Colleen
- les ondes silencieuses
Débarrassée
du sampler, et plus que jamais ouvertes aux instruments
classiques de l'âge baroque, Colleen
nous convie à un voyage dans la passé avec un disque joué
principalement à la viole de gambe et à l'épinette. Une
démarche qui rappelle celle de Yann
Tambour qui, avec son projet The
Stranded Horse nous présentait un album joué
essentiellement avec un instrument africain : la kora.
Plus classique, et dénué de tout tonalité pop,
"les ondes silencieuses" est un disque austère,
presque monacal qui aurait, pour le coup, plus sa place
sur les ondes de France Musique que dans l’émission de
Bernard Lenoir. Ce qui n’est évidemment pas une raison
suffisante pour bouder un album venant d’une artiste qui
s ‘est souvent révélée passionnante au cours de ces
dernières années. Un disque, en tout cas, qui montre
l’audace et la rigueur d’une artiste mais aussi d’un
label : leaf records qui
tentera avec cette sortie d’ouvrir un peu plus
l’horizon musical de ceux qui ont leur ont fait
confiance avec les géniaux Murcof
et Caribou. (3.0)
Benoît Richard
leaf label - mai 2007
Magic Bullets - a child but
in life yet a doctor in love
De
temps en temps le label américain Words On Music
revient nous donner quelques nouvelles avec des sorties
d’albums qui sonnent souvent années 80 et pour cause,
puisque certaines sont des rééditions de l’époque (The
Lucy Show, par exemple). Les Magic Bullets sont
eux bien une formation d’aujourd’hui, et la production
à elle seule peut en attester. Pour le reste,
effectivement, on pense tout de suite aux Smiths,
aux Stanglers, aux talking heads. Mais une
belle brochette de références ne fait pas forcément un
grand disque. Et même si l’album n’a rien de détestable
et s’écoute sans déplaisir, on craint malheureusement
que tout ça passe inaperçu et manque cruellement de
personnalité. (2.5) Benoît
Richard
http://www.myspace.com/magicbullets
Lady Palavas - agent secret
Il
y a quelques années, ce disque aurait sans doute connu un
succès plus grand et conquis un public plus large. A une
époque où le label Tricatel était le label français
le plus en vue avec des albums plus séduisants les uns
que les autres signés Burgalat, Aprile March,
Valérie Lemercier ou Michel Houellebecq. Mais
voilà, les modes passent et Tricatel est aujourd’hui en
en sommeil prolongé et beaucoup de fans sont passés à
autre chose. Ce qui n’est bien sûr pas une raison
suffisante pour bouder l’album de Lady Palavas
qui, même s’il ne bénéficiera pas de la vague,
devrait pouvoir conduire ceux qui écoutent encore leurs
albums Tricatel à en faire l’acquisition. Charmant, léger
et estival, agent secret est un disque qui
plait, qui amuse, avec des textes second degré et une
musique pop sixties (certains diront lounge pop-easy..)
brillante. Allez, laissez-vous séduire par Lady
Palavas vous ne le regretterez pas. (3.0)
Benoît Richard
Hydrophonics
– 2007 www.ladypalavas.com
www.myspace.com/ladypalavas
Fridge
- The sun
Jazz ?
free-jazz ? Post-rock difficile de ranger dans
une case le nouvel album de Fridge tant ce dernier
renvoie à différents courants musicaux sans pourtant se
ranger véritablement dedans. Fridge c’est le
projet parallèle de Kieran Hebden (Four tet)
qui, en compagnie de quelques amis produit un post-rock
remuant et sans barrière, dans la lignée de ce que
pouvait faire Tortoise il y a quelques années.
