Chroniques Express 25

Dernière mise à jour : 02/07/2006

 

 

SCSI-9 - The Line of Nine

Avec une pochette que l‘on croirait sortie du label Fcom, le duo SCI-9, composé de Anton Kubikov et Maxim Miluytenko, revient sur le label allemand Kompakt avec un album de tech-house évanescente et éthérée qui risque bien de mettre tout le monde d’accord cet été. Enregistré à Moscou l’année passée, The Line of Nine propose 12 plages d’une rare élégance sur lesquelles les rythmes techno et les sonorités électroniques se parent de gimmick pop bien sentis, qui font de ce disque un objet musical ouvert, à la fois riche et très accessible. Le genre d’album dont la techno aurait bien besoin pour retrouver la force qui était la sienne il y quelques années. (4.0) Benoît Richard  

Kompakt/nocturne - 2006

 

Juana Molina - son

Après Tres cosas sorti en 2004, voici le 4eme album la chanteuse argentine Juana Molina. Un nouvel album qui sonne le retour de cette vedette de la télévision argentine avec un recueil de mélodies légères et subtiles arrangées autour de sonorités électroniques et de fields recordings très discrets. Toujours aussi gracieuse et sensuelle dans sa manière de chanter et d’aborder la musique latine, Juana Molina pourrait être considérée comme le pendant sud américain de la chanteuse Stina Nordenstam, tant leurs univers semblent proches à certains moments. Un très beau disque. (4.0) Benoît Richard  

Domino/pias - 2006

 

Melmac - Melmac

On n’a pas oublié le titre et l’album du premier opus de Melmac Les secours arrivent et prennent les relais. Publié en 2003, sur le label Ronda, cet album de post-rock atmosphérique (pléonasme !) nous faisait découvrir la musique exigeante et touffue de Luc et Nicolas Reverter. Retour aux affaire trois ans plus tard avec un album éponyme dépouillé tant du point de vue de la musique que de l’emballage, sur lequel le groupe se fait plus sombre encore et dévoile une nouvelle facette de sa musique. Constituée de samples de voix, de guitares éparses, de boucles hypnotiques , l’album renvoie à d’autres parus avant sur le label Kranky (Pan American par exemple) et  montre une formation douée pour l’abstraction et les ambiances électriques ou ascétiques. (4.0) Benoît Richard

listen.to/melmac - 2006  www.ronda-label.com

 

Emmanuel de Saint-Aubin - Trois fois rien

Ne nous y trompons pas : ce n’est pas parce que l’album débute sur du violon que l’on va avoir droit à un album classique. Car la musique de Emmanuel de Saint-Aubin est tout sauf classique. Très vite passées à la moulinette , les cordes se transforment et donnent le La à un disque expérimental qui navigue entre folk post-rock, free jazz et musique concrète. Forcément à contre-courant de tout ce que l’on peut entendre habituellement, Trois fois rien respire la liberté, la créativité soudaine d’un musicien qui devait au départ enregistrer un album à la guitare folk et qui finalement a accouché d’un objet musical non-identifié étrange et très surprenant. (3.5) Benoît Richard

www.ondinerecords.com

 

Think About Life - s/t

Bienvenue dans le monde du furieux Graham Van Pelt et de son projet Think About Life. Avec sa palette d’instruments tordus et distordus, ce trio montréalais met en boite un sorte de punk music lo-fi, comme une rencontre entre Clap your hand to say yeah et les Chicks on speed. Orgue, batterie, guitare, voix… tout est a fond et saturé pour donner au final une orgie sonore des plus barrées mais finalement assez agréable à écouter (parcimonieusement).  Et même si l’entrée en matière est assez difficile, l’album gagne à être écouté plusieurs fois pour se faire une idée précise du concept Think About Life et des trouvailles que recèle ce disque derrière cette apparente brutalité. (4.0) Benoît Richard

Alien 8/Differ-ant - 2006

 

