
rock. Soit une efficace machine à danser, sans
l’ombre d’une pointe d’originalité, motrice,
mais vite oubliée à la « descente » du
dimanche matin (2.5)
Denis Verloes
Palass/Naïve
- 2006
Le
site officiel
– L’espace
Myspace
The
Little Willies - The little Willies
Après
avoir trusté le haut des charts avec son mélange
de blue jazz et de variété; Norah Jones et
son groupe s’éprennent des standards du répertoire
blues et country américain. Sous le nom de Little
Willies l’artiste multi-platinée aux Etats
Unis s’est offert une tournée incognito des clubs
New Yorkais, histoire de roder la formule, qui prend
ici corps sur disque. Au menu donc, ce qui fait la
force de Miss Jones soit un filet de voix immédiatement
reconnaissable plaqué sur une musique irréprochable,
ici archi connue, jouée dans les règles de
l’art, sans faute de goût. Pas original pour deux
sous, dénué du moindre supplément d’âme ou
d’appropriation, mais très trendy, en ces périodes
de passion pour Johnny Cash. Voici
typiquement le genre d’album qu’on offre sans
crainte à ses parents, dont on imagine très bien
qu’il servira de bande son pour les dimanches après-midi
thé et gâteau, sous la conversation habituelle
relative aux rejetons qui poussent et au prix de la
vie. (2.5)
Denis
Verloes
Blue
note/EMI -Mars 2006 Site
officiel
Fargo
- collection été 2006 (2CD)
L’été
est souvent propice aux labels pour compenser la
baisse de sorties d’albums (trêve d’août
oblige) par un petit plaisir mi informatif
mi-marketing. Et on a de temps en temps une compile
d’été de label, publiée dans le commerce pour
un prix défiant souvent toute concurrence. Le résultat
est souvent en rapport avec la force de sa maison mère
quand il s’agit de publier des albums de qualité.
En rassemblant les titres phares d’Andrew Bird,
Emily Loizeau, Richard Buckner, Beulah, Shearwater,
et Clem Snide ; Fargo peut se targuer de
poser un album de qualité, alternative emballée
dans un joli livret et pack double CD, aux offres de
téléchargements de MP3 à 0.99 le titre. Une
compilation qui brosse un panorama de la saison
2005/2006 du label, soit un mélange de rock
traditionnel pas indispensable mais bien torché, de
rock bien pensé, de folk de cow-boys, de
l’indispensable Andrew Bird et de la très
bonne surprise Emily Loizeau. Une bonne
compile d’été effectivement, charmante et pas
trop prise de tête, une bonne pioche pour se
plonger dans l’univers du label. A part ça… (3.5)
Denis Verloes
Fargo/Naïve
– Sortie le 10 juillet 2006
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