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Sufjan Stevens - Come On Feel The Illinoise

Asthmatic Kitty./Rough Trade/PIAS 

[5.0]

 

 

    Après nous avoir présenté son état de naissance (le Michigan), via un disque d’une très grande qualité, Sufjan Stevens continue sa quête follement irréalisable d’écrire un album pour chacun des 50 états des Etats-Unis d’Amérique. Et s’attaque à l’Illinois, l’état « d’en face ». L’état aux figures célèbres (d’Al Capone à Michael Jordan) et à la ville emblématique, Chicago.

 

    Après une escapade romantique (Seven Swans), retour aux affaires donc d’un artiste qui doit confirmer tout le bien que l’on commence seulement (malheureusement) à penser de lui. Et continuer son grand œuvre.

Malgré quelques (relatives) craintes – inhérentes à la pochette d’un kitchissime absolu, représentant Al Capone, la ville de Chicago, Superman (qui disparaîtra rapidement, pour d'évidents problèmes de droits d'auteur) et un… bouc – dès les premières notes, il est impossible de ne pas être conquis. Un piano qui craque, un hautbois majestueux. Et des chœurs frissonnants.

 

    Composé de 22 titres (dont de nombreux intermèdes musicaux), Come On Feel The Illinoise, reprend l’ouvrage laissé et arrêté après Greetings From Michigan, The Great Lake State. Mais si d’apparence, tout ressemble à Michigan, au final, il n’en est rien. Bien au contraire.

Tout sonne encore plus juste, tout est encore plus beau. En y ajoutant une production plus importante (et d’excellente facture) et surtout en donnant une ampleur à chaque note de banjo, de piano ou de trompette, Sufjan Stevens sort un disque de pop classieuse (et exaltée) de 74 minutes.

 

    De ces 22 titres, difficile de ressortir un morceau en particulier tant ce disque forme un tout, unique et indivisible. En fouillant bien, on pourrait toutefois citer le titre éponyme, son déluge de cordes, de cuivres et de chœurs, et son refrain très Close to Me de The Cure (à la trompette !), John Wayne Gacy Jr. et son histoire frissonnante, The Predatory Wasp of the Palisades Is Out to Get Us – l'histoire passée et déchirante d'un amour entre Sufjan et son meilleur ami – ou Casimir Pulaski Day – où l’évocation de la mort d'un être cher et la mélancolie qui s'en dégage, un titre d’une pudeur poignante.

Et surtout Chicago, monument de l'œuvre Sufjanienne, ode à la ville de Capone, ayant pour ligne directrice une batterie dantesque, un violon langoureux, une trompette majestueuse et des chœurs à pleurer.

 

    Sorte de synthèse des génies de Brian Wilson, de Steve Reich et de Van Morrison (période Saint Dominic's Preview), Come On Feel The Illinoise est un disque d'une beauté renversante, que de multiples écoutes n'arrivent pas à altérer. Une heure un quart de cordes luxuriantes, de chœurs magiques, de cuivres à frémir. Et cette voix au dessus de tout. Entre féminité et masculinité.

 

    On avait beau l’espérer, cela fait quand même un choc. Dans sa quête d’absolu, Sufjan Stevens a donc réaliser l’impossible : sortir un véritable chef d’œuvre. Un album dont on parlera dans encore 40 ans, comme on parle aujourd’hui encore de Revolver ou de Pet Sounds. Un disque qui donne une irrésistible envie de suivre les prochaines pérégrinations du Sieur Stevens (en Oregon selon certaines rumeurs). Bref, intemporel, splendide et tout simplement indispensable. Disque de l'année.

 

Olivier Combes

 

Tracklist

01 Concerning the UFO Sighting Near Highland, IL 
02 The Black Hawk War, or, How to Demolish an Entire Civilization and Still Feel Good About Yourself in the Morning, or, We Apologize for the Inconvenience But You're Going to Have to Leave Now, or, "I have fought the Big Knives and will continue to fight them until they are off our lands!" 
03 Come on! Feel the Illinoise! 
-Part I: The World's Columbian Exposition 
-Part II: Carl Sandburg Visits Me in a Dream 
04 John Wayne Gacy, Jr. 
05 Jacksonville 
06 A Short Reprise for Mary Todd, Who Went Insane, But for Very Good Reasons 
07 Decatur, or, Round of Applause for Your Step Mother! 
08 One Last "Woo-hoo!" for the Pullman 
09 Chicago 
10 Casimir Pulaski Day 
11 To the Workers of the Rockford River Valley Region, I have an Idea Concerning Your Predicament, and it involves shoe string, a lavender garland, and twelve strong women 
12 The Man of Metropolis Steals Our Hearts 
13 Prairie Fire That Wanders About 
14 A Conjunction of Drones Simulating the Way in Which Sufjan Stevens Has an Existential Crisis in the Great Godfrey Maze 
15 The Predatory Wasp of the Palisades Is Out to Get Us! 
16 They Are Night Zombies!! They Are Neighbors!! They Have Come Back From the Dead!! Ahhhhh! 
17 Let's Hear That String Part Again, Because I Don't Think They Heard It All the Way Out in Bushnell 
18 In This Temple, as in the Hearts of Man, for Whom He Saved the Earth 
19 The Seer's Tower 
20 The Tallest Man, the Broadest Shoulders 
-Part I: The Great Frontier 
-Part II: Come to Me Only With Playthings Now 
21 Riffs and Variations on a Single Note for Jelly Roll, Earl Hines, Louis Armstrong, Baby Dodds, and the King of Swing, to Name a Few 
22 Out of Egypt, into the Great Laugh of Mankind, and I shake the dirt from my sandals as I run

Durée : 74'13

Date de sortie : 4/07/2005

 

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