Sans nouvelle du groupe depuis 1999, année durant
laquelle on avait alors découvert leur quatrième album Hapiness,
le trio revient aujourd’hui avec The sun,
toujours sur Temporary Residence (Grails,
explosion in the sky, eluvium…) mais chez Domino
pour l’Europe. Ici grande place est donnée au rythme,
à la batterie, sur lesquels veinent s’appuyer, piano,
guitare, percussions diverses et sonorités électroniques,
pour un album chamboule-tout qui sent bon
l’improvisation. Et si l’approche peut paraître un
peu raide au départ, l’album gagne en rondeur et en
musicalité au fil des titres et laisse à la fin une
belle impression, celle en tout cas d’un disque
chaleureux et sensible mais qu’il faudra savoir
apprivoiser. (3.5)
Benoît Richard
Domino
records/Pias – 2007
Ulan
bator - ulaanbaatar
Ulan
bator n’a sans doute jamais eu la reconnaissance
d’un Tortoise ou GYBE, sans doute parce
que le groupe a toujours navigué en eaux troubles,
refusant tout compromis et préférant la plupart du temps
les aventures expérimentales et soniques plutôt que les
musiques plus accessibles. Aujourd’hui, ulaanbaatar
1993-1998, sous-titré a selection of unreleased
works, permet de jeter un coup d’œil dans le retro
pour se rendre compte à quel point l’œuvre musicale de
ce groupe pouvait être radicale avec des titres, qui plus
est, ici présentés dans des versions brutes. Plutôt
qu’une compilation best-of du groupe, ce ulaanbaatar
est plus destiné aux fans du groupes qu’à ceux qui
voudraient découvrir sa musique en 2007. Pour ces
derniers, on ne pourra que conseiller l’acquisition de Vegetale
(1997), pierre angulaire de la discographie du groupe.
(3.0)
Benoît Richard
Ruminance
- 2007 www.ulanbator-archive.com
Maximilian
Hecker - I’ll be a virgin, I’ll be a mountain
On
faisait jusque là partie de ceux qui appréciaient
beaucoup le bonhomme né à Baden Würtenberg et émergé
de la scène berlinoise quelque part en 2001. Torturé,
spleenétique et romantique, il réussissait à nous
apporter la jolie dose de blessure et de fêlure dont tout
ex étudiant en lettres a besoin au long de sa vie, qui
n’a rien de la tour d’ivoire dans laquelle il
imaginait évoluer. Sauf qu’à trop tirer sur la corde
de notre côté fleur bleue, la cruche qui allait jusque là
à l’eau des larmes de nos amours perdues se brise… Et
il ne reste plus sur cette éternité montagnarde, sur
cette pureté virginale, que le constat qu’on a déjà
dressé précédemment sur la discographie de mettons, The Divine Comedy. A toujours faire vibrer la même corde, à
s’adjoindre ou retrancher des musiciens opérant le même
artifice… On en vient à ressasser sempiternellement la
même mélodie. Et le nouvel opus de Maximilian
Hecker apparaît comme un facsimilé plus arrangé,
plus produit, moins inspiré de lui-même. Et s’auto-parodier
à vingt neuf ans, quelle faute de goût. On ne comprend même
pas que le bio nous avance James
Blunt ou Chris
Martin comme des référents présentables à cet
album, et on n’est même pas sensés tiquer. On attend
que ce Julien Sorel d’un genre nouveau se décide à
tirer enfin sur madame de Rénal. En attendant, on passe
notre chemin. (1.5) Denis
Verloes
V2/Warner
– Sortie le 23/10/2006
Volo
- Blancs manteaux à Volo
A
la sortie de l’album qui se voit ici décliné en live,
on disait ce qu’on pensait de « ni bien ni mal »
à l’endroit des frangins Volovitch. Un passé de régisseur et musicien pour les Wriggles,
la capacité de créer des petites chansons tâtant de la
vie quotidienne ou des pamphlets contestataires… Tout
pour faire de Volo
un de ces groupes dont la France a le secret, à
l’instar des VRP, Wampas, Tryo et Sinse, Massilia
sound system, Didier
Super, les
Hurlements de Léo, les têtes raides, Les frère Misère…
et bon la Belgique aussi avec ses Daniel
Hélin et autres Roger
Binamé : Autant de régionaux de l’étape
longtemps cantonnés à ravir les chambres d’ados essaimées
au quatre coins de la France, et à se forger de pures réputations
scéniques dans les festivals locaux dont on aurait bien
du mal à lister ne fut ce que la moitié. Difficile de
savoir ce qui fait le charme de Volo, peut-être et sûrement, parce qu’on est quant à nous
sourds à cette démarche, à ce style de vie, à ce style
de groupes. Mais force est de reconnaître que dépouillés
de tout artifice, livrés à deux guitares devant un
parterre parisien conquis, les titres de bien
zarbos acquièrent sur scène une immédiateté et une
évidence qui leur donne une certaine sympathie. Et du
coup le medef,
notre brûlot déjà précédemment préféré, acquiert
ici une certaine intensité offerte par la prise directe.