Ramona Cordova - The Boy Who Floated Freely

Premier album de l’américain Ramona Cordova, The Boy Who Floated Freely révèle un jeune artiste de 21 ans, aussi étonnant que talentueux, dont la voix rappelle étrangement celle du regretté Jeff Buckley. De son vrai nom Ramon Alarcon, Ramona Cordova joue une musique folk apaisée qui s’autorise par moment quelques envolées lyriques, toujours de bon ton, ou des incartades qui le ramène du coté de la musique gitane. Ayant commencé très tôt à jouer de la guitare, le garçon est passé par le rock nerveux avant de se caler dans une musque folk "batarde" qui lui va bien et lui permet de raconter ses histoires avec presque rien. (4.0) Benoît Richard

Clapping music/rue Stendhal - 2006

 

Kyoto Jazz massive - 10th anniversary

Pour célébrer 10 ans d’existence, ce célèbre duo de DJs japonais, proposent un double cd sur lequel ils reprennent leurs meilleurs morceaux, des remixes exclusifs, des covers et des hommages aux grands noms de la scène house de ces dernières années. Au programme Louie Vega, Kenny Gonzales ou 4hero dans un ensemble bien garni et alléchant pour qui sait apprécier les musiques électroniques mariées aux rythmes chauds du jazz, de la bossa nova ou encore des musiques latines. (4.0) Benoît Richard

Compost/nocturne - 2006

 

Soulphiction - state of euphoria

Le producteur, Dj allemand Michel Baumann revient ici sous le pseudo de Soulphiction pour nous faire découvrir un album downtempo chaleureux sur label berlinois Sonar Kollektiv. Comme aux plus belles heures du trip-hop/house, Soulphiction nous emmène dans les replis les plus moelleux de la musique électronique avec un album long en bouche qui découvre sur chaque piste un univers feutré et soyeux comme seuls les producteurs allemands ou viennois sont capables de nous en offrir. Mâtiné de jazz, de bossa, de musique soul ou de hip hop, State of euphoria offre un moment de béatitude et de tranquillité fort appréciable en ce début d’été 2006. (4.0) Benoît Richard

Sonar kollektiv/nocturne – 2006

 

Juan Trip - Consolation

En faisant ses classes sur le label parisien Fcom, (un label plus en vue à une époque qu’aujourd’hui), Juan Trip avait su se faire un nom aux coté des Saint Germain, Llorca et autres electro-jazzmen, le temps d’un album Balmy Under The Stormy, paru en 1999 et qui présentait un artiste affranchi, capable de faire rimer pop classique et modernité dans un même univers. Retour aux affaires aujourd’hui de Juan Trip avec ce nouvel album qui, une fois encore, rend hommage aux pionniers du psychédélisme : Pink Floyd et le Velvet Undergroud en tête. Avec un son très marqué 60’s, Juan Trip nous replonge directement dans ce son enfumé et hallucinatoire à souhait. Finalement plus anecdotique que réellement pertinent, cet album, pourtant très agréable à écouter, présente assez peu d’intérêt, si ce n'est peut-être, celui de vouloir ressusciter le son d’une époque, mais sans y apporter de réelle variation. (2.5) Benoît Richard

Citizen records/nocturne – 2006

 

UHT° Jazz Club - Ghost forest

Un groupe qui mixe jazz, électro et hip hop on a déjà vu et entendu, mais quand la qualité est au rendez-vous, ça donne un album varié et virevoltant ou se chevauchent avec bonheur breakbeats, influences arabisantes ou brésiliennes, électro-jazz façon Herbie Hancock et hip hop. Pas si éloigné de gens comme Kid Koala ou Herbaliser (Ninja Tunes), UHT° Jazz Club offre un ep des plus plaisants à découvrir sur le label nofridge. (3.5) Benoît Richard

www.nofridge.com - 2006

 

H-Burns

Projet solo du guitariste chanteur de Dont look back, H-Burns propose son premier album en solo. Malgré un accent bien de chez nous et une voix un poil trop en avant, il livre un album sincère et dépouillé où la guitare sert de principal accompagnement. Un album où il y met tout son cœur et ses tripes. Un bel hommage à une scène folk qui se développe tout doucement en France et dont H-Burns peut revendiquer haut et fort son appartenance. (3.0) Benoît Richard

www.noisedigger.com

 

