Autant
le dire tout de suite, on a plongé direct dans
l’univers littéraire de Jerôme
Attal, plus connu jusque là –si on peut dire-
pour des collaborations moyennement recommandables, avec
Florent Pagny
ou pire Cerena
(toi, tù… la traduction c’est lui !), mais aussi avec Daran,
Vendetta et
Jane Birkin.
C’est qu’ Attal
arrive dans son écriture, à toucher l’amour banal,
trivial, le quotidien le plus ballot pour en retirer une
moelle, une nourriture textuelle qui transfigure
l’habituel, le banal et les sentiments aussi simples
que l’envie d’être avec une femme, sans idéalisation
aucune du sentiment ou de l’être aimé… Pas
d’esthétisme ni d’allégorie. Non juste, une envie !
Et en chanson française, on en trouve peu qui ne
sombrent pas, à cet exercice, dans un second degré
ironique ou une vacuité adolescente. C’est du côté
de Jarvis Cocker et de Pulp
qu’on ira trouver les référents littéraires les
plus proches. S’arrêter un instant sur le juste banal
de chacun et de chaque jour, pour en tirer des histoires
universelles.
Entouré
de Frédéric
Rouet aux claviers et à la programmation, de Mathieu Zazzo aux basses et guitares et de Cyrille Fournel aux batteries et compléments de programmation,
l’auteur met ses titres en musique. Et les références
évidentes de la formation ainsi constituée sont à
aller chercher du côté de la musique anglo-saxonne :
ils citent d’ailleurs Joy
Division, Roxy
Music ou Nick Cave en interview. Oscillant entre pop/rock électrifiées un
peu sombres et tradition orchestrale d’une certaine
chanson française, le groupe supporte les petites
histoires de son auteur. La formation s’avère
d’ailleurs plus efficace, originale, dans le registre
du pop/rock à l’anglaise: comme
elle se donne, laisse-moi devenir ton homme, le pays des
filles qui sentent bon, demain sans importance portés
par une guitare mutine et une batterie enlevée, que
dans les parties plus ronronnantes, à claviers,
« à la française » où brillent seules
quelques pépites telles la
chanson de Noël.
Notre préférence ira bien sûr à la mouture électrifiée
de la formation pour laquelle on a envie de citer un
rapprochement avec le this
is hardcore du sus cité Pulp,
groupe avec lequel l’auteur interprète partage
d’ailleurs une certaine similitude vocale.
A
cet exercice de bipolarité entre rock anglais et
chanson française, Jerôme
Attal ne fait pas mouche à chaque titre, loin
s’en faut. L’album gagnerait d’ailleurs à notre
sens à améliorer une production qui accroît ici un
certain nasillement de l’artiste. Il gagnerait aussi
en un resserrement autour des chansons pop/rock vraiment
originales, qui n’ont guère d’équivalent dans la
musique francophone actuelle. Quand Jérôme
Attal s’aventure
du côté des pianos et des ballades romantiques, le
cliché point un peu trop rapidement son nez, accompagné
d’une touche de dandysme maniéré, dans lequel
Gainsbourg a déjà fait tout ce qui était
objectivement admissible. Pour ces parties de l’album,
on se raccroche au talent d’écriture de son auteur et
on attend la plage suivante, espérant qu’elle nous amène
son lot de pop française. Elle s’exécute parfois,
mais pas toujours. Comme un amour qui naitrait, non pas
sur un coup de foudre, mais sur une lente ascencion du
sentiment.
Denis
Verloes
Tracklist
:
01.
Comme elle se donne
02.
Laisse-moi devenir ton homme
03.
Demain sans importance
04.
La prémonition
05.
La théorie des nuages
06.
Le monstre sous la palissade
07.
Quand tu ne m'aimeras plus
08.
Le pays des filles qui sentent bon
09.
Le jeune homme changé en arbre
10.
Au plaisir
11.
La chanson de noël
Durée
: 47'01
Date
de sortie : 10/10/2005
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Clip
de comme
elle se donne réalisé par Frédéric Taddéi
Un
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perso de Jérôme Attal
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