Pas suffisant quant à nous pour avoir envie d’y revenir
souvent, mais on comprend sans doute un peu mieux pourquoi
ce type de formations ont un succès d’estime hexagonal.
(2.5) Denis Verloes.
Opera Music – sortie
septembre 2006
Help
She Can't Swim - The Death Of Night Life
The
Death Of Nightlife est le second album des anglais de Help
She Can't Swim, un groupe de jeunes rockers comme il
en existe des dizaines et qui proposent ici un rock
sonique, quelque part entre Placebo, Sonic Youth
et les Klaxons. Les guitares sont aiguisées, la chant est
rageur, les chansons s’enchaînent à 100 à l’heure,
bref, ça bourre, c’est le brasier sonore pendant un peu
plus de 35 minutes mais c’est pas sur que ça passe l’été.
(2.5)
Benoît Richard
(Fantastic
Plastic/PIAS) – 2007
www.fantasticplasticrecords.com
v/a
Citizen records - Villa rouge vol. 4
La
célèbre boite de nuit montpelliéraine (où Louis
Nicollin n’a pas du amener souvent ses joueurs cette année vu les piètres résultats de l’équipe), sort
déjà sa quatrième compilation avec des titres, pour la
plupart, inédits, le tout mixé par les résidents maison
que sont Shokers, Jun-X et Lorent Air. Au programme que du
bon, avec notamment quelques petites bombes techno dans
bien dans la mouvance nouvelle french touch (Teenage
bad girl…) mais aussi avec des choses plus
classiques mais néanmoins irrésistibles comme Philippe
Katerine et son fameux Louxor. Bref du son neuf, et
des tracks de haut de gamme sur le label Citizen
duquel on en attendait pas moins. (3.5)
Benoît Richard
Citizen/nocturne
– 2007
Outlines
- Our lives are too short
Décidément
riche en sorties, le label Sonar Kollektiv nous
gratifie cette fois d’un album place sous le signe de la
soul, du hip hop, sur lequel on retrouve le trio Irfane,
Jerome Hadey, Jay1 accompagné d’un featuring assez
impressionnant : RZA, Adb AL Malik, DJ Mehdi.
Une belle équipe pour nous offrir des titres
grrovy, funky, plus veloutés les uns que les autres, pétris
de bon vieux samples, aux mélodies imparables à la fois
dansants, et chantants ! Bref Our lives are too
short est un album ouvert, accessible à tous, à écouter
en voiture ou entre amis à la maison. Oui, oui fort
recommandable ! (4.0)
Benoît Richard
Sonar
Kollektiv/Nocturne - 2007
v/a
Compost rec. - Black label vol2
On
aurait presque envie de dire à l’écoute de cette
nouvelle compilation du label allemand Compost que
décidément plus rien n’est comme avant chez ces
amateurs de bossa nu-jazz. Bon, on veut bien croire que le
genre a un peu perdu la main ces dernières années, mais
franchement on ne pensait retrouver Compost sur ce
créneau techno/disco old school déjà exploité par de
nombreux labels avant lui. Alors, faisons fi des barrières
et plongeons nous dans cette compilation qui mélange
astucieusement vieux titres vintage productions actuelles.