Mon  ep
Alors que tout laisse croire que Mon est un nième groupe de post-rock, la faute sans doute à quelques tics propres à ce genre de musique, l’écoute prolongée et répétée de ce ep permettra finalement d’affirmer le contraire. Si la base de la musique de cette formation parisienne nous ramène bien du coté de Mogwai ou Silver Mt zion, il faudra chercher un peu plus loin pour définir pleinement leur musique. Dépassant donc les influences traditionnelles, Mon va titiller la musique contemporaine, la pop, pour un résultat plutôt encourageant qui laisse à penser qu’il n’y a pas que des clones de GYBE sur la planète post-rock.
(3.0) Benoît Richard

 

Pixel - Quatre fois rien…

Pas sûr que ce premier album de Pixel aille au bout du monde et remplisse les bacs de la FNAC, mais en tout cas il aura le mérité, de par l’exigence de sa  production, de figurer parmi les album les plus audacieux que l’on ait pu entendre ces derniers mois en matière de  chanson française. Même si le terme de "chanson française" ne colle pas vraiment à la peau de ce quatuor, l’audace et l’originalité ont droit de citer dans un album étonnant. Avec une palette sonore riche (violon, violoncelle, mélodica, glockenspiel, clavier, guitare, batterie, basse) et des textes plutôt bons, Pixel gagne sans aucun doute à être connu. (3.0) Benoît Richard

www.pixel-music.com 

 

Dublee - Pseudo harmonia

De nationalité japonaise, Yusuke sakuri aka Bublee propose avec Pseudo harmonia son ultime album studio, puisque ce dernier a décidé de reprendre son principale activité à plein temps, à savoir celle de médecin. Avant cela, il nous fait goûter aux plaisirs de la micro-house dans un album très réussi, et dans lequel quelques influences jazz ou dub viennent perturber la douce harmonie qui règne tout au long de ses 11 titres. A l’instar d’Akufen ou de Jan Jelinek, Dublee propose une house dépouillée, à la fois suave et très plaisante qui, à défaut de nous faire danser devant les matchs de coupe du monde, comblera aisément nos envies de rythmes groovy devant les prestations de Ronaldinho et de ses compères. (4.0) Benoît Richard

 

Vetiver - To Find me gone

Proches de Devendra Banhart (le leader Andy Cabic fait partie de sa formation), Vetiver joue un folk un poil plus orienté pop de celui de Banhart mais néanmoins très beau, très tranquille qui lorgne, par moment, du coté de Neil Young. Le premier lp (séduisant à bien des égards) montrait déjà une écriture assez conventionnelle que l’on retrouve malheureusement encore ici. Car si tout l’album paraît bien joli bien sympathique, il manque cependant un peu de force à l’ensemble, et du coup on aurait aimé avoir plus de titres aussi bon que You may Me blue pour dire que ce To Find me gone sort du commun des albums de folk actuel. (3.0) Benoît Richard

www.fat-cat.co.uk - 2006

 

Hijodata - Hijodata ep

Premier EP pour le trio rock vannetais Hijodata. Un rock « essentiel » et « originel » : basse, batterie, guitare. Un rock qui passe ensuite sous la férule d’un ordinateur, pour l’adjonction de plages électroniques de soutien ou plutôt d’addition de nappes sonores déjà précédemment amorcées par le seul jeu et l’énergie du trio en formation serrée. Le mélange musical est réussi et on songe, sonorités de clavier vintage posé sur une explosion de cordes atmosphériques oblige, au Cure  du début de ce siècle (style Dredd song etc.), mélé de Breeders sans quête du tube. On passe près, très près même, de la réussite rock inattaquable. Mais il faut qu’Hijodata  parvienne à trouver le juste dosage entre musique et chatn, et que ce dernier cherche un peu moins, dans un registre haut perché, à voler la vedette à une musique qui se suffirait presque à elle-même, et qui se satisferait en tous cas de plus de sobriété syntaxique. (2.5) Denis Verloes

http://hijodata.free.fr

 

