musique

Ginger Ale - Daggers Drawn

Crazy car driver/Discograph

[3.0]

 

 

Second opus d’un groupe qui a connu toutes les velléités des formations contemporaines: auteur d’un single indé fort réussi happy house repris à Siouxsie, qui a ouvert aux Orléanais les portes de l’île par delà la Manche ; le groupe se voit rendre son contrat sur l’autel de la rentabilité de son label d’origine. La sympathie d’Etienne Daho n’y peut rien. Comme si cet impitoyable passage par les lois du marché n’était pas suffisant, le duo d’alors se voit amputé de Jonathan Chaoul, qui décide de s’en aller voir ailleurs. Stéphane Bertrand reprend le flambeau seul sur son propre label, et s’entoure d’une Angèle David-Guillou déjà interprète sur quelques titres du premier album, ici omniprésente comme voix du duo de jadis essentiellement instrumental.

 

On garde une certaine nostalgie pour le premier album laid back galerie, où le mélange entre musique électronique et voix éparse faisait mouche. Un album dont on garde le souvenir d’une musique faite à base d’électronica un brin 80’s fraîche et orientée dancefloor soft, parce que jeune et sans prétention. On a lu quelque part que, sur scène, le groupe musclait son propos à la guitare ; ceci expliquant sans doute la plus prégnante part accordée à la guitare, sinon en terme de présence au moins en mise en avant sonore. Une évolution plus pop donc, colorée aux années 80’s, forcément pas si éloignée du revival rock qui inonde la presse musicale en ce moment. Mais ici souvent traité de manière douce, presque calme ou apaisée (cf. love is the answer) et faisant la part belle aux cordes vocales mises très/trop en avant.

 

Et à ce titre, Ginger Ale réussit l’exercice de proposer un album dans l’air du temps, chargé de petites morceaux efficaces, mélange d’atmosphère et de mélodies simples, charmeurs, bien (sur)produits, où la voix très Dubstarienne d’Angèle se pose souvent comme un oiseau charmant, tandis que l’électronique semble devenir un élément de soutien et non la raison d’être de l’ensemble qu’est daggers drawn. C’est sans doute aussi une volonté de séduire le public "popophile" qui amène un duo un peu dispensable pourtant, avec la voix grave de Michaël Furnon en goguette de Mickey 3D.

 

On reconnaît la valeur de l’exercice de composition/production et l’évident travail des musiciens pour parfaire les écrins et les arrangements des petits morceaux de pop music assez universels (aussi parce que chantés en anglais). Pourtant l’album peine à s’inscrire durablement dans nos neurones et on se plait à croire que les morceaux les plus réussis sont au final ceux où le charme aérien de la voix de la chanteuse se mêle à l’électronique en de longues plages d’atmosphères, comme sur le très beau heat wave, de loin le morceau le plus réussi de l’album, et ses princes consorts I want to sea the sea ou strange.

On trouve dans ces quelques titres une patte propre et suffisamment d’identité pour sauver l’album de la fatigue que peut provoquer l’écoute multiple et croire au futur radieux de Ginger Ale nouvelle mouture.

 

Denis Verloes

 

Tracklist :

01. The Rules of the Market

02. Out of the Blue

03. Sleep Well

04. Un été dans le vent

05. Heat Wave

06. Portrait of a Young Man

07. Un peu après minuit

08. Dreams of Floating

09. Love Is the Answer

10. I Want to See the Sea

11. Strange

 

Durée : 42'

Date de sortie : février 2006

 

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