Rien d’énorme dans tout ça, non, simplement une poignée
de titres plutôt bons faisant la liaison entre passé et
présent avec une certaine cohérence... ce qui n’est déjà
pas si mal. (3.0) Benoît
Richard
Compost/Nocturne
– 2007
Nina
Nastasia & Jim White - You follow me
On
attendait pas forcément si vite le retour de Nina
Nastasia sur nos platines. Du coup ce projet conjoint
avec le respectable Jim White nous ravit au plus
haut point et nous permet de retrouver une fois encore
cette petite bonne femme qui chante l’Amérique profonde
comme personne. Avec à la baguette, le fidèle Steve
Albini, You Follow me nous propose un folk
habité, une rencontre entre la voix douce de Nina et
la batterie épaisse et ominiprésente de Jim White. Plutôt
dépouillé, l’album que l’on imagine vite écrit,
vite enregistré, a l’authenticité de ces disques faits
maison qui nous disent que la qualité de la musique ne se
compte pas forcément en prix de journée d’un studio
d’enregistrement. Cousine de Chan Marshall, Lisa
Germano ou de Shannon Wright,
Nina Nastasia et son compère nous offrent ici
dix jolis titres, assez secs mais très beaux qui, s’ils
n’ajoutent rien de plus dans l’univers déjà
passionnant de cette fille, ont le mérite de proposer une
variation intéressante de son répertoire déjà conséquent.
(3.5)
Benoît Richard
Fatcat
records/Pias - 2007
Handsome
Furs - Plague Park
Echappé
du groupe canadien Wolf Parade, le
chanteur-guitariste Dan Boeckner s’associe ici
avec sa petite copine Alexei Perry pour un projet
entre pop, folk et électro qui ne manque pas d’intérêt
et qui arrive même à nous émouvoir sur certains titres.
Si Dan Boeckner n’a pas le talent et la folie
d’un Beck, en revanche, sa capacité à écrire
de bonnes chansons n’est pas à mettre en doute sur cet
album sur lequel au moins quatre titres peuvent prétendre
au rang de single digne de ce nom. Reste le coté sombre
du truc, le manque de glamour et la voix foncièrement
triste du garçon (on pense à David Eugene Edwards
de Woven hand) qui plombent un peu l’ensemble
mais qui n’enlève rien aux qualités intrinsèques de
ce court et sympathique disque. (3.5) Benoît Richard
Sup
pop/pias – 2007
Radio
Slave - Misch masch
La
série Misch Masch en est à son quatrième volume
et fonctionne toujours sur le même principe : un cd
mixé et un autre cd reprenant des remixes des artistes
invités. Et ça marche ! Matt Edwards ici aux
commandes, nous
convie à un set placé sous le signe de l’élégance et
du raffinement avec des titres originaux signés Radio
Slave (on est jamais si bien servi que par soi-même)
mais également d’autres en provenance de chez Trentemoller,
Booka Shade, Roman Flügel, Ricardo Villalobos… bref
que du beau monde et des titres minimalistes en veux tu en
voilà où les beats et les motifs sont réduits à leur
plus simple expression avec quelques micro mélodies qui
surnagent ici ou là. Bref, un double cd destiné avant
tout aux amateurs du genre minimal techno. (3.5)
Benoît Richard
Fine/Nocturne
- 2007
Julia
Kent - Delay
Le
label suisse Shayo nous propose de faire
connaissance avec une violoncelliste originaire de
Vancouver au canada, installé à New-York. Musicienne
pour des gens tels que Antony & The Johnsons,
Devandra Banhart ou Rufus Wainwright, elle nous
propose aujourd’hui un album de musiques inspirées par
les aéroports et tous ces lieux de transit où des
milliers de gens se croisent sans se voir. Cinématographique,
la musique de cette demoiselle séduit d’emblée à la
fois par sa profondeur et sa légèreté. Car même si le
violoncelle reste l’instrument principal constituant les
morceaux de l’album, il ne devient jamais pesant au fil
des titres. Sans doute parce que Julia Kent est
parvenu à créer une atmosphère, une tonalité différente
d’un titre à l’autre. Malgré tout, l’ensemble fait
bloc du début à la fin et reste très cohérent. Au
final, un album très beau, très riche, qui évoque aussi
bien le cinéma de Chabrol, les musique de Georges Delerue
que celles plus contemporaines
de Johann Johannsson ou Max Richter. (4.0)
Benoît Richard
Shayo
- 2007
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