Margot - manipulation

On rendra grâce à Kyo et Damien Saez d’avoir alerté les patrons de label sur un créneau juteux : celui du groupe capable de fédérer les angoisses, les thèmes et les spleens des primo-adolescents. D’autres ont depuis suivi : Vegastar, Blanc, Madame Kay… tous dans une palette allant de la pop au rock et jusqu’au métal soft. Voici venir Margot, dans ce dernier genre. Cyrille Catois, Cyril Tronchet, Germain Chicot, Fabrice Ordioni ont tous passé la vingtaine. Le mix de leurs chansons est très linéaire voire clinique et le chant presque Muse-éen de Chicot égrène des titres rock à métal où il est question déçues, déchues ou en devenir. Des chansons qui expriment le mal être de l’ado et ses désirs les plus immédiats. Bien réalisé, autant que complètement lisse et carrément dispensable, c’est album reste gentiment inoffensif. Reste plus qu’à guetter l’apparition du nom Margot sur les sacs à dois des étudiants du lycée d’à côté. (2.0) Denis Verloes

Heben/SonyBMG – www.margotmusic.fr

 

POL - homo 

Quatre ans après un premier ep encourageant, Paul Lionnaz revient avec son projet POL pour nous présenter un premier album toujours et encore nourri au jazz et à la musique électronique. Dans la lignées des compositions Compost records, POL joue des rythmes house-jazz comme des ambiances tranquilles en mariant son piano à des sonorités électroniques légères et groovy à travers 13 titres. Même si l’ensemble n’apporte rien de bien neuf dans un genre où tout semble a voir été dit, on saluera malgré tout l’effort de ce musicien désireux de délivrer un message de paix à travers sa musique. (2.5) Benoît Richard
www.transartistik.net

 

The Healthy boy - A two steps promenade

Le folk à la française n’en finit pas de garnir ses rangs. La preuve avec The healthy boy, un projet à la tête duquel on trouve Benjamin Nerot qui, avec sa voix grave et sa guitare sèche, marche sur les traces de Bill Callahan. Sans atteindre la puissance du gars de Smog, The healthy boy tente d’imprimer à sa musique une certaine authenticité. Assez inégal, l’album offre quelques bons moments mais pas assez pour rendre cet album aussi passionnant qu’on le voudrait. (2.5) Benoît Richard

www.kythibong.org - 2006

 

Tellemake - Scarbo

Tellemake est un projet mené par le musicien Christophe Guiraud. Un premier EP Moorning a vu le jour en 2003 sur Angstrom. Aujourd’hui parait l’album Scarbo qui propose une musique à mi-chemin entre le Jazz, l’électronique, et la musique expérimentale. Assez froid et opaque, l’album laisse peu de place à l’émotion et nous donne l’impression d’avoir affaire avant tout à une création qui accompagnerait une installation et dans laquelle l’expérimentation musicale priment avant tout. Pour fans uniquement. (2.0) Benoît Richard

www.angstrom-records.net - 2006

 

Ariane Moffat - Le coeur dans la tête

Très franchement, on a connu pire en matière de chanteuse québécoise exportée en France. Plus proche de Camille, Pauline Croze ou Keren Ann que de Linda Lemay, Ariane Moffat propose son second album après Aquanaute paru en 2002. Entre pop, rock, ragga, folk et électro, cette jeune chanteuse raconte la vie, les sentiments, les humeurs du quotidien avec une voix et un accent plus que supportable pour une chanteuse made in Québec. A mi-chemin entre la variété et la chanson indé, Ariane Moffat trouve sa place et devrait plaire au plus grand nombre. (3.0) Benoît Richard

www.arianemoffat.fr - 2006

 

