musique

Jerôme Attal - Comme elle se donne

Roy music/Discograph

[3.0]

 

 

Autant le dire tout de suite, on a plongé direct dans l’univers littéraire de Jerôme Attal, plus connu jusque là –si on peut dire- pour des collaborations moyennement recommandables, avec Florent Pagny ou pire Cerena (toi, tù… la traduction c’est lui !), mais aussi avec Daran, Vendetta  et Jane Birkin. C’est qu’ Attal arrive dans son écriture, à toucher l’amour banal, trivial, le quotidien le plus ballot pour en retirer une moelle, une nourriture textuelle qui transfigure l’habituel, le banal et les sentiments aussi simples que l’envie d’être avec une femme, sans idéalisation aucune du sentiment ou de l’être aimé… Pas d’esthétisme ni d’allégorie. Non juste, une envie ! Et en chanson française, on en trouve peu qui ne sombrent pas, à cet exercice, dans un second degré ironique ou une vacuité adolescente. C’est du côté de Jarvis Cocker et de Pulp qu’on ira trouver les référents littéraires les plus proches. S’arrêter un instant sur le juste banal de chacun et de chaque jour, pour en tirer des histoires universelles.

 

Entouré de Frédéric Rouet aux claviers et à la programmation, de Mathieu Zazzo aux basses et guitares et de Cyrille Fournel aux batteries et compléments de programmation, l’auteur met ses titres en musique. Et les références évidentes de la formation ainsi constituée sont à aller chercher du côté de la musique anglo-saxonne : ils citent d’ailleurs Joy Division, Roxy Music ou Nick Cave en interview. Oscillant entre pop/rock électrifiées un peu sombres et tradition orchestrale d’une certaine chanson française, le groupe supporte les petites histoires de son auteur. La formation s’avère d’ailleurs plus efficace, originale, dans le registre du pop/rock à l’anglaise: comme elle se donne, laisse-moi devenir ton homme, le pays des filles qui sentent bon, demain sans importance portés par une guitare mutine et une batterie enlevée, que dans les parties plus ronronnantes, à claviers, « à la française » où brillent seules quelques pépites telles la chanson de Noël.  Notre préférence ira bien sûr à la mouture électrifiée de la formation pour laquelle on a envie de citer un rapprochement avec le this is hardcore du sus cité Pulp, groupe avec lequel l’auteur interprète partage d’ailleurs une certaine similitude vocale.

 

A cet exercice de bipolarité entre rock anglais et chanson française, Jerôme Attal ne fait pas mouche à chaque titre, loin s’en faut. L’album gagnerait d’ailleurs à notre sens à améliorer une production qui accroît ici un certain nasillement de l’artiste. Il gagnerait aussi en un resserrement autour des chansons pop/rock vraiment originales, qui n’ont guère d’équivalent dans la musique francophone actuelle. Quand Jérôme Attal  s’aventure du côté des pianos et des ballades romantiques, le cliché point un peu trop rapidement son nez, accompagné d’une touche de dandysme maniéré, dans lequel Gainsbourg a déjà fait tout ce qui était objectivement admissible. Pour ces parties de l’album, on se raccroche au talent d’écriture de son auteur et on attend la plage suivante, espérant qu’elle nous amène son lot de pop française. Elle s’exécute parfois, mais pas toujours. Comme un amour qui naitrait, non pas sur un coup de foudre, mais sur une lente ascencion du sentiment.

 

Denis Verloes

 

Tracklist :

01. Comme elle se donne

02. Laisse-moi devenir ton homme

03. Demain sans importance

04. La prémonition

05. La théorie des nuages

06. Le monstre sous la palissade

07. Quand tu ne m'aimeras plus

08. Le pays des filles qui sentent bon

09. Le jeune homme changé en arbre

10. Au plaisir

11. La chanson de noël

Durée : 47'01

Date de sortie : 10/10/2005

 

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Nouvelles du bonhomme parues dans  www.revuebordel.com

Clip de comme elle se donne réalisé par Frédéric Taddéi

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