Eef Barzelay - Bitter Honey

Au sein de Clem Snide, groupe de pop-country baroque aux morceaux poignants distillés sur quatre albums précieux, Eef Barzelay était responsable de ce chant curieux, mélange de pleurs de canard poignants et de chat rigolant dans le tambour d'une machine à laver. Quelque part entre Belle & Sebastian, Bright Eyes et Hefner, le bougre en avait aussi tous les talents dans l'écriture douce-amère qui savait à la fois émouvoir et faire hurler de rire dans des descriptions du quotidien amoureux touchant toujours juste. Aujourd'hui en solo, notre ami au nom le plus curieux depuis... celui de son groupe d'origine, livre un Bitter Honey à l'acidité épurée et à une poésie toujours aussi tendre. Un disque que l'on aurait plutôt espéré d'un sudiste bourru à la Johnny Cash qui se serait attendri en écoutant Ron Sexsmith. En tout cas, pas d'un New-Yorkais épris de country et chanteur à la voix tordue. A la guitare sèche, Barzelay étrille un quotidien prosaïque avec humour et justesse. Sur Joy to the World, il rappelle aussi à tous, qu'il n'a pas besoin de son groupe pour chanter les mélodies les plus déchirantes. Et efficaces. (4.0) J. Damien.

Fargo/Naïve - 2006

 

Delays - Hideway

Les La's n'ont sorti qu'un album, mais c'est toujours incroyable de compter le nombre de petits dont ils auront accouché depuis l'aube des années 90 ! Le groupe de Southampton Delays, fait clairement partie de cette filiation qui doit autant à James ou à Beautiful South et à cette incroyable lignée de pop lumineuse, un tantinet naïve. Plus inspirés que Starsailor, moins lourdauds que les Manic Street Preachers, les membres de Delays se veulent avec le single Hideway, et les deux titres qui l'accompagnent, des fabulistes pop aux enluminures certes éculées mais assumées. Quitte à en faire trop et à user les cordes les plus évidentes, les Delays parviennent toutefois à créer des hymnes sympathiques à fredonner. (3.0) J. Damien.

Rough Trade/Pias - 2006

 

The Knife - Silent Shout

Que les amateurs se rassurent. Les années 80 reviendront toujours à la surface, objet de lutte entre ceux qui y vont vu la période la plus abjecte, la plus matérialiste et superficielle de l'histoire musicale et les autres qui la considère comme un havre d'instantanéité pop, dansante et créative. Le duo suédois The Knife se revendique de la seconde catégorie, comme en témoignait leur premier disque Deep Cuts, à l'électro-pop revivaliste un peu trop marquée. Ne surnageait à l'époque, en 2004, que la voix de Karin, dont on espérait qu'elle tirerait The Knife vers les expériences de Björk ou Stina Nordenstam, transformant la musique de seconds couteaux de The Knife en nouvelle perle scandinave. Perdu ! Silent Shout reste fidèle aux 80's, mais en cherchant un poil plus loin, dans les racines de cette musique : la cold-wave et sa froideur martiale qui ne rechignait pas à aller s'ébattre sur les dance-floors  à l'occasion (A Certain Ratio, ESG, New Order...). En s'éloignant aussi de la simple copie, voire de l'hommage trop appuyé, The Knife se trouve un style, résolument minimaliste et synthétique, sublimé par quelques éclairs baroques, mais bien plus intéressant par sa densité (et sa dansitude ?) et les univers sombres convoqués à cent lieues de son premier opus. Sans atteindre toutefois sa pleine maturité le duo givré dresse un pont entre passé et futur au dessus d'un gouffre sans fond, qu'on a hâte de traverser avec eux... Sur un prochain disque sans doute. (3.0) J. Damien.

Rabid/V2 - 2006

 

Jane Birkin - Fictions

Après le pygmalion Gainsbourg, qui a fait de Jane ce qu’elle représente aujourd’hui au regard du public francophone, puis un passage dans l’inconscient collectif comme une figure respectable de la variété française « à l’ancienne »… Birkin a d’abord décidé de se faire une crédibilité en s’entourant de ce que la scène française avait de meilleur peu importe les âges Françoise Hardy, Etienne Daho, Brian Molko, Souchon… et a publié des albums crédibles en 2003 et 2005. Puis on l’a vue à Taratata en duo avec Franz Ferdinand pour défendre la compile Mr Gainsbourg et on s’est dit que Birkin en avait encore sous le coude pour nous surprendre. Bing c’est fait. Derrière des photos de pochette où Jane parait avoir l’âge de Lou Doillon, Jane Birkin rappelle qu’elle est elle aussi une artiste à part entière, et crédible à l’instar des paroliers qui se collent ici à l’exercice de l’écriture en français et en Anglais (car oui Birkin est anglaise et il lui manquait pas grand-chose pour s’imposer du côté anglo saxon de la Manche): Gonzales, Rufus Wainright d’un côté Dominique A, Arthur H. et Cali de l’autre, se prêtent à l’exercice de créer pour l’interprète un petit monde entre folk, réalisme doux et mélancolie ouatée qui sied bien à sa voix assurée et départie de son sempiternel accent franglais. Dans ce nouvel album fictions, où Jane Birkin finit également de définir son univers, en reprenant le Harvest Moon de Neil Young, l’Alice de Tom Waits et le Mother stands for comfort de Kate Bush. Surprenant, intime et classe. Une réussite (3.5) Denis Verloes

Capitol/Emi – 20 mars 2006

Le site officiel

 

Liquid architecture - Liquid architecture

Audrey Mascina et Jérôme Sans aiment le rock des ’70 s et citent les Doors comme référence commune. Leur musique mélange l’énergie rock  avec une voix féminine légèrement filtrée, posée sur une musique hybride d’électronique cybernétique et de guitares électriques. Leur biographie propose MC5, les Stooges et le Velvet Underground comme éléments de comparaison. On a envie quant à nous de signaler qu’ils singent quand même beaucoup de la méthode Garbage, époque premier album, sur une rythmique électronique envoyant directement songer au tandem Felix da Housecat/ Miss Kittin. Typiquement le genre d’album qu’on mettra en tampon dans une soirée DJ entre deux hit électro rock. Soit une efficace machine à danser, sans l’ombre d’une pointe d’originalité, motrice, mais vite oubliée à la « descente » du dimanche matin (2.5) Denis Verloes

Palass/Naïve - 2006

Le site officielL’espace Myspace

 

The Little Willies - The little Willies

Après avoir trusté le haut des charts avec son mélange de blue jazz et de variété; Norah Jones et son groupe s’éprennent des standards du répertoire blues et country américain. Sous le nom de Little Willies l’artiste multi-platinée aux Etats Unis s’est offert une tournée incognito des clubs New Yorkais, histoire de roder la formule, qui prend ici corps sur disque. Au menu donc, ce qui fait la force de Miss Jones soit un filet de voix immédiatement reconnaissable plaqué sur une musique irréprochable, ici archi connue, jouée dans les règles de l’art, sans faute de goût. Pas original pour deux sous, dénué du moindre supplément d’âme ou d’appropriation, mais très trendy, en ces périodes de passion pour Johnny Cash. Voici typiquement le genre d’album qu’on offre sans crainte à ses parents, dont on imagine très bien qu’il servira de bande son pour les dimanches après-midi thé et gâteau, sous la conversation habituelle relative aux rejetons qui poussent et au prix de la vie. (2.5) Denis Verloes

Blue note/EMI -Mars 2006  Site officiel

 

Fargo - collection été 2006 (2CD)

L’été est souvent propice aux labels pour compenser la baisse de sorties d’albums (trêve d’août oblige) par un petit plaisir mi informatif mi-marketing. Et on a de temps en temps une compile d’été de label, publiée dans le commerce pour un prix défiant souvent toute concurrence. Le résultat est souvent en rapport avec la force de sa maison mère quand il s’agit de publier des albums de qualité. En rassemblant les titres phares d’Andrew Bird, Emily Loizeau, Richard Buckner, Beulah, Shearwater, et Clem Snide ; Fargo peut se targuer de poser un album de qualité, alternative emballée dans un joli livret et pack double CD, aux offres de téléchargements de MP3 à 0.99 le titre. Une compilation qui brosse un panorama de la saison 2005/2006 du label, soit un mélange de rock traditionnel pas indispensable mais bien torché, de rock bien pensé, de folk de cow-boys, de l’indispensable Andrew Bird et de la très bonne surprise Emily Loizeau. Une bonne compile d’été effectivement, charmante et pas trop prise de tête, une bonne pioche pour se plonger dans l’univers du label. A part ça… (3.5) Denis Verloes

Fargo/NaïveSortie le 10 juillet 2006